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Contre la pression de la Chine, le dalaï-lama affirme que son successeur sera choisi par sa fondation
information fournie par Reuters 02/07/2025 à 10:31

par Krishna N. Das

Le dalaï-lama a déclaré mercredi qu'il se réincarnerait et que son institution à but non lucratif serait la seule habilitée à identifier sa réincarnation, contrecarrant ainsi l'insistance de la Chine à choisir le successeur du guide spirituel bouddhiste tibétain.

Le dalaï-lama, qui fêtera ses 90 ans dimanche, s'est exprimé au cours d'une semaine de célébrations marquant son anniversaire. Ses déclarations mettent fin aux spéculations de ses millions d'adeptes quant à l'existence d'un autre dalaï-lama après sa mort.

La succession du lauréat du prix Nobel de la paix est aussi chargée en enjeux géopolitiques stratégiques et devrait être suivie de près par les États-Unis, l'Inde et la Chine.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a réaffirmé mercredi que Pékin devait approuver l'identité du successeur et que cela devait se faire en Chine selon un rituel vieux de plusieurs siècles.

Pékin considère le dalaï-lama, qui s'est réfugié en Inde en 1959 après l'échec d'un soulèvement contre le pouvoir chinois, comme un séparatiste.

Le dalaï-lama a déjà affirmé que son successeur naîtrait hors de Chine et a exhorté ses disciples à rejeter toute personne choisie par Pékin. Les années précédentes, il avait également averti qu'il était possible qu'il n'y ait pas de successeur du tout.

"J'affirme que l'institution du dalaï-lama continuera", a déclaré le dalaï-lama dans un message vidéo adressé à un rassemblement à Dharamshala, une ville située au pied de l'Himalaya, dans le nord de l'Inde, auquel assistaient plus de 100 moines en robe marron, des journalistes du monde entier et des sympathisants de longue date, dont la star hollywoodienne Richard Gere.

Il a ajouté que le Gaden Phodrang Trust, l'organisation à but non lucratif qu'il a créée pour maintenir et soutenir la tradition et l'institution du dalaï-lama, est seul habilité à reconnaître sa future réincarnation en consultation avec les chefs des traditions bouddhistes tibétaines.

"Ils doivent donc mener à bien les procédures de recherche et de reconnaissance conformément à la tradition passée... personne d'autre n'a le pouvoir d'interférer", a déclaré le dalaï-lama.

La tradition tibétaine veut que l'âme d'un moine bouddhiste de haut rang se réincarne dans le corps d'un enfant à sa mort.

Né le 6 juillet 1935 sous le nom de Lhamo Dhondup dans une famille de fermiers de l'actuelle province de Qinghai, le 14ème dalaï-lama a été identifié comme une telle réincarnation alors qu'il n'avait que deux ans.

Il est aujourd'hui considéré comme l'une des figures religieuses les plus influentes du monde, dont les adeptes vont bien au-delà du bouddhisme, et a reçu le prix Nobel de la paix en 1989.

PAS D'INSTRUCTIONS SUR LA SUCCESSION

Samdhong Rinpoche, un haut responsable du Gaden Phodrang Trust, a déclaré aux journalistes que le dalaï-lama était en bonne santé et qu'il n'avait pas encore donné d'instructions écrites concernant la succession.

Il a précisé que le successeur pouvait être de n'importe quel sexe et que sa nationalité ne serait pas limitée au Tibet.

La Chine affirme que ses dirigeants ont le droit d'approuver le successeur du dalaï-lama, en vertu d'un héritage de l'époque impériale. Un rituel de sélection, au cours duquel les noms des réincarnations possibles sont tirés d'une urne en or, remonte à 1793, sous la dynastie des Qing.

Les autorités chinoises ont déclaré à plusieurs reprises que la réincarnation du dalaï-lama devait être décidée conformément aux lois nationales qui décrètent l'utilisation de l'urne d'or et la naissance des réincarnations à l'intérieur des frontières de la Chine.

Penpa Tsering, président du gouvernement tibétain en exil en Inde, a déclaré que le dalaï-lama serait disposé à se rendre au Tibet si son état de santé le permettait et s'il n'y avait pas de restrictions de la part de la Chine.

Il a aussi affirmé que les États-Unis avaient levé certaines restrictions sur les fonds destinés aux Tibétains en exil et que le gouvernement tibétain cherchait d'autres sources de financement.

Les États-Unis, qui doivent faire face à la concurrence géopolitique croissante de la Chine, ont déclaré à plusieurs reprises qu'ils s'engageaient à défendre les droits des Tibétains. Des parlementaires américains ont déclaré qu'ils ne permettraient pas à la Chine d'influencer le choix du successeur du dalaï-lama.

(Reportage par Krishna N. Das et Shivam Patel; avec la contribution de Tanvi Mehta; version française Florence Loève, édité par Blandine Hénault)

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