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Colombie: l'ex-président Uribe condamné à 12 ans d'assignation à résidence
information fournie par AFP 02/08/2025 à 00:10

L'ancien président colombien Alvaro s'adresse à la presse à la fin de son procès à Bogota le 10 février 2025 ( AFP / Raul ARBOLEDA )

L'ancien président colombien Alvaro s'adresse à la presse à la fin de son procès à Bogota le 10 février 2025 ( AFP / Raul ARBOLEDA )

L'ancien président colombien Alvaro Uribe a été condamné vendredi à douze ans d'assignation à résidence pour entrave à la justice et subornation de témoins, devenant le premier ex-chef de l'Etat condamné et privé de liberté en Colombie.

Ce responsable politique de droite âgé de 73 ans, qui fut à la tête de son pays de 2002 à 2010, s'est ainsi vu infliger la peine maximale prévue pour de telles charges à l'issue d'une audience à laquelle il a pris part de manière virtuelle.

Il s'est en outre vu interdire d'exercer toute fonction publique pendant plus de huit ans et devra s'acquitter d'une amende équivalant à environ 837.000 dollars.

Alvaro Uribe a de son côté annoncé qu'il faisait appel de cette décision, que sa défense considère comme politisée et prise sous la pression de la gauche au pouvoir.

La juge, Sandra Heredia, lui a à cet égard donné jusqu'au 13 août pour présenter ses arguments.

- "Immédiatement" en vigueur -

Elle a revanche souligné que la sentence prononcée vendredi entrait "immédiatement" en vigueur afin de l'empêcher de tenter de s'y "soustraire" en quittant son pays.

"Justice à genoux!", "juge corrompue!", ont crié une trentaine de personnes devant le palais de justice de Bogota tandis que le parti Centre démocratique que dirige l'ancien chef de l'Etat a appelé à manifester le 7 août pour défendre "un homme innocent".

Alvaro Uribe avait été reconnu coupable lundi d'avoir tenté de faire pression sur des témoins pour éviter d'être associé aux milices d'extrême droite ayant livré une guerre sanglante aux guérillas, dans le premier procès visant un ancien président colombien.

Des partisans de l'ex-président colombien Alvaro Uribe se rassemblent devant le tribunal où est attendue une décision de justice, le 28 juillet 2025 à Bogota ( AFP / Raul ARBOLEDA )

Des partisans de l'ex-président colombien Alvaro Uribe se rassemblent devant le tribunal où est attendue une décision de justice, le 28 juillet 2025 à Bogota ( AFP / Raul ARBOLEDA )

Il était également poursuivi pour fraude procédurale.

Au début de l'audience de vendredi, la juge Sandra Heredia avait protesté contre la fuite dans les médias du jugement - dont elle a ultérieurement fait officiellement la lecture -, affirmant que l'un des fils de M. Uribe y avait contribué.

"Je proteste avec énergie contre le traitement infligé à mes enfants. Vous m'avez traité de la pire des manières. Je vous ai respectée mais je n'accepte pas que vous mêliez de ma famille" à ceci, s'était emporté l'ancien président, interrompant l'intervention de la magistrate. "Pouvez-vous vous taire, Monsieur Uribe?", lui avait rétorqué cette dernière.

Quelques heures avant de connaître la sentence, le leader de la droite colombienne avait déclaré sur le réseau social X qu'il trouvait refuge auprès de ses proches et "essentiellement dans la prière".

Cette décision de justice n'est que la partie émergée de l'iceberg concernant d'autres enquêtes qui relient l'ex-chef de l'Etat aux escadrons d'extrême droite, responsables de nombreux crimes contre des civils pendant le conflit armé.

L'enquête contre Alvaro Uribe avait commencé en 2018 et a connu de nombreux rebondissements, plusieurs procureurs généraux ayant cherché à classer l'affaire.

Son procès, ouvert en mai 2024 et diffusé en direct par les médias colombiens, a vu défiler plus de 90 témoins. Il a été très suivi à moins d'un an de la prochaine présidentielle, prévue pour mai 2026.

- Plainte contre le président -

Alvaro Uribe demeure une figure clé de la scène politique en Colombie, où il exerce une grande influence sur la droite, dans l'opposition depuis que le premier président de gauche, Gustavo Petro, a pris ses fonctions en 2022 dans ce pays.

Il était arrivé au pouvoir avec un discours radical promouvant la "sécurité démocratique" alors que ce pays sud-américain était plongé dans un conflit sanglant entre guérillas, paramilitaires et forces étatiques.

Le président colombien Gustavo Petro au palais San Carlos à Bogota, le 16 juillet 2025 ( AFP / Luis ACOSTA )

Le président colombien Gustavo Petro au palais San Carlos à Bogota, le 16 juillet 2025 ( AFP / Luis ACOSTA )

Les avocats d'Alvaro Uribe ont par ailleurs dit vendredi dans un communiqué avoir déposé une plainte contre Gustavo Petro pour "harcèlement et diffamation" devant une commission de la Chambre basse habilitée à enquêter sur les dirigeants.

Ils affirment que le président a porté cette semaine des accusations infondées contre M. Uribe, l'accusant de crimes tels que le trafic de drogue.

Tout avait commencé en 2012: Alvaro Uribe avait accusé devant la Cour suprême le sénateur de gauche Ivan Cepeda d'avoir ourdi un complot pour le lier à tort à des groupes paramilitaires impliqués dans le long conflit armé colombien.

Cette juridiction a décidé de ne pas poursuivre M. Cepeda et s'est plutôt penchée sur les accusations pesant sur M. Uribe, soupçonné d'avoir contacté d'anciens combattants emprisonnés pour qu'ils mentent en sa faveur.

1 commentaire

  • 05:23

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