
( AFP / BERTRAND GUAY )
L'écart entre les taux d'emprunt français et allemand sur les marchés a atteint mardi son plus haut niveau depuis 2012, signe des craintes croissantes des investisseurs sur le vote du budget et l'avenir du gouvernement.
Le rendement des emprunts de l'Etat français à dix ans ressortait à 3,05% vers 17H20 GMT et son équivalent allemand était à 2,18%.
L'écart, appelé "spread", s'élève donc à 0,87 point de pourcentage, du jamais vu depuis 2012.
Or, cet écart de taux "constitue un indicateur de choix pour mesurer la confiance accordée à la France face à l'Allemagne et à ses perspectives" économiques, explique John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud.
"En cause, le projet de loi de finances, rejeté à l'Assemblée, a commencé son examen en séance publique au Sénat", a-t-il poursuivi.
Un vote solennel au Sénat est prévu le 12 décembre.
Puis sept députés et sept sénateurs tenteront de trouver un compromis sur le budget lors d'une commission mixte paritaire (CMP). S'ils y parviennent, la version finale du texte semble promise au 49.3 à son retour devant les députés, et donc à une motion de censure examinée autour du 20 décembre.
Pour les marchés, "la question est de savoir si le Rassemblement National (RN) s'abstiendra lors du vote de confiance ou non", explique Marine Mazet, stratégiste taux chez Nomura.
"Les partis du centre et de la droite vont voter pour Michel Barnier, le Nouveau Front Populaire (NFP) contre, et le RN se retrouve faiseur de roi", prédit-elle.
"La situation politique française pose problème" et "avec la pression que met le RN sur le gouvernement", une "motion de censure apparaît être une issue de plus en plus probable pour les marchés", abonde Aurélien Buffaut, gérant obligataire de Delubac AM.
Dans ce contexte, savoir "combien de compromis Barnier va faire et combien cela va coûter" est source d'inquiétude pour les investisseurs, résume Marine Mazet.
Si le gouvernement tombe fin décembre, "l'instabilité politique et fiscale s'aggravera à un moment où il n'y aura que peu de liquidités sur les marchés, ce qui pourra donner lieu à des mouvements exacerbés", a détaillé la stratégiste.
L''Allemagne fait certes aussi face à une crise politique, alors que la coalition d'Olaf Scholz a explosé début novembre. Mais le pays "a, contrairement à la France, des marges de manœuvre budgétaire conséquentes, ce qui permet de ne pas effrayer les marchés", explique Mabrouk Chetouane, responsable de la stratégie de marché de Natixis IM.
La France a, elle, rendez-vous vendredi avec l'agence de notation Standard and Poor's qui doit livrer son verdict concernant la note du pays.
Cette notation survient au moment où Paris fait toujours l'objet d'une procédure pour déficit excessif auprès de la Commission européenne.
Avec un déficit public en net dérapage, attendu cette année à 6,2% du produit intérieur brut selon Bruxelles, la France affiche la pire performance des Vingt-Sept à l'exception de la Roumanie, et reste très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l'UE.
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