Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Avantage fiscal contre "égalité devant l'impôt" : le retour de la Fifa à Paris se heurte au Conseil constitutionnel
information fournie par Boursorama avec Media Services 28/12/2023 à 17:41

Créée dans la capitale française en 1904, la Fédération internationale de football a déménagé à Zurich en 1932 et y a localisé son siège principal depuis 2007.

Gianni Infantino, président de la FIFA, en 2020, à Vienne (Autriche) ( AFP / JOE KLAMAR )

Gianni Infantino, président de la FIFA, en 2020, à Vienne (Autriche) ( AFP / JOE KLAMAR )

C'est un sérieux obstacle au retour à Paris du siège de la Fifa: le Conseil constitutionnel a censuré jeudi l'avantageux régime fiscal octroyé aux fédérations sportives internationales dans le budget 2024, invoquant l'égalité devant l'impôt.

Porté par le député Renaissance Mathieu Lefèvre, un amendement retenu dans la version finale de la loi de finances prévoyait d'exonérer d'impôt sur les sociétés et de plusieurs cotisations (CFE, CVAE) ces fédérations pour "leurs missions de gouvernance du sport ou de promotion de la pratique du sport".

Cet amendement prévoyait également une exonération d'impôt sur le revenu pour les salariés des fédérations sportives internationales domiciliés en France pendant cinq ans.

Si l'amendement ne mentionnait jamais nommément la Fédération internationale de football (Fifa), c'est bien la principale instance qui semblait concernée par ce dispositif.

Mais en prévoyant d'accorder ces avantages fiscaux "au seul motif" qu'une fédération sportive internationale était "reconnue par le Comité international olympique" (CIO), "le législateur n’a pas fondé son appréciation sur des critères objectifs et rationnels en fonction du but qu’il s’est proposé", ont tranché les Sages.

"Par conséquent, le Conseil constitutionnel censure comme méconnaissant le principe d’égalité devant les charges publiques l’article 31 de la loi déférée", compliquant un retour du siège de la Fifa à Paris.

Malgré ce revers pour le camp présidentiel, les Sages ont validé l'essentiel de la loi de finances, jugeant que sa procédure d'adoption avait bien été conforme à la Constitution, et que les prévisions économiques sur lesquelles elle repose sont sincères.

"Cadeau fiscal"

Créée dans la capitale française en 1904, la Fifa a déménagé à Zurich en 1932 et y a localisé son siège principal depuis 2007.

L'amendement rejeté jeudi par les Sages avait déjà été supprimé lors de l'examen au Sénat du projet de budget pour 2024.

Mais le gouvernement, qui avait choisi de faire passer sans vote le projet de loi de finances en recourant à l'article 49.3 de la Constitution, l'a rétabli dans la version finale du texte, définitivement adopté à quelques jours de Noël.

Lors des débats au Sénat, l'élu LR Francis Szpiner avait dénoncé un "cadeau fiscal démesuré, incompréhensible, scandaleux et pour tour dire obscène", le sénateur communiste Pascal Savoldelli dénonçant pour sa part un avantage "indécent" octroyé aux fédérations sportives internationales.

Le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, avait lui défendu une disposition fiscale qui "s'inscrit dans une stratégie globale" pour faire de la France une "nation sportive", et souligné que cet avantage ne concernerait pas les activités "lucratives" de la Fifa ou d'une autre fédération.

Dans leur communiqué de presse, jeudi, les Sages ont également estimé que l'affectation de l'épargne réglementée (Livret A, LDDS...) au financement de l'industrie de défense n'avait pas sa place dans une loi de finances, sans exclure pour autant l'adoption d'une telle mesure dans un autre texte.

Onze autres "cavaliers législatifs" - des dispositions ne relevant pas des lois de finances - ont été retoqués par le Conseil constitutionnel. Parmi ceux-ci figure l’article 208 du budget "concernant la sécurisation de l’extraction des déchets des Mines de potasse d’Alsace et l’article 233 relatif à la création de pôles d’appui à la scolarité".

"La censure de ces différentes dispositions ne préjuge pas de la conformité de leur contenu aux autres exigences constitutionnelles. Il est loisible au législateur, s’il le juge utile, d’adopter à nouveau de telles mesures" par un autre vecteur qu'une loi de finances, concluent les Sages.

2 commentaires

  • 28 décembre 19:17

    Dans le Pays de l'impôt et de la taxe à tous les étages ça fait désordre cet avantage fiscal


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des manifestants réunis à New York pour demander la libération de Mahmoud Khalil, le 12 avril 2025  ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / David Dee Delgado )
    information fournie par AFP 21.06.2025 02:29 

    Figure clé des manifestations propalestiniennes sur le campus de l'université Columbia, Mahmoud Khalil a été libéré vendredi soir après plus de trois mois de détention sur ordre d'un juge américain qui s'est dressé contre l'administration Trump. "Trump et son administration ... Lire la suite

  • Une Iranienne brandit le portrait du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, pendant une manifestation anti-israélienne à Téhéran le 20 juin 2025 ( AFP / - )
    information fournie par AFP 21.06.2025 01:42 

    Israël a estimé samedi avoir "retardé d'au moins deux ou trois ans la possibilité" pour l'Iran de disposer de la bombe atomique, Téhéran refusant toute reprise des négociations nucléaires avec les Etats-Unis avant l'arrêt des frappes israéliennes contre son territoire. ... Lire la suite

  • Israël-Iran : une aubaine pour la Russie ?
    information fournie par France 24 21.06.2025 00:00 

    En ce moment le monde a les yeux rivés sur ce qui se passe au Moyen Orient entre Israël et l’Iran. Mais d’autres guerres sont également toujours en cours dont en Ukraine. Vladimir Poutine y poursuit son offensive, tout en proposant de jouer les médiateurs entre ... Lire la suite

  • Un homme prend des photos des dégâts dans un magasin après des pillages et de violentes manifestations à Changuinola, au Panama, le 20 juin 2025 ( AFP / DANIEL SANTOS )
    information fournie par AFP 20.06.2025 22:56 

    Le gouvernement du Panama a décrété vendredi l'état d'urgence dans une province touchée par des violences et pillages, suspendant notamment les libertés de réunion et de circulation, sur fond de contestation sociale dans le pays depuis plusieurs semaines. La mesure ... Lire la suite