
( AFP / GUILLAUME SOUVANT )
"Les volumes de voitures électriques produits actuellement (en Europe) sont 40 à 45% en deçà de ce qui avait été prévu, et c’est pareil aux Etats-Unis", selon Laurent Favre, directeur général de OPmobility.
Malgré l'interdiction prochaine des ventes de moteurs thermiques en Europe, prévue en 2035, les ventes des voitures électriques patinent. Les constructeurs automobiles remettent ainsi en avant leurs modèles à essence, selon l'équipementier automobile OPmobility (ex-Plastic Omnium), à qui ce rebond profite en tant que fabricant de réservoirs.
Le 23e équipementier mondial a résisté au premier semestre à la faiblesse du marché automobile avec un bénéfice net stable et un chiffre d'affaires en légère hausse (+2,1%), selon les chiffres publiés mardi 23 juillet.
Fournisseur de Volkswagen, Stellantis et Mercedes, notamment, OPmobility doit faire preuve de "prudence et d'agilité" face à des ventes d'électriques moins bonnes qu'espéré, a souligné Laurent Favre, directeur général du groupe aux 43.000 salariés. "Les volumes de voitures électriques produits actuellement (en Europe) sont 40 à 45% en deçà de ce qui avait été prévu, et c’est pareil aux Etats-Unis", a souligné le dirigeant mardi lors d'une rencontre avec des journalistes.
"On ne peut pas forcer les gens à acheter des voitures qu'ils ne peuvent pas se payer"
"Les capacités mises en place ne sont pas utilisées à plein chez nos clients mais aussi chez nous. Ca nécessite d'adapter notre capacité dans les usines concernées", notamment en faisant appel à des intérimaires, a-t-il expliqué. "Il y a un regain d'activité des constructeurs pour relancer des moteurs à combustion, et un regain dans les hybrides rechargeables, notamment aux Etats-Unis", a indiqué Laurent Favre. "Ca nous va bien, puisqu'on est le leader des réservoirs de carburant".
Laurent Favre partage l'avis du patron de Renault Luca de Meo, qui demande plus de souplesse dans l'interdiction des ventes de moteurs thermiques en Europe, prévue en 2035. "On a toujours dit qu'il fallait une approche plus pragmatique. On ne peut pas forcer les gens à acheter des voitures qu'ils ne peuvent pas se payer", a souligné Laurent Favre. Mais il ne faut pas que l'Europe redresse la barre "trop tard", car "on est en train de détruire une industrie", selon le dirigeant.
Autres mobilités
Le chiffre d'affaires d'OPmobility a atteint 5,4 milliards d'euros au premier semestre, porté par les Etats-Unis, avec une montée en cadence de sa production de modules (pièces invisibles à l'intérieur de la carrosserie) pour Tesla à Austin (Texas). Les analystes d'Oddo BHF ont salué mardi des résultats meilleurs qu'attendus, et rares dans une saison difficile pour les équipementiers en général. Ils expriment "une gestion solide et, dans un contexte si incertain, la priorité donnée au contrôle des coûts et à la flexibilité". L'action gagnait 7,58% à 9,90 euros peu avant la clôture à la Bourse de Paris.
En Europe, le principal marché du groupe, l'activité est restée stable malgré la baisse de la production automobile, grâce au lancement de la fabrication de pièces de carrosserie en Espagne pour des véhicules utilitaires Stellantis. En Chine, le groupe recule (-14,2%) avec l'électrification du marché. Mais il compte rebondir en séduisant les nouveaux géants de l'automobile comme BYD.
Un contexte incertain
Le résultat net semestriel est stable, à 100 millions d'euros, freiné par une augmentation des frais financiers liée à la hausse des taux d’intérêt, mais aussi par des coûts de réorganisation. La marge opérationnelle s'améliore de 0,3 point sur un an, à 4,3% du chiffre d'affaires, portée par les activités historiques comme les pare-chocs ou les réservoirs. Celles-ci permettent au groupe de continuer à investir dans les nouvelles activités comme les réservoirs à hydrogène et l'éclairage, selon Laurent Favre.
Dans ce contexte incertain, OPmobility confirme viser pour 2024 une amélioration de "tous ses agrégats financiers" (marge opérationnelle, résultat net, flux de trésorerie disponible et dette nette) par rapport à 2023. A horizon 2030, l'équipementier compte réaliser 20 à 30% de son chiffre d'affaires dans d'autres types de transport que la voiture. "Le marché de la voiture particulière, en croissance quasiment ininterrompue depuis que je suis tout petit, plafonne probablement", les grandes villes étant de plus en plus fermées à ce mode de transport, a observé Laurent Favre. Face à la faiblesse du marché européen, certains des fournisseurs du groupe "qui n'ont pas une empreinte globale" mettent déjà la clé sous la porte, a-t-il averti.
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