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Au procès Péchier, une anesthésiste "dévastée" par l'arrêt cardiaque de ses patients
information fournie par AFP 20/10/2025 à 18:34

Croquis d'audience du procès de Frédéric Péchier, ancien médecin anesthésiste accusé d'avoir empoisonné 30 patients, dont 12 sont morts, le 8 septembre 2025 à Besançon ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Croquis d'audience du procès de Frédéric Péchier, ancien médecin anesthésiste accusé d'avoir empoisonné 30 patients, dont 12 sont morts, le 8 septembre 2025 à Besançon ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Autrefois "pétillante", elle a quitté la clinique "dévastée" après l'empoisonnement présumé de sept de ses patients: le "lourd tribut" payé par une ancienne collègue de Frédéric Péchier, qu'il aurait en outre voulu évincer, a été au centre des débats lundi devant la cour d'assises du Doubs.

Avant cette affaire, l'anesthésiste Colette Arbez - qui n'a pu venir témoigner elle-même, du fait de son état de santé - "était pétillante, un rayon de soleil", puis "petit à petit on a vu le soleil s'éteindre", a raconté l'infirmière Martine Moel.

Se reprochant des "erreurs" ayant conduit à sept drames, cette praticienne "rigoureuse" et "très attachée aux patients", selon les soignants, ne s'en remettra jamais. Elle a pris sa retraite pétrie de "honte" et de "culpabilité", selon l'avocate générale Christine de Curraize.

Depuis lundi, la cour se penche sur les arrêts cardiaques subis par trois de ses patients, en 2011 et 2012 - tous ont survécu.

Pour le directeur d'enquête Olivier Verguet, l'accusé Frédéric Péchier les aurait empoisonnés pour pousser Colette Arbez vers la sortie: "je ferai ce qu'il faut pour la faire partir", avait-il glissé à un collègue.

Il aurait même conseillé à sa consoeur, qu'il avait croisée à la clinique alors qu'elle était en fin d'arrêt maladie, de ne pas revenir - conseil qu'elle n'avait pas suivi. Le lendemain, jour de son retour au bloc opératoire, un de ses patients faisait un arrêt cardiaque.

Selon l'enquêteur, Colette Arbez estimait que Frédéric Péchier était "âpre au gain", et les deux anesthésistes "ne s'entendaient pas très bien".

Après les drames, Colette Arbez avait été retirée des salles d'opération et assignée en fin de carrière aux consultations. Frédéric Péchier et deux autres collègues s'étaient réparti ses "blocs plus rémunérateurs", remarque le policier.

L'accusé était "particulièrement odieux" avec sa collègue, a témoigné l'infirmière anesthésiste Martine Moel: lors de l'arrêt cardiaque d'un patient du Dr Arbez, "on avait l'impression qu'il était au spectacle. Il nous regardait nous agiter dans tous les sens, comme si ça lui faisait plaisir".

"C'est un ressenti que vous réinventez aujourd'hui", lui oppose l'avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer: "avec tout ce qui se passe, les gens ont tendance à en rajouter".

Une autre anesthésiste de la clinique avait en revanche estimé que Frédéric Péchier "ne disait jamais de mal de Colette" et qu'il "avait proposé de l'aider".

L'accusé de 53 ans doit répondre de 30 empoisonnements de patients, dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017. Il a toujours clamé son innocence et comparait libre. Le verdict est attendu le 10 décembre.

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