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A Moscou, le président syrien Al Charaa assure qu'il respectera les accords passés avec la Russie
information fournie par Reuters 15/10/2025 à 15:44

par Vladimir Soldatkin, Andrew Osborn et Suleiman Al-Khalidi

Le président syrien Ahmed al Charaa a dit mercredi à son homologue russe Vladimir Poutine qu'il honorerait tous les accords passés entre Damas et Moscou, un engagement suggérant la pérennité des deux principales bases militaires russes en Syrie.

Ahmed al Charaa, ancien combattant d'Al-Qaïda et leader des factions rebelles qui ont renversé Bachar al Assad, allié de Vladimir Poutine, en décembre dernier, effectue cette semaine sa première visite en Russie depuis son arrivée au pouvoir.

"Des relations bilatérales et des intérêts communs nous lient à la Russie, et nous respectons tous les accords conclus avec elle. Nous travaillons à redéfinir la nature des relations avec la Russie", a déclaré mercredi le président syrien, qui s'exprimait en arabe, à Vladimir Poutine au Kremlin.

Répondant à son homologue syrien, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie était prête à faire tout ce qui était en son pouvoir pour donner suite aux discussions préliminaires entre les deux parties en ce qui concerne le renouvellement des relations.

Le président russe a également félicité Ahmed al Charaa pour la tenue des élections législatives en Syrie plus tôt ce mois-ci.

"Je pense que c'est un grand succès pour vous, car cela conduit à la consolidation de la société, et malgré le fait que la Syrie traverse actuellement des moments difficiles, cela renforcera néanmoins les liens et la coopération entre toutes les forces politiques en Syrie", a déclaré Vladimir Poutine.

BASES MILITAIRES RUSSES

Le Kremlin a déclaré avant les pourparlers que le sort des deux principales bases russes en Syrie - la base aérienne de Hmeimim dans la province syrienne de Lattaquié et son installation navale à Tartous, sur la côte - serait discuté.

La Russie, qui a des intérêts économiques et énergétiques en Syrie, que Moscou souhaite sécuriser, a également une présence militaire à l'aéroport de Qamichli, dans le nord-est du pays, près des frontières de la Turquie et de l'Irak.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré lundi que Moscou estimait que Damas souhaitait le maintien des bases militaires en Syrie.

Sergueï Lavrov a également évoqué l'idée d'utiliser ces bases comme plateformes logistiques pour acheminer de l'aide à l'Afrique, par voie maritime et aérienne.

Une source syrienne a confié à Reuters avant les pourparlers que les responsables syriens cherchaient à garantir que Moscou n'aidera pas les forces restantes de Bachar al Assad à se réarmer.

Ahmed al Charaa espère également que la Russie pourra également aider la Syrie à reconstruire son armée, a déclaré la même source.

UNE VISITE DÉLICATE

La visite d'Ahmed al Charaa en Russie est délicate, Moscou ayant militairement soutenu Bachar al Assad pendant de nombreuses années pour faire face aux rebelles syriens.

Bachar al Assad, qui a fui la Syrie avec sa famille peu avant la prise de pouvoir des forces rebelles dirigées par Ahmed al Charaa, s'est réfugié en Russie, qui lui a accordé l'asile.

Il vit depuis lors à Moscou avec sa famille, selon les médias russes.

Ahmed al Charaa profitera ainsi des pourparlers avec Vladimir Poutine pour réclamer officiellement la livraison de Bachar al Assad pour qu'il soit jugé pour des crimes présumés contre des Syriens, ont déclaré deux sources syriennes à Reuters.

Il est peu probable que la Russie, qui s'enorgueillit de pouvoir protéger ses alliés étrangers, accepte de remettre Bachar al Assad à Damas.

Lundi, Sergueï Lavrov a déclaré que la Russie avait donné refuge au président-déchu syrien car sa vie était menacée.

Ahmed al Charaa, qui espère obtenir des concessions économiques de la part de la Russie, notamment sur la reprise des livraisons de blé à des conditions favorables et des compensations pour les dommages de guerre, devrait également faire pression pour obtenir le soutien de Moscou afin de résister aux demandes israéliennes d'élargissement de la zone démilitarisée dans le sud de la Syrie.

Il pourrait aussi soulever la question du redéploiement de la police militaire russe en tant que garant contre de nouveaux empiétements israéliens, a déclaré l'une des deux sources.

Le Kremlin a déclaré qu'il ne s'attendait pas à ce que Vladimir Poutine et Ahmed al Charaa tiennent une conférence de presse à l'issue de leurs entretiens.

(Reportages Vladimir Soldatkin et Andrew Osborn à Moscou ; Suleiman Al-Khalidi et Ahmed Elimam et Tala Ramadan ; rédigé par Andrew Osborn ; version française Etienne Breban ; édité par Blandine Hénault)

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