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À Douai, l’ancien carmel revit en résidence intergénérationnelle
information fournie par Le Figaro 08/10/2023 à 07:00

Au terme d’un chantier titanesque, l’ancien Carmel de Douai cédé à l’association Habitat & Humanisme, accueille désormais 37 logements destinés à des seniors, des familles monoparentales et des jeunes.

Pour l’association Habitat et Humanisme qui œuvre contre le mal-logement depuis 32 ans à travers le pays, le projet qui vient d’être inauguré à Douai (Nord) est une parfaite illustration de son activité. Cet ensemble de 37 logements du T2 au T3 est le fruit d’un travail acharné s’étalant sur une décennie et qui n’aurait jamais pu voir le jour sans la mobilisation simultanée de nombreux bénévoles, de salariés de l’association et des collectivités locales. Il doit permettre d’accueillir en un même lieu avec l’aide d’une douzaine de bénévoles et de deux salariés des seniors, mais aussi de jeunes salariés, des familles monoparentales, des étudiants et des demandeurs d’emploi.

L’idée de cette transformation est née il y a dix ans, lorsque par le jeu des connaissances communes, la route de sœur Renée-Marie croise celle du père Bernard Devert. La première est la prieure du carmel de Douai qui ne compte plus que quelques sœurs âgées prêtes à quitter les lieux et le second est un ancien promoteur immobilier qui a fondé l’association Habitat & Humanisme peu de temps avant d’être ordonné prêtre. «Les carmélites sont cloîtrées mais elles se sont montrées particulièrement ouvertes avec une grande intelligence de cœur incarnée par sœur Renée-Marie» , explique Bernard Devert.

Garder l’esprit du carmel

C’est ainsi que le principe de la vente des lieux à l’association est rapidement acté. Et si les collectivités locales, avec le maire de Douai, Frédéric Chéreau en tête, adhèrent rapidement au projet d’habitat inclusif porté par l’association, les obstacles ne vont pas manquer après le départ des carmélites en 2015. Car si le bâtiment en brique rouge du carmel remontant à 1844 peut sembler simple dans ses volumes et sa structure, il a fallu tout refaire comme en attestent les photos et les 6,5 années nécessaires à l’étude du projet. C’est ainsi que les fondations ont dû être recréées par pieux, les murs renforcés avec du béton pour soutenir les planchers, la toiture remplacée et rehaussée... Seuls les murs extérieurs sont d’origine.

«C’est un bâtiment très sobre, construit avec une économie de moyen, résume l’architecte Benoît Sailly, de l’agence Perrissin & Sailly, maître d’œuvre du projet. Mais tout en reconnaissant que la qualité architecturale des lieux n’est pas exceptionnelle, l’architecte des bâtiments de France a tenu à ce que nous respections l’esprit du carmel dans ce projet.» Une mission parfaitement remplie, en gardant l’arbre du jardin, les volumes du carmel, et surtout en conservant et en magnifiant l’idée du cloître. «Le bâtiment était fermé sur la ville et tourné vers l’intérieur, explique Benoît Sailly. Et avec un jeu de coursives, nous avons désormais trois cloîtres superposés.» La réalisation est, certes, contemporaine mais l’esprit est bien là.

Ces coursives ne présentent en effet que des intérêts: elles prolongent sur 2,5 mètres les logements d’un bâtiment étroit (seulement 5,5 mètres de large) et permettent aux habitants de s’y rencontrer, d’échanger, ce qui est essentiel pour un bâtiment de ce type. Et pour mieux conserver l’esprit du carmel, les vitraux de la chapelle ont été mis en beauté et en lumière avant d’être installés sur les coursives tandis que les cloches d’origine qui avait été déposées ont été réinstallées dans un nouveau clocheton. Au terme de deux ans et demi de travaux pour un coût de 4,6 millions d’euros HT, ces 37 logements (de 44 à 77 m²) accessibles aux handicapés, une salle commune avec cuisine et deux bureaux pour l’association Habitat et Humanisme (soit 2160 m² habitables) ont vu le jour. L’opération globale, quant à elle, a coûté 7 millions d’euros, financés à 36% sur fonds propres issus d’investisseurs solidaires, 23% de dons et subventions et 41% de prêts à taux bonifiés.

«Clinique de la dignité»

Désormais, selon le souhait du maire de Douai, les lieux s’appellent «Les jardins du carmel» ce qui évoque à Bernard une citation de l’écrivain et poète François Cheng: «A un jardin, nécessaire est la clôture pour que le lieu devienne lien et le temps attente» . Le lieu qui fait lien: une thématique essentielle pour l’association Habitat et Humanisme. «Ici, nous accueillons des locataires de 1 an à 85 ans dans un ensemble véritablement intergénérationnel, se félicite Bernard Devert. La question du vieillissement va se poser de manière toujours plus aiguë et la réponse ne pourra pas passer exclusivement par les Ehpad.» Avec les équipes locales d’Habitat et Humanisme Nord-Pas de Calais, il se félicite qu’un projet d’une ampleur rare pour une résidence de ce type débouche sur une belle aventure humaine. Un endroit où les aînés peuvent enrichir les plus jeunes de leur expérience, de leur point de vue et réciproquement, une véritable «clinique de la dignité» , selon lui. Des cliniques qu’il est urgent de continuer à faire essaimer à travers le pays.

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