Un parking à un million de dollars, signe de la bulle immobilière de Hong Kong

information fournie par Le Figaro •24/10/2019 à 17:47

Un parking à un million de dollars, signe de la bulle immobilière de Hong Kong (Crédits photo : Unsplash - NeONBRAND )

DÉCRYPTAGE - La récente transaction à 970.000 dollars ressemble à un chant du cygne. La folle inflation des places de stationnement devrait bientôt se calmer, comme celle des logements.

Malgré un ralentissement de son économie après plus de cinq mois de crise politique, Hong Kong enregistre encore des transactions immobilières records. C'est ainsi qu'un acheteur vient de débourser près d'un million de dollars pour une place de parking. Cette somme faramineuse souligne les profondes inégalités financières au sein de la société hongkongaise, où un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, ce qui a contribué à alimenter la colère des manifestants.

Cette place de stationnement à 7,6 millions de dollars hongkongais, soit 970.000 dollars, représente trente fois le salaire moyen annuel à Hong Kong. Elle est située dans The Centre, le cinquième plus haut gratte-ciel de la ville, qui avait fait la une des journaux il y a deux ans après avoir été vendu pour le montant record de plus de 4,5 milliards d'euros, devenant l'immeuble de bureaux le plus cher du monde.

330.000 dollars de plus-value en 9 mois

Mais cette transaction pourrait aussi signer un pic des excès sur ce marché des places de stationnement devenu ultra spéculatif. L'an dernier, un couple de Hong Kongais a ainsi empoché une plus value de 330.000 dollars en revendant sa place de parking pour 760.000 dollars, 9 mois seulement après l'avoir achetée. Les analystes locaux avaient montré en 2017 que sur les 12 dernières années, les prix des parkings avaient progressé plus vite que ceux des appartements, alors que Hong Kong se partage avec Monaco le titre de ville la plus chère du monde... Une hausse de 270%!

Les signaux semblent cependant virer au rouge sur ce marché où la place moyenne a atteint le prix record de 290.000 dollars l'an dernier. Les experts estiment qu'avec le ralentissement économique, certains habitants commenceront à se débarrasser de leur voiture pour faire des économies. Fin 2018, le volume de ventes mensuelles de parking était d'ailleurs à son point le plus bas en trois ans. Cette spéculation serait aussi le résultat des mesures gouvernementales visant à éviter la surchauffe de l'immobilier résidentiel. Au début du mois, une étude UBS classait encore Hong Kong comme la troisième ville dans le monde présentant le plus fort risque de bulle immobilière (derrière Munich et Toronto). Mais les tarifs commencent à s'assagir: les spécialistes tablent sur une baisse de 10 à 15% cette année.

Les autorités ne devraient donc pas tarder à se pencher sur le marché des places de stationnement pour éviter sa surchauffe. Reste que l'offre de places de parkings est structurellement déficitaire dans la péninsule. Avec un parc automobile qui progresse toujours, Hong Kong compte désormais moins de places de stationnement que de voitures (alors qu'il en faudrait idéalement 1,8 fois plus).