Le chantier du Village des JO en est à la phase des travaux intérieurs. Visite sur place pour découvrir quelques-uns de ses équipements qui deviendront ensuite des bureaux et des logements.
C’est une course contre la montre lancée il y a quelques années déjà. À Saint-Denis, les constructeurs du Village olympique n’ont plus que quelques mois pour mener à bien leur mission quelles que soient les contraintes et déconvenues de dernière minute. L’un d’eux, Vinci immobilier (Nexity-Eiffage et Icade-Caisse des dépôts réalisant pour leur par d’autres secteurs), nous a ouvert les portes de son chantier pour un dernier point d’étape avant la remise des clés, dans 170 jours, aux organisateurs de Paris 2024 qui vont gérer les derniers aménagements et équipements du site pour les athlètes et leurs délégations.
« C’est forcément une fierté de travailler sur un projet aussi unique qu’un village olympique , souligne Vincent Louvot, directeur de département aménagement et grands projets urbains chez Vinci. D’autant que celui-ci au-delà de recevoir 6000 athlètes pendant les Jeux permet de recycler une friche urbaine qui accueillera dès 2025 près de 3000 nouveaux habitants et 3500 salariés. » Le chantier du constructeur qui a mobilisé jusqu’à 1200 ouvriers s’articule autour de la halle Maxwell (le bâtiment tout en longueur) et du pavillon Copernic (plus réduit, il hébergeait en son temps les ingénieurs du site.) Ces deux bâtiments qui ont été entièrement réhabilités incarnent le passé industriel du site. Avec ses 18 cheminées ( voir le tableau du peintre Paul Signac ), l’endroit accueillait au début du 20e siècle une centrale électrique à charbon qui alimentait le métro parisien.
Aucune cuisine dans les chambres
La halle Maxwell, longue de 220 mètres accueillera notamment le centre de fitness au rez-de-chaussée ainsi que des chambres d’athlètes et des bureaux d’athlètes. Et ensuite? En mode «héritage» comme le veut la terminologie officielle, car tous ces locaux ont été conçus avec deux séries de plans en ne perdant jamais de vue leur destination finale, ce sont des services du ministère de l’Intérieur qui occuperont ce vaste site dont le rez-de-chaussée fera office d’espace de restauration.
Une rapide visite des futures chambres d’athlètes illustre parfaitement ce principe du mode «héritage». Par souci d’optimisation de l’espace, les appartements ne comportent aucune cuisine. Toute la restauration sera assurée dans l’immense Cité du cinéma voisine. En revanche, il a fallu installer énormément de cloisons pour créer de petites chambres pouvant recevoir chacune deux lits simples à chaque fois. Et aussi énormément de salles de bains. Les cloisons sont donc toutes démontables tandis que les salles de bains installées dans de futurs bureaux sont préfabriquées en un seul bloc et seront retirées après les Jeux (en passant par la façade où il faudra réaliser une ouverture). Quant aux salles de bains en surnombre installées dans de futurs logements, elles sont entièrement démontables et/ou recyclables.
Baisse des prix
«Tout le chantier a été conçu pour respecter la destination finale des lieux et avec un maximum de sobriété» , explique Cyril Després, directeur territorial chez Vinci. Véritable laboratoire, ce chantier a permis à Vinci de mettre en œuvre un béton ultra-bas carbone (qui émet 2,5 fois moins de CO 2 que le béton bas carbone) pour les planchers d’un immeuble de bureaux ou encore de faire certifier de nouveaux mix de matériaux pouvant habiller la façade d’un bâtiment à ossature bois . Pas moins de 10% des matériaux de construction utilisés doivent être issus du réemploi (des portes en bois, du carrelage, des moquettes notamment) et surtout les trois quarts de ce qui sera retiré du Village après les Jeux devront être réutilisés ou recyclés. Le vrai défi pour réutiliser, par exemple, les blocs de salle de bains sera de synchroniser leur dépose avec une réinstallation immédiate sur un autre site. Une logistique rendue possible par des plateformes virtuelles qui recensent en temps réel les disponibilités et les besoins, ce qui permet d’éviter un long stockage sur une plateforme logistique ainsi que des transports superflus.
Malgré tout cet enthousiasme et ces prouesses, ce chantier hors norme est rattrapé par la conjoncture morose de la construction neuve. La commercialisation de la première tranche de 100 logements sur 174, lancée il y a trois mois n’a suscité pour l’instant qu’une quinzaine de réservations. Chez Vinci immobilier, on estime qu’il s’agit là d’une performance tout à fait satisfaisante, tout en reconnaissant que la demande se concentre sur les plus petits budgets. Le groupe reconnaît d’ailleurs avoir fait baisser ses tarifs de 2% pour répondre, au moins partiellement, à la hausse du coût du crédit. Et la situation n’est pas plus facile pour les bureaux: les 11.000 m² de l’immeuble Bokken attendent leur premier locataire.
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