INFO LE FIGARO - Une enquête OpinionWay pour Alkemics réalisée en deux temps - avant la pandémie puis en septembre - montre que l'intérêt des consommateurs pour les emballages réutilisables ou recyclables a faibli.
Vrac, consigne, emballages recyclables... Les alternatives aux emballages plastiques traditionnels sont nombreuses et de plus en plus présentes dans les commerces. Pourtant, la part de consommateurs français attirés par ces modes de conditionnement des aliments reste relativement faible et a même reculé depuis le début de la crise sanitaire. C'est ce que montre une étude menée avant la pandémie, qui était censée être publié en mars, et qui a finalement été réactualisée en septembre pour observer si la crise sanitaire avait exercé une influence.
Selon cette enquête réalisée par OpinionWay (*) pour Alkemics, plateforme dédiée au commerce et à la digitalisation des relations entre fournisseurs et distributeurs, en septembre seuls 9% des Français souhaitaient à l'avenir acheter des produits contenus dans un emballage réutilisable. Ils étaient plus nombreux - 14% - en mars, signe que la pandémie de Coronavirus est passée par là. En ce qui concerne les bouteilles en verre par exemple, désormais 22% des sondés souhaiteraient consommer de l'eau plate en bouteille en verre à l'avenir, contre 33% avant le début de la crise sanitaire. En miroir, les consommateurs interrogés sont désormais plus nombreux à souhaiter continuer d'utiliser des bouteilles en plastique à l'avenir (44%) qu'avant la crise (38%). Les emballages recyclables ont également été victimes de la crise : en septembre, 37% des sondés déclaraient vouloir privilégier les produits emballés dans un matériau recyclable, contre 42% avant la crise sanitaire.
La peur d'être contaminé par le virus joue sur le choix de l'emballage
On le voit, la crise sanitaire a quelque peu entamé les bonnes résolutions des Français en matière d'emballages. La peur d'être contaminé par un aliment exposé à l'air libre y a largement contribué. « Par exemple, les Français ont favorisé l'achat de légumes sous emballage, alors que ce sont des produits qu'on achète traditionnellement en vrac », illustre Marie-Eve Laporte, experte du comportement alimentaire du consommateur et maître de conférences à l'IAE-Paris Sorbonne. « C'est irrationnel, mais les consommateurs peuvent s'imaginer que le virus a contaminé l'aliment par l'air, » explique-t-elle. Pour preuve, l'étude montre qu'en février 2020, 52% des Français optaient pour des céréales en vrac, tandis qu'en septembre, ils n'étaient plus que 34%.
L'explosion du «drive» a également réduit les possibilités de se tourner vers des emballages réutilisables, alternatifs au plastique. « Avec cette pratique, il est devenu plus difficile d'acheter des liquides en bouteilles consignées ou des produits fragiles dans de simples sachets en kraft, » pointe Florence di Nicola, directrice marketing d’Alkemics. La quantité d'emballages a même augmenté « pour protéger les aliments au maximum pendant le transport .»
L'utilité de l'emballage et son prix, des facteurs déterminants
Autre frein aux nouveaux emballages, plus structurel celui-là : pour 77% des sondés, l'emballage a une utilité car il donne des informations sur le produit. Ingrédients, allergènes, matières grasses, méthodes de conservation et de préparation « sont autant d'éléments dont le client a besoin, » rappelle Florence Di Nicola. Or forcément, sur les contenants réutilisables, il n'y a plus d'étiquette, donc plus de précisions sur la nature du produit. « La solution serait de digitaliser ces informations et de les rendre accessibles sur un site ou une application prévus à cet effet », propose-t-elle.
Un autre facteur qui explique ce rejet des emballages réutilisables est le prix des produits destinés à ces contenants. « Les magasins qui mettent à disposition des aliments en vrac sont généralement des magasins bio . Or ces produits sont plus chers que ceux issus de l'agriculture non biologique, » souligne Marie-Eve Laporte. Ce ne sont donc pas tant les emballages alternatifs au plastique qui coûtent plus cher, que les produits eux-mêmes.
Une tendance de fond favorable au réutilisable et au recyclable existe tout de même chez de nombreux consommateurs, cependant l'offre proposée par les industriels n'est pas encore suffisamment adaptée, analyse l'experte. Et avec le reconfinement, le choix d'emballages non réutilisables a de grandes chances de repartir à la hausse.
(*) Enquête réalisée à partir d'un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogées par questionnaire auto-administré en ligne les 17 et 18 décembre 2019, puis à partir d'un échantillon de 1045 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogées par questionnaire auto-administré en ligne les 2 et 3 septembre 2020.
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