Selon le comparateur Assurland, la hausse des prix dans l'assurance automobile pour les 18-25 ans - les plus touchés par les accidents - pourrait atteindre 18 % en moyenne. (StockSnap / Pixabay )
Les assureurs s'étaient engagés, en septembre, à maintenir l'augmentation moyenne des tarifs en dessous de l'inflation, qui était de 6,2% sur un an en novembre. Mais pour certains profils, que ce soit pour l'assurance habitation ou l'assurance auto, la hausse est bien plus importante.
Lisa, qui préfère rester anonyme, est « doublement mécontente » . En plus de la suppression du mois offert sur son assurance auto dont elle avait pu bénéficier en 2022, le montant va bondir de près de 22% en 2023. Une hausse qui contraste avec la promesse du secteur de modérer les tarifs.
« J'ai appelé Groupama et ils m'ont dit ne rien pouvoir faire, que c'était une hausse généralisée pour tous les clients liée à l'inflation et aux coûts de réparation des véhicules » , témoigne auprès de l'AFP cette femme de 35 ans qui n'a pourtant pas connu d'accident en 2022.
Le prix des réparations a augmenté de 10% en un an
Les prix de la réparation ont bel et bien augmenté, de plus de 10% entre l'été 2021 et l'été 2022 selon diverses études. Mais le secteur s'était engagé en septembre, notamment auprès du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à maintenir l'augmentation des tarifs en moyenne en dessous de l'inflation, qui était de 6,2% sur un an en novembre. « Nous nous conformerons aux demandes de Bercy » , a répondu à l'AFP Groupama, sans fournir de chiffre précis.
La Macif a indiqué que « l'augmentation des tarifs devrait être en moyenne deux fois moins importante que l'inflation » , tandis que la Maif a communiqué sur une hausse de 2% pour l'assurance auto et de 4,5% pour l'habitation, avec un gel pour les moins de 30 ans dans ce dernier cas.
Pour autant, difficile d'avoir une vue d'ensemble. « Maintenant, les assureurs ne disent plus rien » , déplore Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures, qui estime l'augmentation moyenne pour 2023 entre 3% et 5% pour l'automobile, mais au-delà pour l'habitation, surtout dans les zones les plus exposées aux risques climatiques.
Une hausse plus importante pour les plus jeunes
Selon Assurland, comparateur d'assurance en ligne, la hausse des tarifs en 2023 devrait être « modérée » , de l'ordre de 2,5% à 3% pour l'habitation et de 3% à 3,5% pour l'automobile. Mais ces moyennes cachent de fortes divergences, comme l'illustre le cas de Lisa. Le comparateur a par exemple évalué la hausse des prix dans l'automobile pour les 18-25 ans - les plus touchés par les accidents - à 18%, alors qu'ils paient déjà leur assurance bien plus cher.
Une augmentation à rebours du discours sur l'aide aux populations fragiles, lorsque les assureurs se targuaient en septembre de proposer une ristourne de 100 euros sur les contrats auto pour les chômeurs de moins de 25 ans. Cependant, « cela a toujours fonctionné comme cela » , rappelle Olivier Moustacakis, cofondateur d'Assurland.
Inciter certains clients à résilier ?
Ainsi, pour les assureurs qui « veulent se défaire de certains profils » , deux possibilités : résilier le contrat, ce qui peut représenter un coût réputationnel, ou augmenter « de façon très importante le tarif pour enclencher une résiliation de la part de l'assuré» , explique-t-il.
C'est d'ailleurs ce qu'a fini par faire Laurence Fuchs, retraitée, lorsqu'elle s'est aperçue que l'assurance habitation de sa mère allait passer de 564 euros par an à 683. « Ils m'ont répondu que c'était normal » , raconte celle qui regrette de ne pas avoir eu plus d'explication de la part de Generali, et se demande si le fait d'avoir eu un important dégât des eaux a pu jouer.
Contacté par l'AFP, l'assureur indique que « 80% à 90%» des clients auront des hausses inférieures à l'inflation mais qu'il peut effectivement y avoir des cas particuliers selon l'ancienneté du client, le nombre de ses contrats et l'existence d'un sinistre récent ou non.
La zone géographique est un autre facteur discriminant : l'Île-de-France, puis la région Paca, sont les deux zones les plus chères, à la fois en auto et en habitation, du fait d'une sinistralité plus importante sur la route, mais aussi pour les cambriolages ou les aléas climatiques, souligne Assurland. Et si la profession a promis de modérer les tarifs, cela pourrait ne pas durer. « Il va y avoir des hausses inévitablement violentes » , explique M. Chartier-Kastler, estimant que les assureurs avaient jusqu'à présent des réserves « sous le pied ».
« Mais entre l'inflation et l'augmentation des catastrophes naturelles - 2022 devrait être la pire année pour la France - les assureurs n'ont pas d'autres choix, à moyen terme, que de répercuter le coût sur le consommateur » , estime-t-il.
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