(Crédits photo : Unsplash - Hermes Rivera )
Après la déferlante du bio, les innovations du moment allient chasse à l'ultra-transformation, ingrédients cultivés localement, aides pour cuisiner soi-même et produits gourmands.
Ce samedi s'ouvre le Sial 2022, le salon international de l'alimentation. Plus de 400 000 produits alimentaires seront présentés par 7 000 exposants au Parc des Expositions de Paris Nord ! Après quatre ans d'absence pour cause de pandémie, l'événement reste un observatoire privilégié des nouvelles habitudes de consommation des Français. Tour d'horizon des principales tendances du moment.
- La végétalisation de l'alimentation. Après la vague du bio qui a porté la croissance des produits de grande consommation jusqu'à fin 2020, le végétal est la grande déferlante de ces dernières années . Lors du concours Sial Innovation, un produit présenté sur quatre jouait sur cette promesse du végétal. À savoir des produits sans protéines animales, donc a priori meilleurs pour la santé, et pour la planète. Comme le substitut de viande Leggie, primé à l'occasion du salon, à base de caroube et de farine de riz. Ou encore l'ersatz de yaourt Soon du groupe Olga (ex Triballat Noyal) à base d'épeautre ou de chanvre. « S'il y a un vrai intérêt du consommateur pour le remplacement de la viande, cela ne veut pas dire que tous les produits de substitution sont vraiment meilleurs, avertit Xavier Terlet, fondateur du cabinet ProtéinesXTC, spécialisé dans le conseil en innovation pour les industriels de l'alimentaire . Certains comme les simili viande sont ainsi souvent remplis d'additifs » .
- Chasse à l'ultra-transformation. C'est l'une des habitudes alimentaires dopées par la crise du Covid. Malgré l'inflation, la santé et la naturalité des recettes restent dans les priorités des Français. C'est à dire moins de sucre, de gras, de sel, ou moins d'additifs (controversés ou non). Selon une étude Kantar menée en amont du SIAL, 72% des consommateurs préfèrent acheter des produits sans additifs artificiels. Chez Delpeyrat, qui a retiré les conservateurs dans ses gammes « filière engagée », comme chez de nombreux acteurs de la charcuterie qui ont lancé des gammes « sans nitrites », l'heure est au « clean labelling ». Littéralement, l'« étiquetage propre ».
- La praticité des produits et des aides culinaires . Après les confinements qui ont remis au goût du jour le « fait maison », les Français semblent s'être lassés de cuisiner. Ils sont surtout en recherche d'idées et de facilité dans la préparation de leurs plats. Une tendance soutenue par le télétravail. Les innovations en matière d'aides culinaires se multiplient donc, comme les assaisonnements du danois Uhhmami à la truffe, au bacon ou au poulet, pour agrémenter les recettes. Mais aussi les condiments italiens Terra del Tuono, dont les tomates, les cèpes ou les citrons cristallisés ont été primés au SIAL.
- Le plaisir et la gourmandise . Si les Français ont opté pour une alimentation « santé » ces dernières années - voire pour certains ascétique - la gourmandise reste forte. Selon Kantar, 71% des Français associent ainsi encore le contenu de leurs assiettes au plaisir. La crise du Covid a par ailleurs décomplexé les consommateurs sur les petits plaisirs coupables (c'est à dire de la nourriture occasionnellement un peu trop sucrée, salée ou grasse). « La notion du plaisir dans les innovations est fondamentale, décrypte Xavier Terlet. Même sur un produit naturel ou santé, le consommateur ne suivra que s'il a la réassurance de ce côté plaisir ». C'est le cas la nouvelle confiture Bonne Maman Intense, qui promet 30% de sucres en moins. Mais surtout plus de morceaux et de fruits dans la recette, pour plus de goût.
- Le local. Alors que le chiffre d'affaires du bio en grandes surfaces, pénalisé par le prix, a décroché de plus de 8% au premier semestre de 2022, le local est devenu la grande vague des 18 derniers mois . Souvent plus abordable que les produits issus de l'agriculture biologique, la promesse du produit cultivé près de chez soi rassure le consommateur. Près de 7 sur 10 déclarent ainsi préférer acheter des produits alimentaires de leur région ou d'une zone proche. « Et ce même si certains industriels ont parfois une définition large du local, explique Xavier Terlet, chez ProtéinesXTC. Un yaourt fabriqué dans le Nord de la France pour tout l'Hexagone, peut être ainsi être vendu comme local. C'est un peu trompeur, mais c'est une vraie tendance ».
- Des produits plus abordables. Enfin, et c'est une tendance plus récente, les consommateurs deviennent moins enclins à payer plus pour leurs produits alimentaires. Et ce même si ceux-ci jouent sur les promesses précédemment abordées. En cause: l'inflation en grandes surfaces qui dépasse désormais les 9% sur un an . Ainsi, 14% des Français ne sont pas prêts à payer davantage pour mieux manger selon l'étude Kantar menée pour le Sial, soit 2% de plus qu'avant la crise. « Plus que le rapport qualité/prix, les consommateurs sont désormais attentifs au rapport bénéfice/prix, conclut Xavier Terlet . C'est une vraie nouveauté ».