"Vincent Lambert, ce n'est pas qu'un cas, c'est un être humain, regardez-le !" crie-t-elle en brandissant une photo. "Il dort, il se réveille, il sourit, il suit des yeux, il pleure !" La voix de maître Le Bret-Desaché a tonné, plus forte que toutes celles qui l'ont précédée, sous les plafonds de la très belle salle du contentieux du Conseil d'État. Mais l'avocate des parents de Vincent Lambert peut bien gronder plus fort que ses confrères, elle peut bien surtout raconter cette scène déchirante, Vincent pleurant dans les bras de sa mère, dans sa chambre de l'hôpital de Reims, il y a seulement 48 heures, rien ne parvient à faire oublier l'objectivité glaçante de l'exposé médical qui a précédé. Le rapporteur public Rémi Keller a décliné, longuement, les résultats du rapport des experts et des trois jours d'examens poussés que Vincent a subis, en avril, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Et les conclusions sont sans appel. Son cerveau est atrophié, certaines zones stratégiques sont entièrement détruites, il n'a aucune relation avec l'extérieur et ne donne aucun signe de conscience minimale. De "pauci-relationnel", Vincent est désormais devenu un malade végétatif. S'il pleure, s'il sourit, ses réactions ne sont pas "conscientes" : il est, a dit doucement Keller, "emmuré dans une nuit de solitude et d'inconscience". "La peur d'une mort programmable" Outre l'exposé minutieux de l'état du patient, la démonstration que...
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