La nuit tombée, une curieuse rivière se forme au sommet de la butte Montmartre. « Un torrent de pisse ! » précise Danièle Pélissier, présidente de l'association de défense de Montmartre et du 18e arrondissement (ADDM18). Ce liquide jaunâtre chargé en ammoniaque et houblon file rejoindre les boulevards ceinturant la plus célèbre des collines parisiennes. Au petit matin, des cartons de bière abandonnés par les vendeurs à la sauvette témoignent du trafic nocturne. À défaut de pouvoir s'offrir une pinte à prix décent, touristes et jeunes préfèrent s'enivrer sur les marches menant au Sacré-C?ur. Et ils n'ont qu'à tendre la main pour obtenir, contre deux euros - le prix est négociable -, une mousse brassée aux Pays-Bas. Le tout servi avec le sourire. Ce qui relève de l'exploit à Paris. Mais faute de toilettes publiques, ces amoureux en goguette venus des quatre coins du monde ne se gênent pas pour se soulager en plein air, l'alcool désinhibant. De quoi anéantir toute forme de romantisme.
Le spectacle se répète tous les soirs. À la sortie du métro Anvers, les affamés peuvent s'offrir un épi de maïs grillé sur une vieille conserve rouillée. Les amateurs de jambon-beurre à la provenance douteuse et de crêpes bretonnes caoutchouteuses ont de quoi trouver leur bonheur. Un peu plus loin, les marchands de souvenirs made in China proposent des glaces dites traditionnelles aux colorants forcément artificiels. Au pied du...
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