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La loi Macron creuse les divisions du PS avant son congrès
information fournie par Reuters 18/02/2015 à 19:43

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste sort plus divisé que jamais de la crise politique liée à la loi Macron, à quatre mois d'un congrès interne qui s'annonce aussi orageux que les récents débats entre le gouvernement et une partie de sa majorité.

Pour nombre de socialistes, plus que le texte lui-même, ce sont les manoeuvres engagées en vue de ce rendez-vous prévu du 4 au 7 juin à Poitiers qui ont contraint le gouvernement à passer en force en recourant dans l'urgence à l'article 49-3 de la Constitution sur un projet qui risquait d'être rejeté.

"Hier matin, il leur manquait 5 à 6 voix, qui pouvaient être compensées par quelques voix UDI (centristes-NDLR), mais il y avait un risque. Il suffisait qu'ils s'abstiennent et le texte était rejeté. C'était trop juste", explique-t-on au PS.

Une douzaine de députés UMP et UDI avaient annoncé leur choix de voter la loi Macron, là où une vingtaine de "frondeurs" PS avaient l'intention de voter contre, d'où la décision du Premier ministre Manuel Valls d'exiger l'adoption du projet de loi sans vote, sous peine de voir le gouvernement chuter.

"Je crois qu'ils n'ont pas voulu des voix de la droite", résume un ministre. L'un de ses collègues décrit le Premier ministre comme un homme "pas prêt à jouer à pile ou face".

En engageant la responsabilité de son gouvernement, Manuel Valls a voulu faire montre d'"autorité", mot utilisé sur TF1 mardi soir, tout en prenant à témoin une opinion à ses yeux favorable au projet de loi pour l'activité et la croissance.

"Il y a une majorité parmi les Français pour que ça bouge", a dit le Premier ministre, qui a encore fustigé mercredi à l'Assemblée nationale "l'immobilisme" de ceux "qui n'ont pas compris dans quel monde on vit".

POSTURES POLITICIENNES

Au lendemain de ce passage en force, une responsable socialiste ne décolère pas contre "certains frondeurs" ayant agi par pur calcul politique.

"Honnêtement, il n'y avait pas de quoi voter contre ce texte, qui a été longuement débattu et amendé. Ceux qui l'ont fait l'ont fait uniquement pour jeter un pavé dans la mare dans un contexte de préparation au congrès", dénonce-t-elle.

Comme elle, Juliette Méadel, porte-parole du PS, fustige "certaines postures politiciennes qui écoeurent tout le monde et desservent toute la gauche".

Des accusations rejetées par Pouria Amirshahi, député PS dont l'intention était de voter contre la loi Macron.

"Ceux qui prétendent que notre démarche est liée au prochain congrès du Parti socialiste font beaucoup de tort à l'image du Parti socialiste car ils savent que la fronde a commencé il y a deux ans, quand François Hollande a choisi une autre politique", dit-il.

Pour une responsable socialiste, la victoire des frondeurs sera de courte durée.

"Ils ont réussi à faire le plein, ils sont requinqués certes (...) jusqu'à demain soir", dit-elle, à 24 heures du vote de la motion de censure déposée par la droite, texte n'ayant aucune chance d'être voté par un socialiste sous peine de s'exclure lui-même de sa famille politique.

"Là, les frondeurs sont contents, ils ont réussi leur coup, ils se comptent, ils peuvent s'organiser pour le congrès. En même temps ils sont très divisés, il y a de vraies divergences entre des gens comme Benoît Hamon et Emmanuel Maurel par exemple", explique-t-elle.

A la question de savoir si la fronde socialiste a pu être encouragée par la victoire de la gauche radicale en Grèce et le succès de Podemos en Espagne, Juliette Méadel répond que les frondeurs "savent que l'extrême gauche n'est pas une alternative en France, où c'est l'extrême droite qui fait le plein."

SANCTIONNER LES FRONDEURS?

Après ce coup d'éclat, faut-il sanctionner les frondeurs?

Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, pense que "des propositions seront faites" en vertu de "la solidarité minimale qu'on doit, non pas au gouvernement, mais aux Français."

Un ministre se contenterait pour sa part d'un "rappel à l'ordre et d'un appel à la responsabilité, tout en préservant l'unité des socialistes".

Pour Juliette Méadel, il faudra "au moins ouvrir un débat sur la façon dont on peut accepter ou non la déloyauté dans notre parti. Il faudra poser la question aux militants".

A quatre mois de l'échéance, un responsable socialiste prédit en tout cas un congrès "assez violent, même on n'est pas non plus dans des affrontements idéologiques très profonds".

Alors que pas moins de 27 contributions générales ont été déposées, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, aura selon elle les moyens de "tout ramener à une grosse majorité" face à une minorité de frondeurs.

Un ministre acquiesce: "C'était la configuration du vote d'hier s'il avait eu lieu et celle, prévisible, du congrès. Le 49-3 a cristallisé les positions du congrès tel qu'il se préparait. Donc ça ne change rien, ça fige seulement les choses".

(Avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)

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