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L'alliance Macron-Bayrou fissure les digues à gauche et à droite
information fournie par Reuters23/02/2017 à 17:28

L'ALLIANCE MACRON-BAYROU FISSURE LES DIGUES À GAUCHE ET À DROITE

L'ALLIANCE MACRON-BAYROU FISSURE LES DIGUES À GAUCHE ET À DROITE

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - L'alliance Macron-Bayrou fait sauter un verrou qui empêchait jusqu'à présent une partie des électeurs du Parti socialiste et du centre-droit de se rallier à la candidature de l'ancien ministre de l'Economie à l'élection présidentielle, estiment des acteurs politiques et des analystes.

Les proches de François Fillon, à droite, de Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, à gauche, se sont efforcés jeudi de décrédibiliser cette alliance entre le candidat du mouvement En marche ! et le président du MoDem au lendemain de l'annonce.

Les uns veulent y voir la preuve que François Bayrou, et donc Emmanuel Macron, sont décidément de gauche, les autres que l'ancien ministre de François Hollande penche à droite.

Mais pour le député socialiste Christophe Caresche, un des chefs de file des réformateurs du PS, la décision de François Bayrou de ne pas se présenter pour la quatrième fois et de faire campagne pour Emmanuel Macron est bien "un tournant important".

"Ça crédibilise l'émergence d'une force centrale capable de gagner l'élection présidentielle et peut créer une dynamique bien au-delà de l'addition des intentions de vote des uns et des autres", a-t-il déclaré jeudi à Reuters.

Si la victoire à la primaire de la gauche de Benoît Hamon, candidat de l'aile gauche et frondeuse du PS, n'a pas à ce jour déclenché d'hémorragie d'élus et de cadres socialistes vers "En Marche !" l'alliance Macron-Bayrou pourrait, selon lui, être le signe attendu par beaucoup pour sauter le pas.

"C'est un élément qui doit nous amener à réfléchir sur le soutien qu'on apporte à tel ou tel candidat", dit Christophe Caresche, selon qui ce sera le thème de la prochaine réunion de la quinzaine de députés du pôle réformateur du PS, mardi.

"CENTRISME PLURIEL"

"Cela peut enclencher un mouvement, même au-delà des réformateurs", ajoute Christophe Caresche, selon qui de nombreux "députés lambda ont beaucoup de mal à suivre la stratégie de Benoît Hamon" et manifestent leur insatisfaction.

A droite, l'impact est moins évident, même si là aussi le soutien de François Bayrou à Emmanuel Macron peut faire basculer des indécis, voire des centristes ralliés à François Fillon ou des partisans de son ex-rival de la primaire Alain Juppé.

"Il y a des signes de fragilisation au niveau de l'UDI mais antérieurs à la déclaration de François Bayrou", dit à Reuters le politologue Pascal Perrineau. "De plus en plus d'élus locaux UDI commencent à se tâter et à se rapprocher localement d'En Marche! L'alliance Macron-Bayrou peut contribuer à capitaliser ce mouvement, ça peut libérer quelque chose."

Une figure du centre, qui tient à garder l'anonymat, juge pour sa part François Bayrou trop détesté à droite pour que sa décision déclenche une hémorragie massive.

"Ce qui était peut-être imaginable entre Macron et une partie de la droite et du centre est fini, maintenant qu'il y a Bayrou au milieu", estime-t-il.

Pour le professeur de sciences politiques et ex-eurodéputé Jean-Louis Bourlanges, la démarche d'Emmanuel Macron et François Bayrou permet néanmoins d'envisager "pour la première fois une remise en cause de l'équilibre bipolaire droite-gauche".

"Jamais la France n'a ressenti à ce point le besoin d'être gouvernée au centre, malgré la montée des populismes d'extrême droite et d'extrême gauche", a-t-il dit à Reuters.

"Il y a dans cette alliance l'espoir d'un centrisme pluriel", ajoute-t-il en référence à la "gauche plurielle" qui gouverna entre 1997 et 2002. "Le grand avantage (...) est de permettre l'émergence d'une majorité de gouvernement cohérente."

"COUP DE VIEUX" ?

Un vieux rêve des centristes français et de François Bayrou, qui a en quelque sorte passé le relais à Emmanuel Macron.

Leur alliance consolide aussi la constitution d'un pôle très pro-européen susceptible de rallier nombre de partisans d'une Europe forte. Les marchés financiers, inquiets dernièrement de la course en tête de la candidate du Front national, Marine Le Pen, dans les intentions de vote, ne s'y sont pas trompés.

Ils ont salué mercredi l'annonce de François Bayrou par une hausse de l'indice CAC40 à la Bourse de Paris, une progression de l'euro et une diminution sur le marché obligataire de l'écart de taux entre la dette souveraine française et le Bund allemand à 10 ans. Evolution confirmée à l'ouverture jeudi.

Toutefois, si le président du MoDem apporte à l'ex-banquier de 39 ans une expérience et une maturité que ses détracteurs lui reprochent de ne pas avoir, la médaille a un revers.

"Ce qu'on ne mesure pas encore, c'est si le ralliement de Bayrou ne donne pas un coup de vieux à la campagne d'Emmanuel Macron ?" souligne Pascal Perrineau.

Selon lui, il pourrait se révéler plus compliqué pour l'ex- ministre de l'Economie d'incarner le renouveau, surtout si "En Marche !" rallie une flopée de notables du PS et du centre blanchis sous le harnais, dans les semaines qui viennent.

Le soutien de François Bayrou à Emmanuel Macron est en tout cas la dernière pièce du puzzle et un élément de clarification attendue, avant l'entrée de la campagne dans le vif du sujet.

"Maintenant il va falloir traiter du fond. Là, les lignes vont encore bouger", prédit Pascal Perrineau.

(Edité par Yves Clarisse)

11 commentaires

  • 23 février19:33

    En fin de compte…plus on en connait sur l’ensemble des candidats, moins on a envie de voter pour EUX…que nous reste t’il ?...l’abstention en restant peinard chez soi et en comptant les points devant la TV…se déplacer pour se donner bonne conscience et voter blanc pour manifester son dégoût des actuels politicards + ou - mafieux…ou peut être mieux encore : LA CORDE !... ;-)))


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