Peut-on parler "d'islamophobie" ? Malgré la récente flambée d'actes violents à l'encontre de personnes musulmanes ou supposées l'être, de nombreux responsables politiques, à commencer par Manuel Valls, refusent d'employer ce terme. Le Premier ministre préfère parler "de racisme anti-musulman". Cette expression maladroitement composée est une offense à la linguistique, car les musulmans ne constituent pas une race. Pourquoi, dès lors, refuser d'employer le mot "islamophobie" au point de lui substituer un terme inexact ? Derrière cette approximation volontaire se cache une querelle sur l'art et la manière de distinguer le rejet de la critique politique de l'islam.Pour ses détracteurs, comme la journaliste Caroline Fourest, le mot "islamophobie" serait un hold-up intellectuel, une confusion insidieuse propagée par les artisans d'un islam radical, représenté, par exemple, par Tariq Ramadan. En utilisant ce mot bouclier, toute critique de l'islam - y compris ses manifestations extrêmes - pourrait ainsi facilement être récusée. À l'inverse, les défenseurs du mot, tels les journalistes Edwy Plenel et Claude Askolovitch, considèrent que les contorsions linguistiques de leurs adversaires ne servent qu'à minimiser la haine ordinaire subie par tous les musulmans.Un mot, plusieurs réalitésEn 2012, l'écrivain Salman Rushdie expliquait, lui aussi, que "l'islamophobie [...] est un mot qui a été inventé récemment pour protéger une communauté....
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