Comme chaque matin depuis près de trente ans, Patrick se lève aux aurores. À 4 h 30, il est déjà fidèle au poste, entre Les Deux Magots et la boutique Louis Vuitton, dans son petit coin du boulevard Saint-Germain. Une camionnette blanche se gare sur le trottoir et la journée commence : des dizaines de kilos de papiers à décharger, à porter jusqu'au kiosque et à disposer dans un ordre bien défini, selon la visibilité qu'il choisit de donner à tel ou tel titre. Ce 7 janvier 2015, Patrick arrive même un peu plus tôt. On est mercredi : c'est le jour des premiers hebdos. Le Canard enchaîné, L'Express, Télérama, L'Officiel des spectacles, Pariscope ? Avec ses 2 500 titres, le kiosque de Saint-Germain est le mieux achalandé de Paris, avec celui des Champs-Élysées. Ce matin-là, la une du Figaro propose la « nouvelle stratégie de Sarkozy face à Hollande », accompagnée d'une photo de Houellebecq et « son livre qui dérange ». Libération revient sur la mobilisation des médecins contre la réforme du ministre de la Santé. Le Parisien offre une enquête sur le marché immobilier : « La vérité sur la baisse des prix ». Six Charlie Hebdo traînent sur un présentoir. S'il en vend quatre, ce sera déjà beaucoup.
À 7 heures, le petit monde germanopratin s'éveille : les habitués du Flore et des Deux Magots avalent leur café et les premiers clients passent en coup de vent chercher le...
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