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Avant/après: une maison close mythique se mue en hôtel chic
information fournie par Le Figaro 28/04/2016 à 17:40

EN IMAGES - Au terme d’une rénovation complète, le 10 bis, célèbre maison close parisienne s’apprête à rouvrir en hôtel de 23 chambres pour une clientèle d’affaire. Découvrez ses murs chargés d’histoire.

Au 10bis de la rue du Débarcadère, dans le 17e arrondissement de Paris, c’est la fin d’une époque. Celle de Katia la Rouquine, de la Brigade mondaine, des grands airs d’opéra et des soirées libertines mêlant personnalités et anonymes. C’est en effet là, à deux pas du palais des Congrès de la porte Maillot, qu’a officié pendant des décennies Lucienne Tell, née Goldfarb, plus connue sous son pseudo de Katia la Rouquine. Une tenancière d’hôtel de passes qui a eu son heure de gloire dans les nuits parisiennes, avant de devoir quitter les lieux en 2014, à plus de 90 ans, suite à une mauvaise chute.

Cette histoire, le nouveau maître des lieux, Karim Massoud, n‘en connaissait rien lorsqu’il a racheté la bâtisse voilà près de deux ans. Pour ce multi-entrepreneur qui avait racheté Go Voyages et cofondé le groupe de voyage NG Travel, il s’agissait surtout d’une belle opportunité immobilière pour se lancer dans l’hôtellerie. Ce passionné d’immobilier qui a toujours voulu être propriétaire de son toit comme de ses bureaux est notamment séduit par la situation de l’hôtel, parfaitement adapté à la clientèle d’affaires qu’il vise. Un petit établissement de charme et une clientèle qu’il pourra alimenter avec ses agences de voyages sans oublier son vaste réseau de clients libanais friand de visites parisiennes.

Miroirs au mur ou au plafond, avec ou sans tain

Mais rapidement, le côté rocambolesque des lieux refait surface. Une vraie maison close, toutes fenêtres obturées avec ses ampoules rouges, vertes ou bleues devant les chambres pour indiquer leur état de disponibilité, ses miroirs au mur ou au plafond, avec ou sans tain, son étage pour les activités de groupe, son coin bar...

Et c’est notamment l’assistante de Karim Massoud, Maïté Henry, qui se prend au jeu pour reconstituer le puzzle de cet hôtel et son histoire hors norme. Il est vrai que pour lui faciliter la tâche tout est resté sur place: mobilier dans son jus, ahurissante collection de photos, lettres et même des clichés coquins de la tenancière. Et pour compléter le tableau, elle n’hésite pas à aller interviewer Katia la rouquine dans sa maison de retraite de la région parisienne.

Un vrai personnage de roman, auquel Claude Cancès a d’ailleurs consacré un chapitre dans son livre La Brigade mondaine. Car Katia avait deux passions: la police et l’opéra. Réputée pour la qualité de ses renseignements, elle a souvent bénéficié de protection dans le milieu policier. Et à un moment où a été lancée une chasse aux maisons closes, sa proximité avec Roland Dumas lui a évité bien des tracas. La dame avait aussi ses zones d’ombre: le syndicaliste CGT Henri Krasucki estime que c’est elle qui l’a dénoncé aux autorités avec d’autres résistants en 1943. Et son nom a été évoqué plus récemment dans le cadre de l’affaire Elf.

A la table de la Callas et des Windsor

Quand elle ne s’occupait pas de sa maison, Katia courait le monde pour écouter les plus grands chanteurs d’opéra. Elle a ainsi suivi la Callas et son toupet lui a permis de s’installer à sa table aux côtés des Windsor en occupant sans vergogne la place qui était destinée à un autre lors d’une soirée de gala. Elle s’est ensuite entichée de José Carreras et Placido Domingo, allant jusqu’à créer avec ce dernier un concours international de chant lyrique, Operalia. À en croire Katia/Lucienne c’est toujours Placido Domingo qui finance aujourd’hui sa maison de retraite. Et pour compléter le tableau musical, les murs de son établissement appartenaient à Levon Sayan, l’imprésario de Charles Aznavour, mais aussi de Liza Minelli ou de Mario del Monaco, artiste lyrique qui a donné son nom officiel à la maison close: l’hôtel del Monaco.

Cette histoire foisonnante a finalement poussé Karim Massoud à conserver dans son hôtel quelques petites touches évoquant la vocation initiale des lieux. Le nom, tout d’abord. Après d’interminables débats, c’est finalement «le 10 bis» qui s’est imposé, l’appellation sous laquelle la maison close était connue. Et chaque chambre conserve un (discret) élément de décoration d’origine: des miroirs dorés en forme de soleil notamment.

Une bibliothèque consacrée à Katia la Rouquine

Par ailleurs, l’une des suites aura sa bibliothèque remplie d’ouvrages consacrés à Katia, son histoire et sa passion de l’opéra. Et la chambre où elle résidait, au dernier étage, lui sera évidemment dédiée. Pour le reste, après onze mois de travaux, et un budget global de 9 millions d’euros, c’est un hôtel bon ton assez classique qui va ouvrir ses portes en juin dans ce lieu hors normes. Après restructuration complète et déplacement de la cage d’ascenseur, l’hôtel (quatre étoiles) propose 23 chambres dont les plus grandes comptent une vingtaine de mètres carrés, deux suites, le tout décoré dans des tons taupe, bleu et or par Elsa Joseph. Au rez-de-chaussée, un espace petit-déjeuner se transformera en coin bar pour les clients en journée. Un nouveau départ pour une nouvelle clientèle. Le prix de la nuit: 190 euros.

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