À propos de l'attentat de Nice, Le Monde du 17-18 juillet (dimanche-lundi), sous la plume de Soren Seelow, pose la question de savoir si le tueur est « un sympathisant djihadiste dissimulé » ou s'il a voulu « sublimer son suicide en opération martyre ». La même formule est reprise dans Le Monde du 18 juillet (édition électronique), assortie d'un « opportunément » : « [?] s'il a voulu opportunément sublimer [?] ».
Faux héros ou faux martyr, c'est un vrai tueur, en tout cas, et l'auteur d'un attentat-suicide. Il faut ici prêter attention aux mots et se rappeler qu'il n'y avait guère d'attentats-suicides durant la guerre d'Algérie. Le terme arabe « istichhadi », voisin du terme japonais « kamikaze », mais lié à une religion bien différente, n'est apparu que récemment : il fut forgé dans les années 1985 pour désigner, non pas les simples martyrs, mais les « héros demandeurs de martyre », et brouiller de la sorte la relation entre combattant (« mujahid ») et témoin (« chahid »).
Mourir en donnant la mort, rien de sublime
Tout est clair tant qu'on peut opposer le héros à la victime, comme l'homme qui agit à l'homme qui subit. L'idée de témoin ou de martyr (c'est le même mot en grec) introduit déjà un moyen terme entre le héros et la victime, dans la mesure où le martyr ne se contente pas de subir son supplice, mais l'accepte pour glorifier sans...
1 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer