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Athènes fait des concessions, Berlin résiste
information fournie par Reuters 19/02/2015 à 19:14

LES CONCESSIONS GRECQUES REJETÉES PAR L'ALLEMAGNE

LES CONCESSIONS GRECQUES REJETÉES PAR L'ALLEMAGNE

par Renee Maltezou et Jan Strupczewski

ATHENES/FRANCFORT (Reuters) - La Grèce a présenté jeudi à ses homologues de la zone euro une demande officielle de prolongation de six mois de l'accord d'aide financière, assortie d'importantes concessions de sa part, mais Berlin a immédiatement rejeté sa proposition.

Le ministère allemand des Finances estime qu'elle ne remplit pas les conditions fixées par les partenaires européens de la Grèce dans le cadre du plan de sauvetage du pays en cours et dont le nouveau Premier ministre Alexis Tsipras ne veut plus.

Les ministres des Finances de la zone euro doivent se rencontrer vendredi après-midi à Bruxelles pour étudier la demande grecque, a indiqué le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, laissant espérer un accord pour éviter la faillite de la Grèce et sa sortie de la zone euro.

Mais ces espoirs ont été rapidement douchés par le ministère des Finances allemand, qui a critiqué la lettre envoyée par le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis au président de l'Eurogroupe, lui demandant de prolonger l'accord cadre passé entre le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et la République hellénique et qui expire le 28 de ce mois.

"La lettre d'Athènes ne constitue pas une proposition qui mène à une solution pertinente", a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Finances, Martin Jäger. "En réalité elle s'oriente vers un financement relais, sans remplir les exigences du programme. La lettre ne respecte pas les critères convenus par l'Eurogroupe lundi", a-t-il ajouté.

Le ministre de l'Economie allemand Sigmar Gabriel juge également la proposition grecque insuffisante, tout comme le Premier ministre finlandais Alexander Stubb. "Cette lettre ne peut constituer que le point de départ de discussions", a dit Gabriel, se demandant quelles réformes la Grèce était disposée à entreprendre.

Des différences sont visibles entre la proposition de Yanis Varoufakis de lundi et la dernière, notamment le fait de spécifier que les objectifs budgétaires de 2015 devraient "prendre en compte la situation économique".

La lettre dit aussi que la Grèce a l'intention de mettre en oeuvre "des réformes ambitieuses et d'ampleur" visant à restaurer le niveau de vie des citoyens grecs. Certains points du texte initial de l'Eurogroupe, dont l'engagement de coopérer avec la "troïka" des bailleurs de fonds de la Grèce concernant les réformes de l'emploi et des retraites, n'y figurent plus.

ATHÈNES RÉPLIQUE

Le gouvernement grec a rapidement répliqué à Berlin en déclarant qu'il appartenait aux ministres des Finances de la zone euro d'accepter ou de rejeter sa proposition.

"Le gouvernement grec a soumis à l'Eurogroupe une lettre demandant une prolongation de six mois de l'accord de prêt. L'Eurogroupe n'aura demain que deux choix: accepter ou rejeter la demande grecque", a déclaré un haut fonctionnaire. "On verra alors clairement qui veut une solution et qui n'en veut pas".

Un haut fonctionnaire du gouvernement grec a observé que la Grèce proposait des conditions différentes de celle du programme d'aide qui court jusqu'à la fin du mois.

Athènes s'est engagé à maintenir l'équilibre budgétaire pendant la période de transition, à mettre en oeuvre des réformes pour lutter contre l'évasion fiscale et la corruption, ainsi que des mesures pour répondre à ce qu'Athènes qualifie de "crise humanitaire" et pour relancer la croissance.

Dans le document auquel Reuters a eu accès, la Grèce s'engage à respecter ses obligations financières vis-à-vis de ses créanciers, à reconnaître l'existence du programme de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI) comme cadre légal et à s'abstenir de toute action unilatérale pouvant remettre en cause ses objectifs budgétaires.

Fait décisif, elle accepte que la prolongation soit gérée par la "troïka" composée de la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI, alors qu'Alexis Tsipras s'était juré de couper les ponts avec un triumvirat honni par une bonne partie de la population.

Toutefois, le document n'engage pas la Grèce à atteindre un excédent budgétaire primaire de 3% du PIB cette année, comme il est prévu dans le programme de sauvetage international. Tsipras veut le ramener à 1,5% du PIB pour permettre à l'Etat grec de prendre des mesures sociales et le document se contente d'évoquer "un excédent budgétaire primaire adapté".

Les six mois demandés seraient employés à négocier un accord de reprise et de croissance sur le long terme, incorporant d'autres mesures d'allègement de la dette promises par l'Eurogroupe en 2012.

RISQUES DE CONTAGION LIMITÉS

Dans un tel contexte, l'euro a touché un plus bas du jour à 1,1356 dollar, juste après la réaction hostile de Berlin alors que la Bourse d'Athènes réduisait elle ses gains.

Sans aide financière, la Grèce pourrait rapidement se retrouver à court d'argent car elle sera confrontée dès mars à des échéances de remboursement de créances du FMI.

Dans la soirée de mercredi, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a relevé modestement le plafond du dispositif de fourniture de liquidités d'urgence (ELA) aux banques grecques à 68,3 milliards d'euros, selon une source au fait du dossier, une manière de pousser Athènes à s'entendre rapidement avec ses créanciers.

La BCE avait déjà autorisé la semaine dernière la banque centrale grecque à fournir jusqu'à 65 milliards de liquidités aux établissements de crédit du pays dans le cadre de l'ELA.

Elle a cessé le 5 février d'accepter les obligations grecques comme garantie, reportant la charge du financement sur l'ELA via la banque centrale grecque. Si les fonds de l'ELA s'épuisaient, les banques grecques seraient confrontées à une crise de liquidités qui pourrait réclamer la mise en place d'un contrôle des changes limitant les retraits aux guichets.

L'agence de notation Standard & Poor's a estimé jeudi qu'une sortie de la Grèce de la zone euro s'accompagnerait "presque à coup sûr" d'un défaut de paiement du pays mais ne comporterait qu'un risque limité de contagion directe pour les autres pays de la zone.

Mais pour l'Italie, une sortie de la Grèce affecterait la nature même de la monnaie unique. "Nous devons envoyer un signal montrant que l'euro est irréversible", a déclaré le ministre de l'Economie Pier Carlo Padoan. "Si un pays devait y renoncer cela ne voudrait pas juste dire un pays en moins dans l'union mais la transformation de l'euro en un mécanisme qui peut être démonté."

(Avec George Georgiopoulos et Lefteris Papadimas à Athènes, Adeline Chambers et Noah Barkin à Berlin, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

2 commentaires

  • 19 février 19:14

    Avec un SMIC qui a pris 80% entre 2003 et 2011 (un peu plus de 20% en France) les Grecs ont vécu comme des gagnants du Loto, puis nous ont envoyé la note! La Grèce, avec ces salaires, son absence de produits exportables, ses armateurs et ses Eglises dispensés d'impôts, ne peut pas vivre avec une monnaie forte et Giscard qui les a stupidement fait entrer en UE en 1981 contre l'avis général reconnaît qu'ils doivent partir et il a raison!


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