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28 ans de prison pour le leader d'une cellule djihadiste
information fournie par Reuters23/06/2017 à 06:53

28 ANS DE PRISON POUR LE LEADER D'UNE CELLULE DJIHADISTE

28 ANS DE PRISON POUR LE LEADER D'UNE CELLULE DJIHADISTE

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Une cour d'assises spéciale a condamné tard jeudi soir à Paris le leader de la cellule djihadiste dite de Cannes-Torcy, Jérémy Bailly, à 28 ans de réclusion et huit autres de ses membres présumés à des peines de 12 à 20 ans.

Des peines moins sévères que celles requises par l'avocat général, Philippe Courroye, qui avait demandé des sanctions exemplaires en raison de la dangerosité présumée des prévenus, au terme de ce procès d'une radicalisation ordinaire, prémisses des attentats de 2015 à Paris et des années suivantes.

Il avait ainsi requis la réclusion à perpétuité avec 22 ans de sûreté pour Jérémy Bailly, jugé notamment pour avoir lancé en 2012 une grenade dans une épicerie juive de Sarcelles (Val d'Oise), avec son mentor, Jérémie Louis-Sidney, tué plus tard lors de son arrestation.

L'explosion, atténuée par des caddies, n'avait fait qu'un blessé, un "miracle" selon l'avocat général.

Le troisième homme directement impliqué dans cet attentat, Kévin Phan, d'origine laotienne, 23 ans, converti à l'islam, a été condamné à 18 ans de réclusion.

Lors d'une des dernières audiences, Jérémy Bailly avait chargé Kevin Phan, l'accusant d'avoir lancé la grenade alors qu'il n'était, pour l'accusation, que le chauffeur du commando.

Au total, 17 prévenus comparaissaient et trois autres étaient jugés en leur absence depuis deux mois. Deux mois marqués par six attentats ou tentatives d'attentats en Europe - trois au Royaume-Uni, deux à Paris et un à Bruxelles.

UN GRAND ABSENT

Sur dix accusés déjà détenus, neuf ont été condamnés à des peines de sept à 20 ans. Le dernier est ressorti libre, sa peine étant couverte par sa détention provisoire.

Sept autres prévenus, sous contrôle judiciaire, sont aussi repartis libres. Deux ont été acquittés, les autres condamnés à des peines assorties de sursis avec mise à l'épreuve.

La cour a en revanche prononcé une peine de 20 ans à l'encontre d'un membre du groupe qui avait rejoint les rangs de l'Etat islamique en Syrie et pourrait avoir été tué en 2015, de même qu'à l'encontre d'un deuxième prévenu présumé en Syrie.

Une peine de neuf ans a également été prononcée en son absence à l'encontre d'un prévenu en fuite au Congo-Brazzaville.

Mais le grand absent de ce premier procès du genre en France a été Jérémie Louis-Sidney, abattu le 6 octobre 2012 alors qu'il résistait arme à la main à son arrestation à Strasbourg.

C'est autour de ce trafiquant de drogue, devenu selon les termes de l'accusation un "islamiste fanatique", que gravitaient les membres de cette cellule constituée pour plus de la moitié par des convertis comme lui, animés notamment par "la haine des juifs et des mécréants", selon l'accusation.

Le point de ralliement de ses membres, d'origines sociales très diverses, aujourd'hui âgés de 23 à 33 ans, était pour les uns la salle de prière de Torcy (Seine-et-Marne) et les autres la mosquée Al Medina de Cannes (Alpes-Maritimes).

Le lien s'était constitué en 2012 lors d'un voyage en camping-car organisé par Jérémy Bailly à Cannes, où résidait alors Jérémie-Louis Sidney.

LES LARMES DE BAILLY

Après l'attaque de Sarcelles, le groupe avait envisagé un attentat à l'explosif contre un restaurant McDonald, projet très avancé mais finalement avorté.

Des membres de la branche cannoise avaient rejoint des groupes djihadistes en Syrie, ébauche d'une filière structurée pour les candidats au djihad.

Le démantèlement de la cellule a permis de déjouer un attentat visant des militaires à Canjuers (Var), dans le sud-est de la France, en juin 2013. D'autres actes violents préparés début 2014 par deux membres du groupe de retour de Syrie, Ibrahim Boudina et Abdelkader Tliba, ont également été déjoués.

Trois bombes artisanales à base de TATP, explosif utilisé dans les attentats de novembre 2015, avaient été découvertes dans l'immeuble où se cachait Ibrahim Boudina, condamné à 20 ans.

Jérémy Bailly, délinquant multirécidiviste converti à un islam radical, âgé de près de 30 ans, a prononcé en larmes jeudi matin ses derniers mots avant que les juges constituant la cour se retirent pour délibérer.

Comme pratiquement l'ensemble des 16 autres accusés présents mais seul à lire un papier, il a demandé la clémence du président de la cour et de ses cinq assesseurs.

"J'aimerais savoir ce que vous pensez d'une personne à qui vous ne laissez aucune chance de changer", a-t-il déclaré d'une voix enrouée. "Il est difficile de se déradicaliser seul."

Et d'avertir que suivre les réquisitions de l'avocat général ne ferait que "former un dissident, un haineux, un révolutionnaire".

(Emmanuel Jarry, édité par Julie Carriat)

7 commentaires

  • 23 juin08:59

    28 ans seulement !


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