OUVERTURE DU PROCÈS D'UN ANCIEN GARDE D'AUSCHWITZ
BERLIN (Reuters) - Le procès d'un ancien garde du camp d'Auschwitz, accusé de complicité de meurtre d'au moins 170.000 personnes, s'ouvre jeudi en Allemagne, le premier d'une série de quatre qui pourraient être les dernières grandes affaires judiciaires de l'Holocauste étant donné le grand âge des prévenus.
Reinhold Hanning, 93 ans, avait 20 ans en 1942 lorsqu'il a pris le poste de garde au camp d'extermination d'Auschwitz, situé en Pologne, où plus de 1,1 million de juifs ont été tués par les nazis.
Deux autres hommes et une femme, tous âgés de plus de 90 ans, seront également traduits devant la justice dans les mois à venir pour des faits similaires.
Oskar Gröning, un ancien comptable du camp d'Auschwitz âgé de 94 ans, a été condamné en juillet à une peine de quatre ans de réclusion après avoir été reconnu coupable de complicité dans la mort de 300.000 personnes.
Selon l'accusation, Reinhold Hanning, dont le procès se tiendra dans la ville de Detmold, en Rhénanie du Nord-Westphalie, s'est porté volontaire à l'âge de 18 ans pour rejoindre les rangs des SS.
Il a pris part à des batailles sur le front est-européen au début de la Deuxième guerre mondiale avant d'être transféré à Auschwitz en janvier 1942.
Selon le Service central d'enquêtes sur les crimes nazis, basé à Ludwigsburg, Reinhold Hanning a servi comme garde à Auschwitz jusqu'à au moins juin 1944.
Tout en reconnaissant avoir été garde dans le camp, l'accusé a démenti avoir été impliqué dans les assassinats de masse.
L'accusation estime pour sa part que le système d'extermination des juifs mis en place par les nazis dépendait pour partie de personnes comme Reinhold Hanning, soulignant que ce dernier avait, pour le moins, facilité les meurtres.
L'ancien garde sera notamment confronté au récit de prisonniers, à l'instar d'Erna de Vries, déportée en 1943, à l'âge de 23 ans, à Auschwitz en même temps que sa mère.
Comme son père était protestant, elle fut considérée comme une "métis juive" et a pu échapper aux chambres à gaz.
"J'ai survécu mais, à ce jour, je ne sais toujours pas exactement comment ma mère a été tuée. La dernière chose qu'elle m'a dite est : "Tu survivras et tu raconteras ce qui nous est arrivé", a-t-elle dit à Reuters avant l'ouverture du procès.
"Je ne suis pas animée par la haine mais je ressens une forme de justice de voir cet homme, qui travaillait là-bas quand ma mère est morte, être l'objet d'un procès."
(Tina Bellon, Benoit Van Overstraeten pour le service français)
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