par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron porte jeudi sur les fonts baptismaux le Conseil national de la refondation (CNR), instance de réflexion sur les grands enjeux du moment accueillie avec méfiance avant même son lancement.
Le chef de l'Etat en donnera le coup d'envoi lors d'une journée entière de discussions à Marcoussis (Essonne) où interviendront aussi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, et la présidente du Haut conseil pour le climat, Corinne Le Quéré.
"On a un défi collectif qui est celui de la crise démocratique", souligne-t-on à l'Elysée pour justifier une "forme de dialogue renouvelé" mêlant élus, partis politiques, partenaires sociaux, associations, organisations environnementales et citoyens, mais qui sera boudée par les partis d'opposition et plusieurs syndicats.
Orchestrée par le président du MoDem et haut-commissaire au Plan François Bayrou, cette "boîte à idées" portera sur cinq thèmes - plein emploi et industrialisation, école, santé, "bien vieillir" et transition écologique.
Une fois le dialogue lancé, "chaque ministre chargé d'un de ces thèmes devra poursuivre les réflexions en CNR thématiques. Pour chaque thème, les acteurs concernés seront conviés", a dit la Première ministre Elisabeth Borne lors de la présentation de l'exercice, le 31 août.
Le débat sera étendu aux collectivités territoriales avec le souci affiché par l'Elysée "d'avoir des traductions concrètes dès 2023."
Des voix ont exprimé leur doute quant à l'utilité de cette instance qui entend s'inspirer du Conseil national de la Résistance, à l'origine de la création de la Sécurité sociale après-guerre, et rappelle aussi le Grand débat organisé après la crise des "Gilets jaunes" de 2018.
LARCHER DÉNONCE UN "CONTOURNEMENT DU PARLEMENT"
Grand absent jeudi, le président du Sénat, Gérard Larcher, a écrit à Emmanuel Macron pour dénoncer ce qu'il considère comme un "contournement du Parlement, c'est-à-dire de la représentation nationale".
Les partis d'opposition boycottent aussi ce que l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon a qualifié de "saison 2 du grand blabla". Ni la gauche rassemblée dans la Nupes, ni le Rassemblement national, ni Les Républicains ne seront là.
Même l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, dont le parti Horizons fait partie du camp présidentiel, a pris ses distances. En déplacement au Québec, il sera représenté par la maire d'Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil.
L'ancien président François Hollande s'interroge aussi sur la pertinence d'une nouvelle "institution" dédiée à la planification. "Il y a déjà le Conseil économique, social et environnemental. Pas besoin d'un nouveau 'machin', mais je jugerai à l'expérience", dit-il dans l'Express.
Côté partenaires sociaux, la CFDT et le Medef seront autour de la table à la différence de la CGT, de Force ouvrière et de Solidaires.
Chez certains participants, l'enthousiasme fait défaut.
"On jugera aux actes et à ce qui sera décidé à la sortie du 8. Je serai engagé pour que ça puisse produire quelque chose. Si ce n'est pas le cas, je le dirai", a prévenu sur franceinfo le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
D'abord sceptiques, les grandes associations d'élus (Régions de France, Assemblée des départements de France et Association des maires de France) ont finalement accepté l'invitation après une rencontre avec le chef de l'Etat lundi soir.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)
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