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La Banque d'Angleterre maintient ses taux à un pic de 15 ans et exclut une baisse rapide pour soutenir l'économie
information fournie par Reuters 02/11/2023 à 14:51

Photo d'archives: La Banque d'Angleterre à Londres

Photo d'archives: La Banque d'Angleterre à Londres

par William Schomberg et Andy Bruce

La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi ses taux d'intérêt à leur plus haut niveau depuis 15 ans dans sa lutte contre l'inflation au Royaume-Uni, l'une des plus élevée au monde parmi les économies développées, et a prévenu qu'elle ne prévoyait pas de baisser pour le moment le coût du crédit.

Malgré la publication d'indicateurs montrant que l'économie britannique est désormais menacée par une récession et pourrait au mieux stagner dans les années à venir, la BoE a maintenu le taux d'escompte à 5,25% pour la deuxième fois consécutive, après la réunion de septembre, qui marquait alors la première pause après 14 hausses d'affilée des taux.

Elle a également renforcé son message selon lequel les coûts d'emprunt allaient rester élevés, même si la moitié seulement de l'impact de sa longue série de hausses de taux s'est fait sentir dans l'économie jusqu'à présent.

Le MPC, le comité de politique monétaire de la banque centrale, a voté par 6 voix contre 3 en faveur du maintien du taux d'escompte au niveau actuel, conformément aux attentes des économistes interrogés par Reuters.

"Les dernières projections du comité de politique monétaire indiquent que la politique monétaire devra probablement être restrictive pendant une période prolongée", écrit la BoE dans son communiqué.

"Un nouveau resserrement de la politique monétaire serait nécessaire s'il y avait des preuves d'une pression inflationniste plus persistante", ajoute le communiqué.

Le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, a également tenté de faire passer le message selon lequel la baisse de l'inflation au cours de l'année écoulée, par rapport à son niveau le plus élevé depuis les années 1980, et l'affaiblissement des perspectives économiques ne devaient pas être considérés comme un signe que des réductions de taux pourraient bientôt être envisagées.

"Nous avons besoin de voir l'inflation continuer à baisser jusqu'à notre objectif de 2%", a-t-il dit, cité dans le communiqué.

"Nous avons maintenu les taux inchangés ce mois-ci, mais nous suivrons de près l'évolution de la situation pour déterminer si de nouvelles hausses de taux sont nécessaires. Il est bien trop tôt pour envisager des baisses de taux".

LA LIVRE ACCROÎT SES GAINS

Sur les marchés financiers, la livre sterling a accru ses gains face au dollar et à l'euro après les annonces de la BoE, tandis que le rendement des obligations britanniques à dix ans réduisait quelque peu son repli mais perdait encore plus de onze points de base, à 4,396%, dans un contexte de détente généralisée sur les taux souverains.

Le vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre, Ben Broadbent, a déclaré jeudi que la publication des prévisions de la banque n'avait pas pour but d'envoyer un message aux marchés financiers.

"Je ne pense pas que nous essayions d'envoyer un message spécifique aux marchés financiers", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

"Les prix sur les marchés financiers n'ont pas beaucoup changé depuis que nous avons publié ces prévisions. Le message principal (...) est plus large : nous pensons que la politique doit rester restrictive pendant un certain temps", a-t-il ajouté.

La décision de la BoE de maintenir ses taux inchangés fait suite aux mesures similaires prises par la Banque centrale européenne (BCE) la semaine dernière et la Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi.

Les responsables de la BoE sont par ailleurs à l'affût d'indices permettant de déceler si le conflit en cours entre Israël et le Hamas palestinien est susceptible de provoquer une réaccélération de l'inflation en faisant notamment grimper les prix du pétrole et du gaz.

Parmi les membres du comité de politique monétaire de la BoE, Megan Greene, Jonathan Haskel et Catherine Mann ont voté en faveur d'une augmentation des taux à 5,5%.

Sarah Breeden, qui a remplacé Jon Cunliffe, a voté en faveur du statu quo sur les taux pour sa première réunion en tant que membre du MPC.

RISQUES SUR L'ÉCONOMIE, LES SALAIRES ET LA GÉOPOLITIQUE

Concernant les perspectives économiques, la BoE s'est dite déterminée à étouffer la menace d'une spirale salaires-prix, qui serait préjudiciable dans son combat contre l'inflation.

Même si l'inflation est passée de 11,1%, il y a un peu plus d'un an, à 6,7% dans les données les plus récentes, elle reste plus de trois fois supérieure à l'objectif de 2% de la BoE.

La banque centrale a dit s'attendre désormais à une stagnation de l'économie britannique entre juillet et septembre et à une progression de seulement 0,1 % au quatrième trimestre 2023. Elle prévoit une croissance nulle pour 2024 et une expansion de seulement 0,25% en 2025.

Même avec de telles perspectives économiques, l'inflation ne refluerait à 2% que fin 2025, soit environ six mois de plus que les précédentes prévisions.

Au regard du risque de récession de l'économie britannique, les investisseurs estiment que la BoE en a fini avec la remontée des taux dans l'actuel cycle de resserrement.

Avant l'annonce de jeudi, ils prévoyaient que la BoE maintiendrait ses taux d'intérêt au niveau actuel jusqu'au mois d'août 2024, avant une première baisse du coût du crédit.

La BoE n'a montré aucun signe de remise en cause de ces prévisions: elle a dit s'attendre à ce que l'inflation tombe à 4,8% en octobre, soit près de deux points de moins qu'en septembre, et à 4,6% au quatrième trimestre 2023.

La banque centrale a cependant dit continuer à surveiller de près la forte croissance des salaires, dont elle craint qu'elle alimente l'inflation.

La banque centrale a également noté des "incertitudes croissantes" concernant les données officielles sur le marché du travail, qui ont été entravées par de faibles taux de réponse aux enquêtes.

L'institut d'émission prévoit néanmoins que le taux de chômage passera de 4,2% à 5% dans deux ans, en se basant sur l'évolution des taux d'intérêt sur le marché.

(Reportage William Schomberg et Andy Bruce, version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)

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