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L'opposant Alexeï Navalny est mort en prison, annonce la Russie
information fournie par Reuters 16/02/2024 à 19:11

Le leader de l'opposition russe Alexei Navalny lors d'une audience contre le ministère de la Justice, à Moscou

Le leader de l'opposition russe Alexei Navalny lors d'une audience contre le ministère de la Justice, à Moscou

par Guy Faulconbridge et Felix Light

Alexeï Navalny, opposant au président russe Vladimir Poutine, est mort, a annoncé vendredi le service pénitentiaire de la région arctique russe de Yamal-Nenets, où il avait été transféré en décembre pour y purger une longue peine de prison.

De nombreux pays occidentaux ont accusé les autorités russes d'être responsables de sa mort, certains dirigeants allant jusqu'à désigner directement Vladimir Poutine.

Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a dénoncé des propos "absolument inacceptables" et "enragés".

S'exprimant à la Maison blanche, le président américain Joe Biden a déclaré par la suite qu'il n'était "pas surpris" mais "scandalisé" d'apprendre la mort de l'opposant. "Poutine est responsable de la mort de Navalny", a-t-il dit.

Alexeï Navalny, âgé de 47 ans, s'était fait connaître au début des années 2010 en dénonçant sur son blog la corruption au plus haut sommet de l'Etat, devenant au fil des années le principal opposant à Vladimir Poutine, qui brigue un nouveau mandat présidentiel le mois prochain.

L'ancien avocat avait été victime en 2020, lors d'un voyage en avion en Russie, d'une tentative d'empoisonnement à l'agent neurotoxique novitchok, pour laquelle il avait été soigné en Allemagne avant de retourner début 2021 dans son pays, où il avait été aussitôt emprisonné.

Condamné à 11 ans de prison pour fraude notamment, puis à 19 années supplémentaires en août dernier pour "extrémisme", il rejetait des accusations fabriquées selon lui de toutes pièces pour l'écarter de la scène politique.

Dans un communiqué publié sur son site internet, l'administration pénitentiaire de la région de Yamal-Nenets écrit qu'Alexeï Navalny s'est "senti mal" après une promenade vendredi dans l'enceinte de la colonie pénitentiaire IK-3 située à Kharp, à environ 1.900 km au nord-est de Moscou.

Il a "presque immédiatement perdu conscience" et l'intervention des médecins n'a pas permis de le sauver, a-t-elle ajouté.

"Toutes les mesures nécessaires pour le ranimer ont été entreprises, sans produire de résultats positifs", a déclaré l'administration pénitentiaire, ajoutant que les causes du décès étaient en cours d'examen.

Le Kremlin a déclaré que Vladimir Poutine, en déplacement dans l'Oural, avait été informé du décès.

Le parquet russe a mis en garde contre toute participation à un rassemblement dans le centre de Moscou à la mémoire de l'opposant.

L'avocat d'Alexeï Navalny a dit être en route pour la colonie pénitentiaire IK-3.

Présente à la conférence de Munich sur la sécurité, la femme d'Alexeï Navalny, Ioulia, a déclaré qu'elle n'était pas certaine de la mort de son époux "car Poutine et son gouvernement (...) ne cessent de mentir".

"Mais si c'est vrai", a-t-elle ajouté, "je veux que Poutine, tout son entourage, ses amis, son gouvernement sachent qu'ils portent la responsabilité de ce qu'ils ont fait à notre pays, à ma famille, à mon mari."

"Je ne veux pas entendre de condoléances. Nous l'avons vu en prison le 12 février, lors d'une réunion. Il était vivant, en bonne santé et heureux", a écrit sur Facebook la mère d'Alexeï Navalny, Lioudmila Navalnaïa.

L'un des proches du militant anti-corruption, Leonid Volkov, de même que le lauréat du prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, ont dénoncé un "meurtre".

"Je suis convaincu que ses conditions de détention ont conduit à sa mort", a déclaré Dmitri Mouratov, rédacteur en chef du journal d'opposition Novaïa Gazeta, interdit par Moscou.

DES CONDITIONS DE DÉTENTION DE PLUS EN PLUS DURES

Le Kremlin a toujours nié avoir tenté d'empoisonner Alexeï Navalny en 2020, et rejeté systématiquement ses accusations concernant la corruption au sein de l'élite russe.

Les autorités russes présentaient l'opposant, exclu du parti libéral d'opposition Iabloko en 2007 pour ses opinions alors nationalistes, comme une marionnette au service de la CIA.

Ses conditions de détention s'étaient progressivement durcies, à mesure que sa peine s'allongeait. Alexeï Navalny avait été transféré en décembre dernier de la région de Moscou vers la colonie pénitentiaire IK-3.

Son avocate avait déclaré l'an dernier qu'il présentait des symptômes laissant penser à un lent empoisonnement. "Nous n'excluons pas qu'en ce moment même, Alexeï Navalny soit lentement empoisonné, tué à petit feu afin de moins attirer l'attention", avait-elle écrit sur Twitter.

Son dernier message sur la plate-forme Telegram avait été adressé à sa femme Ioulia pour la Saint-Valentin. Il était apparu jeudi dans une audition par visioconférence, où il avait ri et plaisanté sur le "salaire énorme" du juge fédéral chargé de l'interroger. Jugé pour une altercation avec un gardien qui avait tenté de lui confisquer son stylo, il avait écrit par la suite avoir été condamné à quinze jours à l'isolement, une punition qui lui était fréquemment infligée.

De nombreux pays occidentaux ont exprimé leur tristesse à l'annonce de la mort de l'opposant. Les Etats-Unis ont dit attendre confirmation du décès, qui serait un nouveau signe de la "brutalité" de Vladimir Poutine selon la vice-présidente américaine Kamala Harris.

Emmanuel Macron a exprimé sa "colère" et son "indignation". "Dans la Russie d'aujourd'hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à mort. Colère et indignation", a déclaré le chef de l'Etat français sur la plate-forme X.

Dans une déclaration commune, la présidente de la Commission européenne et le président du Conseil européen, Ursula von der Leyen et Charles Michel, ont promis que l'UE ne ménagerait aucun effort pour que les dirigeants russes rendent des comptes.

Alexeï Navalny "a été lentement tué par le président Poutine et son régime", ont-ils dit, réclamant que toute la lumière soit faite sur la mort de l'opposant et demandant "la libération immédiate de tous les autres prisonniers politiques".

(Avec les bureaux de Reuters, version française Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse)

43 commentaires

  • 17 février 00:18

    C'est bien beau le blabla officiel pour la bonne conscience, loffuscation permanente. Mais dans les actes, qui a raison sur la décadence de l'Occident et la perversion de son système ? Alors, pour la bonne conscience, un peu comme la confession dominicale d'expiation de tous les péchés de la semaine, nous nous émouvons du sort de quelques hommes et femmes de ces pays. Mais le lundi, cela repart comme si de rien n'était. C'est trop facile, trop lâche ! Et nos ennemis en rigolent.


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