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L'invasion russe de l'Ukraine entre dans sa deuxième semaine
information fournie par Reuters 03/03/2022 à 13:38

L'INVASION RUSSE DE L'UKRAINE ENTRE DANS SA DEUXIÈME SEMAINE

L'INVASION RUSSE DE L'UKRAINE ENTRE DANS SA DEUXIÈME SEMAINE

par Maksym Levin

BORODYANKA, Ukraine (Reuters) - L'invasion de l'Ukraine par l'armée russe est entrée dans sa deuxième semaine jeudi, sans signe de progression spectaculaire pour le moment, les principales colonnes russes restant bloquées au nord de Kiev et aux portes des principales autres grandes villes attaquées.

L'offensive éclair en direction de la capitale ukrainienne et de Kharkiv, la deuxième ville du pays, située à seulement 30 km de la frontière russe, ayant échoué, une guerre d'attrition a commencé, les forces russes s'employant à encercler les villes, à les bombarder et à les priver d'eau et d'électricité pour contraindre les habitants à fuir.

Plus d'un million d'Ukrainiens ont déjà quitté leur pays, selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés, la plupart en direction de la Pologne. Le conflit a aussi fait des centaines de morts parmi la population civile, les forces ukrainiennes mais aussi l'armée russe - près de 500 soldats russes ont été tués selon Moscou, près de 9.000 selon Kiev.

Une seule ville ukrainienne importante est tombée pour le moment, Kherson, un port situé à l'embouchure du fleuve Dnipro, au bord de la mer Noire. Les chars russes venus de la région de Crimée, annexée par Moscou en 2014, y étaient entrés mercredi et en ont pris le contrôle jeudi, selon les deux camps.

La situation est aussi critique à Marioupol, autre ville portuaire prise en étau entre les forces russes venues de Crimée et les territoires sécessionnistes prorusses du Donbass voisins. Encerclée, la ville est soumise à un déluge de feu, selon les autorités locales. Comparant la situation au siège de Leningrad par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, le maire a dénoncé une tentative de "génocide" du peuple ukrainien.

Comme les villes de Kharkiv et Chernihiv, elles aussi pilonnées, Marioupol était cependant toujours contrôlée jeudi par l'armée ukrainienne.

Dans le même temps, l'immense colonne de blindés russes repérée il y a plusieurs jours au nord de Kiev reste plus ou moins à l'arrêt, à une trentaine de kilomètres de la capitale, a déclaré jeudi le ministère britannique de la Défense.

"NOUS N'AVONS RIEN À PERDRE", DIT ZELENSKI

Le président ukrainien Volodimir Zelenski, qui est toujours à Kiev, d'où il envoie régulièrement des messages vidéos à ses compatriotes, a assuré jeudi matin que les lignes de défense érigées par l'armée et des civils qui ont pris les armes continuaient à résister à l'envahisseur, malgré d'intenses bombardements. "Nous n'avons rien à perdre, hormis notre liberté", a-t-il dit.

Les forces ukrainiennes ont aussi repoussé un assaut russe à Borodyanka, une petite ville située à 60 km au nord-ouest de Kiev, où des carcasses de blindés russes sont disséminés sur une autoroute et des bâtiments alentours ont été détruits.

"(Les Russes) ont commencé à tirer depuis leurs blindés en direction du parc situé devant la Poste", a raconté à Reuters un habitant caché dans son appartement avec sa famille. "Puis ces salopards ont démarré un char et tiré sur le supermarché qui avait déjà brûlé. Il a pris feu à nouveau."

Alors que la Russie est la cible de sanctions économiques sans précédent qui l'ont plongé dans une grave crise financière, son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a une nouvelle fois estimé jeudi à la télévision d'Etat que la réaction des pays occidentaux à l'invasion de l'Ukraine relevait de l'"hystérie" et assuré que celle-ci allait finir par retomber.

Au même moment, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, déclarait au contraire que les Vingt-Sept préparaient une nouvelle salve de sanctions en cas d'escalade de l'offensive russe en Ukraine, et étudiaient parallèlement les moyens de se passer du gaz, du pétrole et du charbon russes.

La Grande-Bretagne a aussi franchi une nouvelle étape en annonçant jeudi qu'elle allait interdire aux entreprises russes l'accès au marché de l'assurance aéronautique et spatiale de Londres, plus grand centre mondial d'assurance commerciale et spécialisée.

Martelant que la Russie entendait aller "jusqu'au bout" en Ukraine et que les pays occidentaux ne pourraient pas ignorer "indéfiniment" ses demandes, Sergueï Lavrov a annoncé que Vladimir Poutine s'entretenait de nouveau avec Emmanuel Macron et assuré que Moscou accueillait "favorablement" les efforts de la France pour parvenir à un accord.

Le ministre russe s'est exprimé peu avant l'ouverture d'une deuxième session de pourparlers entre des représentants russes et ukrainiens en Biélorussie en vue d'un éventuel cessez-le-feu, la première, qui s'est tenue lundi, n'ayant produit aucun résultat.

LA RUSSIE ISOLÉE À L'ONU

La Biélorussie, dont le territoire sert à l'offensive russe contre Kiev, à laquelle le président Alexandre Loukachenko a revendiqué de participer, est l'un des quatre pays - avec la Syrie, l'Érythrée et la Corée du Nord - qui ont, au côté de la Russie, voté mercredi soir contre une résolution de l'Assemblée générale de l'Onu condamnant l'"agression" de l'Ukraine.

Alors que le texte a été adopté à une écrasante majorité, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a annoncé jeudi matin que Paris allait soumettre au Conseil de sécurité des Nations unies une nouvelle résolution pour exiger un cessez-le-feu immédiat.

Le précédent projet de résolution s'est heurté au veto de la Russie et celui-ci devrait connaître le même sort, mais les diplomates observeront l'attitude des trois pays qui s'étaient abstenus lors du premier vote des 15 membres du Conseil - Chine, Inde et Emirats arabes unis.

Plus symboliquement, le Comité international paralympique est revenu sur sa décision de ne pas exclure les athlètes russes et biélorusses des Jeux paralympiques qui s'ouvrent ce vendredi à Pékin. "L'aggravation rapide de la situation nous place dans une position (...) impossible si près du début des Jeux", a-t-il expliqué.

En Russie, où pratiquement toute contestation a été étouffée ces dernières années, les autorités ont interdit toute critique contre "l'opération militaire spéciale" lancée le 24 février par Vladimir Poutine et qui vise officiellement à chasser les "nazis" au pouvoir en Ukraine, dont le président Volodimir Zelenski est juif.

Pour ne pas avoir respecté cet interdit, et alors que des milliers de manifestants anti-guerre ont été arrêtés ces derniers jours en Russie, deux des derniers médias indépendants, la chaîne de télévision Dojd et la radio Echo de Moscou, ont été interdits de diffusion jeudi, selon l'agence Tass.

Au même moment, les pays de l'Union européenne mettaient en application la décision des Vingt-Sept de bannir la chaîne RT et le site Spoutnik, considérés comme des organes de propagande au service du Kremlin.

(Reportage de Maksym Levin à Borodyanka, Pavel Polityuk, Natalia Zinets et Aleksandar Vasovic en Ukraine et d'autres bureaux de Reuters ; rédigé par Peter Graff ; version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)

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