Dominique Schelcher, patron de Système U, à Paris le 26 août 2020. ( AFP / ERIC PIERMONT )
Les négociations commerciales entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs de l'agro-industrie s'achèvent mercredi 1er mars.
Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les consommateurs. Invité sur le plateau de France Inter ce lundi 27 février, Dominique Schelcher, patron de Système U, a estimé que les prix alimentaires allaient encore fortement augmenter. "Jusqu'à présent, le chiffre de l'inflation alimentaire est entre 14 et 15%. Mon pronostic malheureusement pour les mois qui viennent est de 10% supplémentaires, malgré tous nos efforts", a-t-il avancé.
Les négociations commerciales entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs de l'agro-industrie s'achèvent mercredi 1er mars. "Ces négociations ont pour but la discussion entre un industriel, un producteur et le commerçant, avec l'objectif au final d'avoir le prix le plus juste qui arrive pour le consommateur", a résumé Dominique Schelcher.
Le prix d'une majorité des produits vendus dans les grandes surfaces alimentaires, du leader E.Leclerc à Casino en passant par Carrefour , dépend de ces conditions d'achat. Les grandes surfaces sont libres du prix des denrées qu'elles vendent au consommateur, à condition de respecter une marge minimale de 10% prévue par la loi. Mais elles doivent négocier chaque année avec l'agro-industrie le prix et les conditions de vente, en yaourt, viande ou biscuits.
Leur intérêt est d'obtenir les meilleures conditions pour pouvoir être compétitifs sur leurs prix tout en protégeant leurs marges bénéficiaires. C'est d'autant plus crucial cette année que les coûts d'exploitation des magasins s'envolent, en particulier les factures d'électricité.
"Du retard de pris" dans les négociations
Sauf que les industriels, eux aussi, font face à une inflation de leurs coûts de production, des matières premières agricoles aux emballages, et demandent depuis des mois à la grande distribution de leur acheter leurs produits plus chers. De leur côté, les grandes surfaces crient à l'absence de transparence, et à des demandes de hausses exagérées, le patron de Carrefour Alexandre Bompard en qualifiant même certaines de "délirantes". Preuve de ces tensions, seul un industriel sur deux avait signé tous ses contrats avec ses clients distributeurs en milieu de semaine dernière, un taux inhabituellement bas à quelques jours de la clôture.
"On concentre sur quelques jours la querelle de la négociation et ça c'est évidemment très mauvais", a commenté le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau sur Public Sénat ce lundi, constatant qu'"il y a eu du retard de pris" dans ces négociations.
La distribution assure ne pas pouvoir absorber seule ces hausses de tarifs et devra donc les répercuter sur ses clients, qui ont déjà subi 12% d'inflation alimentaire en 2022 et font eux-mêmes face à la hausse du gaz ou du carburant. Le gouvernement essaie d'apporter des réponses avec un projet de panier anti-inflation, une sélection de références au meilleur rapport qualité/prix, qui fait face toutefois à de nombreuses critiques et incertitudes.
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