Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

GRAPHES-Le nouveau président argentin devra maîtriser l'inflation et redresser l'économie
information fournie par Reuters 20/11/2023 à 12:06

par Hernan Nessi et Eliana Raszewski

Après avoir remporté une élection très disputée, le plus dur reste à faire pour le nouveau président de l'Argentine, Javier Milei, qui va devoir résoudre la crise économique que traverse le pays.

L'inflation atteint 143%, les réserves de change sont dans le rouge, les épargnants délaissent le peso et une récession se profile - si elle n'a pas déjà commencé. Quatre Argentins sur dix vivent dans la pauvreté et une forte dévaluation du peso est probable.

Javier Milei, qui promet une thérapie de choc économique incluant la fermeture de la banque centrale et la "dollarisation" de l'économie a remporté le second tour des élections dimanche avec environ 56% des voix contre 44% pour son rival, l'ancien ministre de l'Economie, Sergio Massa.

Le nouveau président sera confronté au défi du redressement économique à partir de sa prise de fonctions le 10 décembre. L'enjeu est important, car le pays en difficulté pourrait être confronté à un dixième défaut sur sa dette souveraine, une augmentation de la pauvreté et à d'éventuels troubles sociaux si la situation ne s'améliore pas.

"L'économie est en soins intensifs", pour Miguel Kiguel, ancien sous-secrétaire aux Finances du ministère de l'Economie dans les années 1990.

INFLATION

Le taux d'inflation élevé de l'Argentine crée d'énormes distorsions sur les marchés et pour les consommateurs, les prix changeant chaque semaine. Les anticipations d'inflation des analystes atteignent 185% d'ici la fin de l'année, selon un sondage réalisé par la banque centrale.

"L'un des plus grands défis du prochain gouvernement sera de corriger la distorsion des prix relatifs que connaît l'économie actuellement", explique Lucio Garay Mendez, économiste au sein de la société de conseil EcoGo.

"Dans un contexte d'inflation élevée et d'un plan de stabilisation de l'économie, une correction est inévitable".

La banque centrale argentine a porté son taux directeur à 133% pour ramener l'inflation à sa cible, encourageant l'épargne en pesos mais nuisant à l'accès au crédit et à la croissance économique.

CONTRÔLE DU PESO

Le peso argentin est soumis à des contrôles de capitaux depuis l'effondrement du marché en 2019, créant un système complexe de taux de change, les dollars pouvant s'échanger à plus de deux fois le taux officiel proche des 350 pesos pour un dollar.

Il existe plus d'une dizaine de taux de change informels, allant du "dollar Coldplay" au "dollar Malbec".

Javier Milei s'est engagé à supprimer rapidement les contrôles de capitaux et à dollariser l'économie, tandis qu'une forte dévaluation du peso est probable afin de faire converger taux officiels et informels.

RÉSERVES DE CHANGE

Les réserves de change de la banque centrale argentine sont proches de leur niveau le plus bas depuis 2006. En net, la majorité des analystes estiment qu'elles sont négatives, une sécheresse importante ayant limité les exportations de soja, maïs ou blé, desquelles dépend une partie de l'économie argentine.

Le faible niveau des réserves menace la capacité du pays à rembourser ses dettes envers son principal créancier, le Fonds monétaire international (FMI), et les détenteurs d'obligations souveraines, et limite également la capacité du pays à payer pour ses importations. L'Argentine est endettée à hauteur de 44 milliards de dollars auprès du FMI.

Le gouvernement a mis en place un accord de swap de devises avec la Chine, afin de pouvoir couvrir une partie de ses coûts en devises étrangères, et a dû reporter certains paiements à des partenaires commerciaux, comme le Brésil.

RECESSION

La troisième économie d'Amérique latine devrait se replier de 2% cette année, selon des analystes interrogés par la banque centrale, en partie à cause de l'impact de la récente sécheresse qui a réduit de moitié les récoltes de maïs et de soja.

Avec une inflation à trois chiffres, cette situation risque d'aggraver les niveaux de pauvreté déjà élevés, 40% de la population vivant sous le seuil de pauvreté en raison de l'érosion des salaires et de l'épargne.

QUELLES PERSPECTIVES D'AVENIR ?

L'économie argentine dépend des exportations de matières premières : des récoltes plus abondantes, un nouveau gazoduc diminuant la dépendance du pays aux importations de gaz, et d'importantes réserves de lithium pourraient profiter à la croissance l'an prochain.

Une hausse des exportations, notamment de maïs et de soja, permettrait au pays d'obtenir les devises étrangères dont il a tant besoin.

"La vente de la récolte contribuera à augmenter les flux de revenus dans l'économie, tout comme l'augmentation de la production du champ de Vaca Muerta (pétrole de schiste)", explique Eugenio Marí, économiste en chef de la fondation Libertad y Progreso.

(Reportage Hernan Nessi et Eliana Raszewski ; version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer