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Élisabeth Borne égale la longévité d'Édith Cresson à Matignon
information fournie par Boursorama avec Media Services 03/04/2023 à 14:38

Récemment, les deux femmes ont estimé que "les choses ont insuffisamment évolué" sur l'égalité, et qu'une femme à Matignon "ne devrait plus être une source d'étonnement".

Élisabeth Borne et Édith Cresson. ( AFP / JOEL SAGET )

Élisabeth Borne et Édith Cresson. ( AFP / JOEL SAGET )

Élisabeth Borne a égalé lundi 3 avril la longévité au poste de Premier ministre d'Édith Cresson, première femme à occuper ce poste, avec une incertitude pour la suite de son mandat, chahuté par les retraites, quand sa prédécesseuse était contestée par les barons du PS sur fond de sexisme ambiant.

"La méthode sera celle de la concertation et du dialogue" pour rechercher "les majorités les plus larges". Ce n'est pas Élisabeth Borne qui prononce ces mots mais la socialiste Edith Cresson, nommée "Premier ministre" le 15 mai 1991. Car les deux femmes sont confrontées à la même difficulté : l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, même s'il ne manquait que quelques députés à Édith Cresson, au lieu d'une quarantaine pour Élisabeth Borne.

Pour faire passer des textes, elles doivent convaincre au-delà de leur camp ou, à défaut, utiliser le 49.3, qui permet l'adoption de projets sans vote mais expose à la censure. Édith Cresson a utilisé cette arme constitutionnelle 8 fois, Élisabeth Borne 11 fois, y compris pour faire passer la très contestée réforme des retraites, attisant la contestation dans la rue et la fragilisant à Matignon.

Lundi, son bail rue de Varenne a atteint celui d'Édith Cresson : 10 mois et 18 jours . Une échéance regardée de près par l'Élysée : envisager un remplacement avant ce terme aurait été "dramatique dans le souvenir que ça laisserait", note un conseiller.

"Zéro question" sur sa capacité à gouverner

Contrairement à Édith Cresson, attaquée dans sa gestion y compris par les "éléphants" du PS sur fond de "machisme", Élisabeth Borne n'a pas déplu à sa majorité. "Certains disaient 'elle (Élisabeth Borne) va être cressonnisée'. Eh bien pas du tout, il y a zéro question sur sa dimension à gérer la fonction. Elle fait au mieux", saluait début février un proche d'Emmanuel Macron.

Après le 49.3, l'ancien chef du gouvernement Édouard Philippe, parfois critique, l'a même réconfortée : "Je sais ce que c'est d'être Premier ministre, une autre peut le dire aussi. Ce n'est pas facile, je suis admiratif".

Si Élisabeth Borne devait quitter Matignon, "il faudra la juger sur son action politique et pas sur son sexe", insiste un cadre de la majorité. Et "rien n'empêche le président de nommer une femme après une femme. Son premier choix (la LR Catherine Vautrin, ndlr), c'était aussi une femme".

"La question posée c'est : le président a demandé un nouvel agenda (pour élargir la majorité, ndlr). Va-t-elle pouvoir l'endosser ?", ajoute cette source du camp présidentiel.

La sénatrice socialiste Laurence Rossignol considère qu'"on a beaucoup progressé" depuis Édith Cresson, car "en tant que Première ministre, Élisabeth Borne peut être critiquée, mais elle est respectée en tant que femme". En l'occurrence, elle n'a pas été comparée à son arrivée à la marquise de Pompadour comme Édith Cresson, dont la nomination par François Mitterrand, pour remplacer Michel Rocard, avait été vue y compris au PS comme le fait du prince.

"Super sexiste"

L'actuelle Première ministre trouve néanmoins encore "super sexiste" que certains lui reprochent de ne pas "bouffer des entrecôtes en buvant de la bière".

Quand Élisabeth Borne reçoit Édith Cresson à Matignon le 8 novembre, les deux femmes estiment que "les choses ont insuffisamment évolué" sur l'égalité, et qu'une femme à Matignon "ne devrait plus être une source d'étonnement". En trente ans, le gouvernement est devenu paritaire mais seules 5 femmes sur 21 y sont ministres de plein exercice.

La fougueuse Édith Cresson multipliait les faux pas et propos imprudents. "La Bourse, j'en ai rien à cirer", disait-elle, comparant par ailleurs ses ministres à des "cloportes".

Quand François Mitterrand s'en sépare le 2 avril 1992 pour nommer Pierre Bérégovoy, un ancien ministre de l'Économie respecté par les marchés et l'opposition, "c'est positif pour le président", explique à l' AFP Jean Garrigues, auteur de "Élysée contre Matignon" (Tallandier, 2022). Car le mécontentement la visait davantage que le chef de l'État qui "restait plus à l'abri".

Aujourd'hui, la colère des manifestants "se cristallise sur Emmanuel Macron" si bien que "la présidence jupitérienne pourrait valoir une plus grande longévité" à sa Première ministre, avance l'historien.

13 commentaires

  • 04 avril 08:46

    C'est bien...pour elle. Elle va bénéficier dans quelques mois pour sa retraite des avantages exorbitants liés à cette fonction.


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