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Céder sa ferme, ou s'installer, peut devenir un parcours du combattant
information fournie par Boursorama avec AFP 27/02/2024 à 15:41

( AFP / ISHARA S. KODIKARA )

( AFP / ISHARA S. KODIKARA )

Nombreux à partir à la retraite dans les 10 ans à venir, les agriculteurs peinent parfois à transmettre leur ferme, tandis que de potentiels repreneurs, en particulier ceux ne venant pas du monde agricole, butent sur le manque de capital, de terrain et de connaissances.

Michel Mauguin, 68 ans, pensait régler la cession de son élevage en bio à Forges de Lanouée (Morbihan) en deux ans; il lui en a fallu huit.

Plus de 20 candidats se sont manifestés après une annonce sur un site spécialisé. Un potentiel repreneur, entré en "contrat de parrainage" pendant huit mois, est finalement parti après ne lui avoir proposé que la moitié du montant convenu.

Faute de successeur, Michel Mauguin a cédé une partie de ses terres à une nièce qui s'installait, a vendu une parcelle à un voisin et une soixantaine de bêtes à deux exploitations dans le Finistère, cessant la production laitière début 2023.

En septembre, une femme a racheté un de ses bâtiments pour installer un élevage de brebis et lui loue des terres et une maison. Il lui reste encore son matériel de traite, en vente sur le site Leboncoin, ainsi qu'un tracteur et une faucheuse.

"Ca se termine bien mais ça a vraiment été un long parcours et il a fallu accepter que la ferme change", dit-il.

Chaque année depuis 2015, 20.000 chefs d'exploitation en moyenne cessent leur activité tandis que 14.000 s'installent, selon la Cour des comptes. 43% des exploitants étaient alors âgés de plus de 55 ans et donc susceptibles de partir en retraite dans les 10 ans.

- Flambée du foncier -

La complexité à fixer le prix des exploitations, le manque de transparence sur le marché ou l'inadéquation entre les exploitations à céder et les souhaits des nouveaux agriculteurs sont les principales entraves à la transmission et à l'installation.

En Champagne, l'explosion du prix du foncier pèse sur les transmissions familiales.

Sur une exploitation type où un vigneron voudrait céder à ses deux enfants ses trois hectares, valorisés 4,5 millions d'euros, les frais de succession s'élèveraient à 777.000 euros, a calculé le Syndicat des vignerons de la Champagne (SGV).

"Il y a un écart grandissant entre le prix de la vigne et sa rentabilité", explique à l'AFP son président Maxime Toubart en soulignant aussi que l'argent dépensé à l'installation n'est pas investi dans l'amélioration de l'exploitation.

Résultat: "c'est de plus en plus compliqué pour un jeune de s'installer et 60% des vignerons en Champagne ont plus de 50 ans".

Le vieillissement n'est pas un phénomène nouveau, remarque Cécile Détang-Dessendre, économiste à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae): en 1970, 45% des agriculteurs avaient plus de 55 ans. Et depuis vingt ans, le taux de remplacement est resté constant, à savoir sept arrivées pour dix départs.

Mais le nombre d'exploitations a chuté à 389.000, six fois moins qu'en 1950.

D'où une question: "Continue-t-on la tendance à l'agrandissement et à la spécialisation, un modèle remis en cause en partie, ou vers une agriculture où des gens veulent s'installer autrement", avec des projets demandant moins de capitaux, de la vente en circuit court ? demande-t-elle.

Les profils des candidats à l'installation, de fait, se diversifient, avec de plus en plus de personnes non issues du milieu agricole, les "Nima".

Gabrielle Joly, 30 ans, a bien passé un Brevet professionnel responsable d'entreprise agricole (BPREA) mais "cela ne suffit pas quand on ne vient pas du milieu", estime cette ingénieure en environnement qui a grandi dans la région parisienne.

Son projet: une exploitation de 4 à 6 femmes mêlant élevage et culture début 2026 dans le pays de Questembert (Morbihan).

Elle et ses futures associées ont commencé à chercher un site. "Notre projet demande des cédants qui soient ouverts d'esprit", remarque-t-elle. Mais "on reprendrait la ferme dans sa totalité, sans la déstructurer."

Pour les Nima, même s'il existe en France des garde-fous limitant la spéculation sur le foncier agricole, l'accès aux terrains reste le principal frein, indique Cécile Détang-Dessendre.

Ce problème est, selon elle, lié aux faibles retraites des agriculteurs: beaucoup préfèrent poursuivre leur activité ou conserver leurs terres pour un complément de revenu.

3 commentaires

  • 27 février 16:50

    Les seules solutions actuelles pour l'agriculture sont dans l'ultra-spécialisation, le haut de gamme et quelques niches spécifiques. Elle rejoint sur ce point les ETI industrielles dont on voit quel a été le sort en France. La succession, avec ses droits exorbitants sur l'outil de production, sont souvent synonyme de "clap" de fin pour les entreprises familiales.


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