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Aides publiques aux agriculteurs : de très fortes disparités au niveau mondial
information fournie par Boursorama avec Media Services 26/02/2024 à 09:07

En Amérique du Nord et l'Europe, les deux premières régions exportatrices de produits agricoles, les aides représentant respectivement 25% et 22% de la valeur de la production agricole.

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Les aides publiques à l'agriculture et à l'alimentation, si elle ont beaucoup baissé ces 20 dernières années dans les pays riches, restent bien plus importantes que dans les pays pauvres, a calculé la fondation Farm, qui évoque un "grand écart mondial".

Les aides publiques atteignent 45.700 dollars par actif agricole aux États-Unis , 11.600 dollars dans l'Union européenne , 580 dollars en Inde/Chine, 105 dollars en Éthiopie et 17 dollars au Ghana , selon un observatoire mis en place par ce groupe de réflexion dédié aux questions agricoles.

Ces aides recouvrent des aides directes aux producteurs comme les subventions à l'hectare ou à l'achat d'engrais, des aides aux consommateurs comme les coupons alimentaires et des services collectifs pour le développement du secteur agricole. Sur la période 2019/21, elles sont en moyenne deux fois plus élevées dans les pays à revenu élevé que dans les pays à revenu intermédiaire.

L'Amérique du Nord et l'Europe, les deux premières régions exportatrices de produits agricoles, sont aussi celles qui dépensent le plus, les aides y représentant respectivement 25% et 22% de la valeur de la production agricole , selon Farm. Seule l'Inde arrive à un ratio similaire (24%).

Multiplication des controverses

Pour effectuer ces calculs, Farm "a agrégé et harmonisé différentes sources de données", comme celles de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), analysant au total 88 pays pesant plus de 90% de la valeur de la production agricole mondiale, explique Abdoul Tapsoba, chef de projet chez Farm. "Les soutiens publics à l'agriculture font actuellement l'objet de nombreuses controverses en raison de leur impact possible sur l'environnement et certaines institutions appellent de leur vœu à une réorientation des soutiens", souligne-t-il.

"On peut considérer que (l'importance des aides dans les pays riches) est difficilement acceptable car il y a au final peu d'agriculteurs, qu'il y a d'autres priorités", souligne de son côté Thierry Pouch, chargé des études économiques aux chambres d'agriculture. "Mais dans le contexte actuel, quel est le prix qu'on accorde à notre alimentation ?"

En plus des aides directes, les États peuvent soutenir leurs agriculteurs via des mécanismes de soutien sur les marchés mondiaux comme les restrictions à l'exportation, les réglementations sanitaires ou les taxes. Cette catégorie s'est fortement réduite dans les pays riches mais a progressivement augmenté dans les pays à revenus intermédiaires, comme l'Inde qui l'été dernier a décidé d'interdire l'exportation de riz blanc non basmati afin de conserver suffisamment de ce produit pour ses habitants et limiter les hausses de prix.

30% du budget européen pour la PAC

Dans les pays africains, faute de données, Farm a calculé l'écart entre le prix payé au producteur et le prix à la frontière, souvent négatif. Cela "signifie que les gouvernements africains protègent avant tout les consommateurs au détriment des producteurs agricoles" , avec des droits de douane relativement faibles, la priorité étant donnée à l'alimentation des villes par des produits importés, conclut Farm.

Principalement pour se conformer aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur l'agriculture, le soutien total des pays riches (aides directes + soutien des prix du marché) dans son ensemble a beaucoup baissé, passant de 44% de la valeur de la production agricole en 2000 à 25% en 2021.

La Politique agricole commune représentait 66% du budget européen en 1992, contre 30% actuellement. Ce repli inquiète Thierry Pouch, pour qui cette tendance "ne parvient plus à renouveler les générations" faute d'un revenu suffisant.

En 2022, 92% des agriculteurs français ont perçu des subventions , à hauteur de 39.586 euros en moyenne. Dans certains secteurs, "75% du revenu est constitué d'aides", souligne Thierry Pouch.

"Sans ces aides, soit l'agriculteur est suffisamment performant pour se diversifier, trouver des prix de marché rémunérateurs ou s'agrandir, soit il disparaît", dit-il. Le secteur agricole "est quand même particulier, exposé de tous temps aux aléas climatiques, aux maladies, à des sols pas forcément bons", souligne-t-il.

11 commentaires

  • 26 février 12:02

    Beaucoup pensent à court terme parce que l avenir est derrière eux.
    Dans un pays vieillissant les électeurs ne réfléchissent plus qu à court terme: celui de leur reste à vivre or c est maintenant que se joue la souveraineté des décennies futures


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