L'entreprise française de cardiologie Carmat reçoit une bouée de sauvetage sans nouveaux fonds d'Airbus

information fournie par Reuters •16/10/2023 à 12:52

(Refonte, ajout de détails et de contexte, mise à jour des actions) par Michal Aleksandrowicz, Sudip Kar-Gupta et Tim Hepher

Le fabricant de cœurs artificiels Carmat ALCAR.PA a obtenu lundi une bouée de sauvetage de 7 millions d'euros (7,4 millions de dollars) pour survivre à un manque de liquidités imminent, mais l'accord a laissé des questions sur le soutien futur du cofondateur Airbus après que le fabricant d'avions a choisi de ne pas participer.

Le champion français des technologies médicales, créé il y a 30 ans par un chirurgien cardiaque et l'un des fondateurs de l'avionneur, a averti le mois dernier que sa survie était en jeu après des problèmes avec sa chaîne d'approvisionnement, et a appelé les actionnaires dirigés par Airbus AIR.PA à réinvestir.

Lundi, Carmat a déclaré que la nouvelle augmentation de capital de 7 millions d'euros couvrirait ses besoins jusqu'au début de l'année prochaine.

Cependant, elle a estimé qu'elle devrait trouver environ 50 millions d'euros supplémentaires pour faire fonctionner l'entreprise jusqu'à la fin d'octobre 2024, plus 14,7 millions d'euros pour couvrir la première tranche d'un prêt de la Banque européenne d'investissement qui arrive à échéance le 31 janvier de l'année prochaine.

"Nous sommes confiants dans la robustesse et la sécurité de notre cœur artificiel, ainsi que dans son fort potentiel", a déclaré Stéphane Piat, directeur général de Carmat, dans un communiqué.

Les actions de la société basée à Paris ont augmenté de 11 % pour atteindre la barre des 4 euros, avant de perdre la majeure partie de leurs gains. Elles sont tombées de 7,44 euros avant l'avertissement sur les liquidités le mois dernier.

Les actionnaires Lohas, Sante Holdings et Therabel Invest ont participé à la levée de fonds à court terme, a indiqué la société.

Mais un tableau publié par Carmat montre qu'Airbus n'a pas apporté de nouvelles liquidités, du moins pour l'instant, et sa participation est passée de 11,7 % à 10,8 %, ce qui en fait le deuxième actionnaire derrière Lohas, le bureau familial de l'investisseur français Pierre Bastid.

Un porte-parole d'Airbus a déclaré qu'il n'avait "rien à ajouter pour l'instant" à la déclaration de Carmat.

MEDTECH FRANÇAIS

Le président Emmanuel Macron a fait des technologies de la santé un élément clé de sa feuille de route phare pour la réindustrialisation à l'horizon 2030, et l'entreprise française est l'une des rares sociétés à développer des alternatives aux greffes cardiaques.

Airbus a hérité de cette participation à la suite d'une coopération fortuite entre l'industriel français Jean-Luc Lagardère, aujourd'hui décédé, et le chirurgien cardiaque français Alain Carpentier.

Ensemble, ils ont créé en 1993 une entreprise soutenue par l'unité de défense Matra de Lagardère, qui fait aujourd'hui partie d'Airbus, afin de poursuivre la vision de Carpentier d'une alternative viable aux rares transplantations cardiaques.

Carmat affirme que ses dispositifs - dont les mécanismes ont été conçus grâce à l'expertise d'ingénieurs français en missiles employés par Lagardère - sont les seuls de ce type approuvés en Europe.

Elle estime qu'il lui faudra encore trois ans pour présenter une demande officielle d'autorisation aux États-Unis.

Mais la société a rencontré des problèmes avec sa chaîne d'approvisionnement spécialisée à la suite de la pandémie,

Le mois dernier, M. Piat a déclaré à Reuters que la participation des actionnaires existants, dont Airbus, à une éventuelle levée de fonds constituerait un signal important.

Airbus, qui est au milieu d'une réorganisation centrée sur la construction d'avions, a soutenu Carmat à hauteur de 50 millions d'euros depuis sa création, mais a exprimé peu d'appétit pour investir de nouvelles sommes significatives, selon des personnes familières avec les discussions.

Carmat a confirmé lundi que ses ventes en Europe devraient atteindre entre 4 et 6 millions d'euros au second semestre 2023, et augmenter fortement en 2024.

Elle a maintenu sa prévision d'une capacité de production de 500 cœurs par an, contre 60 à 70 appareils réalisés en 2023.

Elle a indiqué travailler activement à d'autres solutions de financement et à des mesures permettant d'accroître sa visibilité financière.

(1 dollar = 0,9498 euro)