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Vols de poussettes : le business n'a jamais été aussi prospère
information fournie par Le Figaro 24/11/2014 à 10:29

ENQUÊTE - Les poussettes, dont le prix peut grimper à plus de 1000 euros, se revendent massivement sur la toile. Difficile pourtant de quantifier le phénomène en raison du faible nombre de plaintes déposées.

Une soixantaine de vols à Euro Disney, plus de 300 cas répertoriés dans les rues parisiennes... Ces derniers mois, plusieurs faits divers ont mis en lumière le business juteux du vol de poussettes et accessoires pour enfants. Le phénomène n'a jamais été aussi important en France à en croire les récits qui déferlent sur la Toile et les témoignages des vendeurs de magasin de puériculture. «Les vols sont très récurrents. Depuis deux ans environ, nous croisons énormément de parents qui en ont été victimes. À tel point que nous avons commencé à commercialiser des cadenas spéciaux pour poussettes», confirme Sylviane Attali, gérante du magasin La Do Ré, à Paris.

Combien de poussettes s'évanouissent ainsi dans la nature? Impossible de le savoir exactement car les parents renoncent généralement à porter plainte, sûrs de ne jamais retrouver leur bien. «Nous en entendons parler mais nous n'avons pas de statistiques pour ce type de vol», rapporte une source policière au Figaro . Le chiffre chez nos voisins britanniques, fourni par la compagnie d'assurance Liverpool Victoria, donne un aperçu: près de 340.000 familles anglaises en ont été victimes en 2012, 42% d'entre elles n'ayant pas porté plainte. Comme le révélait Slate l'an dernier, le marché noir des poussettes volées était estimé par la compagnie d'assurance Halifax Home à 46 millions d'euros en 2009 en Angleterre.

En France comme ailleurs, les vols ne datent pas d'hier, rappelle Corine, une maman qui s'est faite dérober sa poussette à Cannes, dans les années 1990. «Une Bébé Confort avec nacelle à 1500 francs (environ 230 euros, ndlr), offerte par mes parents, se souvient-elle avec émotion. J'ai dû refaire les 2 kilomètres qui me séparaient de la maison à pied, avec ma fille de trois mois et les sacs de courses dans les bras».

Mais ces dernières années, l'avènement des sites de vente en ligne a donné un coup d'accélérateur aux larcins. Ils ont désormais lieu en plein jour et partout: dans le hall de l'immeuble, chez le pédiatre, à la crèche, devant l'école, parfois dans la voiture ou le jardin. À peine volées, les poussettes se retrouvent majoritairement sur Le Bon Coin ou eBay, en l'état ou par pièce détachées. Sur ces sites, des centaines d'offres se mêlent à celles, honnêtes, d'autres particuliers: un cosy à 150 euros, un châssis à 59 euros ou une poussette entière à 545 euros... Lorsqu'elle est saisie, la police peut difficilement s'y repérer. «Une poussette, ce n'est pas comme une voiture, avec une plaque qui permet d'en retrouver la trace», confirme cette source policière.

Des poussettes à 1500 euros

Facilités par Internet, les vols sont motivés par les prix de plus en plus élevés des poussettes. Neuves, ces dernières se vendent en moyenne entre 200 et 1000 euros. D'après plusieurs magasins spécialisés, la plus volée est la Bugaboo, star des poussettes utilisée par Kate Middleton, Victoria Beckham ou Gwyneth Paltrow. Cette marque hollandaise- au chiffre d'affaires de 94 millions d'euros en 2012 - est réputé pour ses poussettes design et pratiques dont le prix peux grimper jusqu'à 1500 euros. Le modèle le plus vendu en vaut un peu plus de 600. Autre marque visée: la novégienne Stokke, comme en a fait l'expérience Marine, habitante du quartier de la Bastille, à Paris. «Elle valait 850 euros. Je l'avais déposée deux minutes dans le hall de l'immeuble, le temps de monter trois courses et de repartir. Quand je suis revenue, elle n'était plus là. J'ai très mal vécu ça», confie-t-elle, amère.

Les poussettes moins onéreuses, voire d'occasion, ne sont pas à l'abri. «On m'a volé ma poussette il y a deux ans, dans le hall de mon immeuble. C'était une poussette d'occasion de marque Bébé Confort. Nous ne laissions que le châssis dans le hall mais il a quand même disparu!», s'indigne Maud, gérante du blog mamanmaudtesteuse. «Finalement, nous avons racheté une poussette canne assez légère pour que nous puissions la monter avec nous dans l'appartement. On ne l'a laisse jamais dans le hall», raconte-t-elle.

Pour les victimes, les recours sont quasi-inexistants. L'assurance n'intervient que très rarement. «Les poussettes étant des biens mobiliers, le vol, les détériorations suite au vol ou l'incendie seront garantis si l'événement survient à l'intérieur de l'habitation du sociétaire et dans les conditions prévues au contrat. A contrario, ne sont pas garantis les vols hors de l'habitation, c'est à dire ceux survenant en tous lieux: dans le hall de l'immeuble, dans la rue...», explique une porte-parole de la Macif. «Les poussettes ont très souvent un coût élevé. Le seul conseil que nous pouvons donner est de ne jamais les laisser sans vigilance en dehors de son habitation», ajoute-t-elle.

Une concurrence «féroce»

L'impact financier est important pour les familles, forcées de racheter une autre poussette. «C'est un objet dont on peut difficilement se passer au quotidien lorsque l'on a un bébé. Le vol est pour cela très handicapant», confirme Sylviane Attali. Les magasins de puériculture en profitent-ils? «Non, assure la vendeuse. Les gens rachètent une poussette moins chère. D'ailleurs, les poussettes volées, revendues à un prix bas, sont une concurrence féroce pour nous. Quant aux nouveaux parents, ils sont plus méfiants et choisissent en premier achat une poussette moins haut de gamme». Les chiffres semblent le confirmer: selon les Echos , le marché des poussettes est marqué par la montée en puissance des marques distributeur, qui ont pris 20% du marché en six ans, et le boom des ventes d'occasion.

Quel que soit le choix des parents, les vendeurs appellent désormais leurs clients à faire preuve d'une grande vigilance en attachant leurs poussettes ou en évitant de les laisser dans les halls ou les voitures. «Il faut aussi responsabiliser les mairies afin qu'elles sécurisent les locaux à poussette, à la crèche ou chez le pédiatre, avec des barres pour attacher les anti-vols ou même des caméras!», conclut l'une des victimes.

7 commentaires

  • 25 novembre 06:11

    Faut pas "pousser".....


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