Un samedi après-midi pluvieux. Une arrière-salle au fond d'un bistrot. Les « Rapides Roussillonnais, Caussenards, Bretons ou Nivernais » éclaboussent le trottoir d'en face. Un demi, quelques pièces d'un franc. L'ancêtre du jeu vidéo attend son public coincé entre la porte des latrines et ce juke-box où Nino fredonne « Le Sud » pendant que Schönberg fait son premier pas.
C'est parti pour deux heures, au moins, passées à envoyer la bille dans le buste dépoitraillé d'une aventurière en tenue de combat. Non sans une certaine solennité, chacun fait de son mieux pour décrocher quelques parties gratuites. De celles qu'il faudra peut-être disputer avec la fille du garagiste qui patiente, lascive et blasée, perchée sur un tabouret recouvert de moleskine rouge dans cette condescendance du regard que l'on nomme, selon le cas, séduction ou vacuité. C'était chez Lucie, Suzanne, Françoise, peut-être même chez Laurette, allez savoir… Que de parties jouées, que de parties perdues depuis ce temps-là.
Lettre à Fernand qui tenait un bistrot de campagneAlors forcément l'on se souvient du commentateur de télévision que personne n'écoutait, de ces coupes de foot alignées sur une étagère où étaient rangés les tickets du tiercé, de ces ouvriers accoudés au bar sur leur cinquième pastis, de ce veuf, toujours le même, assis à la table du fond les yeux perdus dans les bossoirs de la taulière, qui sirotait son Byrrh citron, d'une
... Source LePoint.fr
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer