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Comparer les vols selon leur émission carbone, bonne idée ou coup de com?
information fournie par Le Figaro 22/01/2020 à 11:21

Sujet à la culpabilité écologique, voyager en avion est de plus en plus décrié. Mais certains outils peuvent vous aider à voler à moindre impact carbone.

Le «flygskam» ou «flight shame» va-t-il vraiment finir par changer nos habitudes avant d’acheter un billet d’avion? Ce nouveau phénomène qui se traduit par «la honte de prendre l’avion» est tout droit inspiré de la Suède. Les habitants du royaume prennent en moyenne cinq fois moins l’avion que les autres pays - un phénomène accentué par la jeune militante écologique Greta Thunberg. La jeune activiste mondiale pour le climat boycotte ce mode de transport et privilégie le «slow travel».

En France, si la part de pollution produite par les déplacements en voiture est plus importante, puisque 77% des habitants se déplacent en automobile, contre 1,8% en avion, c’est bien le voyage par les airs qui pollue le plus: 85,5 grammes de CO²/km pour les quatre roues contre 144,6 grammes CO²/km pour l’avion, selon les chiffres de l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie).

Le site Easyvoyage.com a bien compris la vague mondiale de culpabilité du flygskam et décidé de surfer sur cette vague. Selon un sondage réalisé par ce comparateur auprès de 1051 personnes, 80% des personnes sondées aimeraient connaître de manière précise l’impact environnemental de leur voyage. Le site a donc mis en ligne un écocomparateur. Cet outil, lancé il y a quelques jours, permet de comparer l’empreinte carbone générée par un trajet en avion. Les recherches, à l’origine triées par prix et par temps de trajet, (le moins cher et le plus rapide) peuvent aussi être rangées en fonction de leur vertu écologique: avec un nouvel onglet «plus responsable» . Une aubaine pour voyager à moindre coût... pour le climat. Chaque indice de CO² est également comparé avec une donnée plus ludique: un Paris-Nice émet autant de CO² qu’un arbre est capable d’en absorber en 10 ans de vie.

Marge d’erreur

Le calcul de ce bilan carbone émis lors d’un vol est apprécié selon plusieurs indicateurs, le premier étant bien sûr la distance. Plus l’on voyage loin, plus l’impact carbone par personne est important. On multiplie ensuite cette distance par un facteur d’émission moyen donné par l’Ademe, qui se base elle-même sur un indice établie par la DGAC (Direction générale de l’Aviation civile), dotée d’un outil de mesure « plus sophistiqué» , selon Marc Cottignies, expert du transport aérien à l’Ademe. Un autre critère est ajouté pour les vols en classe business ou première: plus un siège va prendre de place, moins il y aura de voyageurs, et plus le ratio de CO² par personne augmentera. Un vol en classe supérieur sera donc toujours plus polluant qu’un trajet en vol économique. De la même façon que le taux effectif de remplissage de l’avion influe sur l’impact carbone par personne.

Les vols avec escale ont aussi un bilan carbone plus élevé puisqu’il faut calculer deux trajets différents (et donc multiplier par deux les phases les plus émettrices de CO²). Ce qui n’empêche pourtant pas de trouver des vols avec escale beaucoup moins chers que des vols directs.

Mais les chiffres donnés par la plupart des comparateurs qui se basent sur ceux de l’Ademe, dont celui d’Easyvoyage.com sont « approximatifs », explique l’expert. La plateforme le reconnaît elle-même en indiquant «un ordre de grandeur réaliste » et non « une valeur exacte ». En effet, lors d’un décollage (c’est l’étape la plus gourmande en consommation) et d’atterrissage, l’émission de gaz à effet de serre est à son apogée. Et ce chiffre varie selon le type d’avion et de compagnie, deux données que le site ne prend pas en compte.

A titre d’exemple, sur Easyvoyages.com, pour un vol Paris-Tokyo le trajet le moins cher revient à 474 euros et émet 2289 kg de CO² par personne. Le vol le plus écoresponsable, coûte, lui, 1356€ . Une énorme différence qui permet d’économiser seulement 85 kg de CO² par personne, ce trajet, jugé plus économique en carbone, émettant 2204 kg de CO² (équivalent d’un Paris-Nice) . «Cet écart correspond à la marge d’erreur» , indique Marc Cottignies. « Le site permet plutôt de donner un ordre de grandeur des émissions de son trajet mais pas de les comparer en raison de cette approximation. Contrairement au message du comparateur qui prône l’engagement en faveur du climat en vous aidant à faire des choix éclairés entre différents trajets proposés, je pense qu’il faut plutôt inciter les voyageurs à faire un choix éclairé par la connaissance de leur «budget carbone ».

De plus en plus de compagnies aériennes choisissent aussi de mettre en avant, au moment du paiement, des initiatives en faveur du climat pour inciter aux dons et ainsi «compenser son empreinte carbone» dans une logique de déculpabilisation . L’Ademe vise depuis plusieurs années l’obligation pour les compagnies d’inscrire systématiquement l’émission carbone dans les recherches. «Mais elles sont très peu à le faire» , déplore l’expert de l’institution. «Elles ont tendance à cacher l’info car ce n’est pas vendeur» . Et voici un conseil pour voyager sans remords jusqu’au pays du soleil levant: il faut, tout simplement, « éviter de se rendre au Japon ». Mais certains vous glisseront que «ce serait dommage».

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