Japon-Vers un revers pour coalition au pouvoir, selon les premières estimations information fournie par Reuters 20/07/2025 à 14:56
(Actualisé tout du long)
par Tim Kelly
Le Parti libéral-démocrate (PLD) du Premier ministre Shigeru Ishiba est en passe de perdre sa majorité à la Chambre haute du Parlement japonais, selon les premières estimations à la sortie des urnes, fragilisant la coalition au pouvoir à l'approche de la date butoir des négociations commerciales avec Washington.
Si le scrutin ne scelle pas le destin du gouvernement japonais, la pression s'accentue sur Shigeru Ishiba qui a vu son parti perdre en octobre le contrôle de la Chambre basse, la plus influente, à l'occasion de la défaite la plus cuisante pour le PLD de ces 15 dernières années.
Désormais sous la menace d'une motion de censure, le PLD, au pouvoir pendant l’essentiel de l’après-guerre, devait obtenir 50 des 125 sièges à pourvoir pour conserver sa majorité face aux partis d'opposition.
Selon les premières estimations de la chaîne nippone NHK, le PLD serait crédité de 32 à 51 sièges. D'autres estimations font état d'une quarantaine de sièges en faveur du parti de Shigeru Ishiba.
Dans un contexte inflationniste, les partis d'opposition ont promis des réductions d'impôts et des dépenses sociales pour atténuer le choc, tandis que le PLD, avec un œil sur un marché très volatil des obligations d'État, appelle à la retenue budgétaire.
"Les estimations montrent que les foyers veulent une baisse des impôts pour lutter contre l'inflation, ce à quoi s'oppose le PLD. Les oppositions s'en sont emparées et ont martelé ce message", analyse David Boling, directeur de la boîte de consulting Eurasia Group.
Ce revers pour la coalition pourrait provoquer l'inquiétude des marchés et perturber les négociations commerciales entre la quatrième puissance mondiale et les Etats-Unis qui doivent s'achever le 1er août.
Les impôts douaniers américains pourraient peser sur l'économie et forcer le gouvernement à prendre des mesures pour aider les foyers japonais frappés par l'inflation, qui ont vu le prix du riz doubler depuis l'an dernier.
Le parti populiste Sanseito pourrait être le grand vainqueur du scrutin du jour, crédité de 10 à 15 sièges alors qu'il n'en possède qu'un seul dans l'actuelle mandature.
Le slogan du parti, "Les Japonais d'abord", et ses alertes contre l'"invasion silencieuse" des étrangers ont permis à Sanseito, parti autrefois marginal, à sortir de l'ombre.
"Je suis en études supérieures mais je ne vois aucun Japonais autour de moi. Ce sont tous des étrangers", déplore Yu Nagai, 25 ans, qui dit avoir voté pour le parti Sanseito, qui souhaite lutter contre l'immigration, l'afflux de capitaux étrangers et revenir sur les mesures en faveur de l'égalité entre hommes et femmes.
"Quand je vois comment l'argent est dépensé pour les aides en faveur des étrangers, je pense que l'on manque un peu de respect au peuple japonais", poursuit l'étudiant.
(Reportage de Tim Kelly avec Rikako Maruyama; version française Zhifan Liu)