La saga A. Lange & Söhne : l'histoire d'une renaissance
Partenaire•07/06/2014 à 17:00 Temps de lecture: 3 min

Editée à six exemplaires en 2013, la Grande Complication est la montre la plus complexe jamais fabriquée par A. Lange & Söhne. Elle permet la prise de mesure de temps courts grâce à la complication de chronographe monopoussoir avec fonction rattrapante et seconde foudroyante. Elle dispose également d'un calendrier perpétuel avec phases de lune, de la complication de grande sonnerie et petite sonnerie, ainsi que la fonction de répétition minutes sur deux timbres.
Contrairement aux idées reçues, il n'y a pas que les Suisses qui brillent en matière de belles mécaniques horlogères. À l'image de Bréguet en France, ou de Panerai en Italie, les exemples de maisons prestigieuses ne manquent pas à l'extérieur des frontières helvétiques. Fondée en 1845, la marque A. Lange & Söhne fait quant à elle la fierté de l'Allemagne. Retour sur l'histoire incroyable de cette manufacture, qui a failli disparaître dans les années 1950, avant de faire un come-back remarqué dans les années 1990.
Le rôle crucial du père fondateur, Ferdinand A. Lange
Ferdinand Adolph Lange naît en 1815 à Dresde. A la séparation de ses parents, il est placé dans une famille d'accueil qui l'envoie en apprentissage auprès d'un célèbre horloger, Johann Christian Friedrich Gutkaes, qui est notamment gardien de l'horloge de la tour de la cour royale de Dresde. Après avoir fréquenté l'école Polytechnique, il part approfondir ses connaissances en horlogerie là où elle est, à l'époque, la plus pointue : en France, en Angleterre et en Suisse. A son retour en Allemagne, il est embauché par Gutkaes, dont il épouse la fille en 1842, avant de devenir copropriétaire de l'entreprise.
Doté d'une véritable conscience sociale, et de nature très croyante, Ferdinand A. Lange est touché à l'époque par la pauvreté qui sévit dans la région des Monts métallifères. En 1843, il commence à négocier ardemment avec le ministre royal saxon de l'intérieur pour ouvrir une manufacture de montres à Glashütte, une ville située à une trentaine de kilomètres de Dresde. Il finit par obtenir un prêt qui lui permet de former 15 jeunes de Glashütte au métier d'horloger. Cet événement constitue le début de la renaissance pour cette petite ville, dont Ferdinand A. Lange fut maire pendant 18 ans, et la genèse de l'aventure A. Lange & Söhne.
La fondation de l'industrie de haute horlogerie saxonne voie le jour en 1845. Le travail acharné de Ferdinand A. Lange paie et la région passe progressivement de la pauvreté à la prospérité dans le sillage de sa société. Sa manufacture fait appel aux services de fabricants de boîtiers, de doreurs, de graveurs, et sous-traite les composants d'autres manufactures, dont certaines fondées par ses anciens apprentis. En 1868, il décide de s'associer avec son fils Richard. A cette occasion, la société est rebaptisée A. Lange & Söhne ("A. Lange et Fils" en Français).
Le calme avant la tempête
A la mort de Ferdinand A. Lange, le 3 décembre 1875, la manufacture est florissante et croule sous les récompenses. De l'échappement à ancre de Glashütte, au balancier compensateur, en passant par les raquetteries de précision ou les spiraux de balanciers avec spires terminales spéciales, ses inventions ont révolutionné le monde de l'horlogerie. Toutes ces innovations permettent aux montres A. Lange & Söhne de figurer parmi les modèles les plus convoités de l'époque.
Si la société réussit à survivre à la Première guerre mondiale, grâce à la fabrication de chronomètres pour la Marine, elle ne résistera pas à la Seconde. La manufacture est détruite puis expropriée par le régime communiste qui s'installe à l'Est de l'Allemagne. Walter Lange, arrière-petit-fils et actuel représentant de la marque, se voit alors contraint de fuir en Allemagne de l'Ouest pour échapper aux travaux forcés dans les mines d'uranium. L'entreprise disparaît finalement en 1951, lorsque les sociétés saisies à Glashütte fusionnent pour former le combinat d'Etat VEB Uhrenwerk Glashütte. À compter de cette date, les garde-temps A. Lange & Söhne accèdent au rang de mythes chez les collectionneurs.
La renaissance sous la baguette de Walter Lange
Installé à Pforzheim après l'expropriation, Walter Lange rentre finalement à Glashütte en 1990, après la réunification de l'Allemagne. Epaulé par Günter Blümlein, alors directeur de IWC International Watch Co. , il fonde à 66 ans Lange Uhren GmbH le 7 décembre de la même année. La première montre de cette nouvelle ère sort finalement en 1994, après la reconstruction de la manufacture. Cette année-là, seulement 165 unités voient le jour.
Walter Lange, soucieux d'assurer une sécurité financière à la firme, rejoint le groupe horloger Les Manufactures Horlogères (LMH). En 2000, LMH est racheté par le groupe Richemont Suisse, qui détient certaines des maisons les plus luxueuses et les plus renommées de la planète : IWC, Vacheron Constantin, Jaeger-Lecoultre, Piaget, Baume & Mercier, Panerai. . . Aujourd'hui, A. Lange & Söhne fait plus que jamais rêver les amateurs de garde-temps d'exception. Un modèle d'entrée de gamme vous coûtera environ 12 000 euros, avec des montres qui peuvent atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros. A ce prix-là, on a le droit de rêver.