Faute de crédits, les réservoirs des véhicules de gendarmerie sont à sec.
Selon des parlementaires de lopposition qui ont auditionné le directeur général de la gendarmerie nationale, les crédits commencent à manquer chez les gendarmes pour payer carburant et loyers. Le député UMP Nicolas Dhuicq craint la cessation de paiement.
Les gendarmes vont connaître une fin de mois, voire dannée, difficile. Selon un communiqué du collectif de la Droite populaire, à la fin octobre, la gendarmerie nationale na plus les moyens de régler ses loyers aux collectivités territoriales. De plus, selon ces parlementaires, de nombreux logements de nos gendarmes sont insalubres, les familles doivent parfois vivre dans des appartements où, faute dargent pour le chauffage, la température chute à moins de 16 degrés.
Signé par une partie des députés de la Droite populaire, ce communiqué [cliquez ici pour le consulter] daté du 16 octobre fait suite à laudition, le matin même, de Denis Favier, le directeur général de la gendarmerie nationale, interrogé en cette période de préparation budgétaire sur les orientations concernant les crédits pour la gendarmerie.
Gel et surgel des crédits
Joint par Acteurs publics, Nicolas Dhuicq, signataire du communiqué avec 10 autres députés, assistait en tant que membre de la commission de la défense de lAssemblée nationale à cette audition. Le compte rendu de cette audition n'est pour l'heure pas public. Il faut donc s'en tenir aux allégations du collectif de parlementaires. Ex-patron du GIGN, nommé en avril dernier, Denis Favier doit affronter de plein fouet les conséquences du gel et plus encore du surgel des crédits décidés par Bercy, selon lanalyse faite par le député. Le ministère du Budget avait imposé en février dernier aux ministères, dans des proportions variables, un nouveau train déconomies à hauteur de 2 milliards deuros, en plus des 6 milliards déjà décidés pour 2013.
Le député UMP, qui est aussi maire de Brienne-le-Château (Aube), espérait bénéficier de crédits pour accueillir une nouvelle caserne sur son canton. Il lui faudra sans doute y renoncer. La gendarmerie ne bénéficie que de 6 millions deuros de crédits pour 2014 pour ses opérations immobilières, se lamente lélu, qui comptait sur les dotations de lÉtat pour boucler son projet.
Patrick Verchère, député UMP et maire de Cours-la-Ville, accueille dans sa commune du Rhône une brigade dune petite dizaine de gendarmes. Mais jusquà présent, la gendarmerie paye rubis sur longle les loyers,affirme le député-maire qui, lui, n'assistait pas à l'audition. Il na pas noté de difficulté particulière des gendarmes dans lexercice quotidien de leurs missions, à linverse de ce qu'affirme Nicolas Dhuicq. Le budget pour le carburant est insuffisant, indique ce dernier, ce qui signifie moins de patrouilles sur les territoires ruraux.
Peinture moins chère
Dans lincapacité de citer de chiffres précis, Nicolas Dhuicq affirme tout au plus que la situation est bien sûr très variable sur le territoire et dépend du périmètre couvert par une communauté de brigade. Dailleurs, un officier joint par Acteurs publics confirme, sous couvert danonymat, quil peut y avoir des difficultés. Nous assurons les urgences, mais pour les patrouilles et la prévention en général, nous en faisons moins et devons justifier nos déplacements, explique cette source.
En outre, et pour clore le chapitre déplacement, aucun véhicule na été acheté cette année, indique le député Nicolas Dhuicq. Patrick Verchère relevant de son côté que les véhicules neufs se font effectivement plus rares et quils ont changé de couleur. Pour lanecdote, le bleu marine foncé coûterait moins cher que lancien bleu qui recouvrait jusquà présent les carrosseries
Contactée par la rédaction, la direction générale de la gendarmerie nationale na pas donné suite à lensemble des propos rapportés par les députés de droite. Seul espoir désormais : que Bercy fasse un geste, sans quoila gendarmerie va se trouver en cessation de paiement, salarme Nicolas Dhuicq. Rapporteur pour avis, le député PS Daniel Boisserie, présent à l'audition du directeur général, déplorant la coupe dans les effectifs ces dernières années, se dit inquiet de l'état de vétusté de certaines casernes. Il espère obtenir une prolongation des systèmes de baux emphytéotiques. Ce montage autorise les sociétés privées immobilières qui contractualisent avec les collectivités à faire de la rénovation et de la mise aux normes des casernes.