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« Y a-t-il un risque de populisme en zone euro ? » par Christian Saint-Etienne (Cercle des économistes)
information fournie par Boursorama 09/02/2015 à 11:20

La zone euro est menacée par la populisme

La zone euro est menacée par la populisme

Les Grecs ont récemment porté la gauche radicale au pouvoir à Athènes. Alors que la nouvelle équipe a entamé ses négociations avec les créanciers internationaux, non sans mal, Christian Saint-Etienne met en garde contre un risque de mécontentement général populaire en Europe.

L’accession au pouvoir de Syriza, après les élections grecques du 25 janvier 2015, en alliance avec le parti des Grecs indépendants (Anel), s’est donc faite par un regroupement d’un parti d’extrême gauche et d’un parti souverainiste fondé sur le rejet par ces deux partis des mémorandums signés entre le gouvernement grec et la troïka (Commission européenne, BCE et FMI) depuis 2010. L’Anel, conduit par Panos Kammenos, est issu d’une rupture de ses membres d’avec la droite, Nouvelle Démocratie, lors du vote du deuxième mémorandum en février 2012.

Comme en France et en Grèce, les partis d’extrême gauche et d’extrême droite européens sont fongibles : ils ont les mêmes programmes économiques et le même rejet des règles et de la politique économique actuelle de la zone euro et de l’orientation pro-concurrentielle de l’Union européenne. Leurs électeurs se recrutent dans les mêmes milieux sociaux. La principale différence vient de la politique sur l’immigration : les populistes de gauche sont pour, et ceux de droite sont contre.

L’alliance de Syriza et de l’Anel est de ce point de vue contre nature. Dans un premier temps, Syriza et Anel vont tenter de faire plier la troïka sur la renégociation de la dette grecque. En cas d’échec, Syriza pourrait se tourner vers le parti centriste To Potami, pro-européen, qui compte 17 députés au Parlement grec.

La Grèce est un véritable laboratoire du risque populiste en zone euro.

C’est dans ce contexte explosif que le président et le gouvernement français entendent servir d’intermédiaires entre le gouvernement grec et la Commission européenne dans la renégociation éventuelle de la dette grecque. Cette négociation était sur le point d’aboutir avec le précédent gouvernement, avec pour objectif de limiter le poids du service de la dette grecque (intérêts et remboursement du capital), qui est aujourd’hui principalement détenue par les gouvernements de l’Europe de l’Ouest, à moins de 3% du PIB par an pour au moins les trois prochaines années, soit nettement moins qu’en Italie, France, Espagne ou Portugal.

Cela correspondait de fait à une annulation partielle de la dette grecque, sans le dire. Le nouveau gouvernement veut que l’on officialise la perte en capital. C’est ce qui s’appelle vouloir le beurre et l’argent du beurre et le reste.

Que le gouvernement français semble vouloir se prêter au jeu de cette renégociation inique apparaît comme insupportable et scandaleux en Allemagne sachant que la Grèce a déjà bénéficié d’une annulation de dette de 102 milliards d’euros de la part des créanciers privés au printemps 2012. De fait, la dette grecque de 322 milliards d’euros à fin 2014 aurait dû être de 424 milliards d’euros à la même date.

Les épargnants ouest-européens ont déjà perdu 102 milliards de créances il y a trois ans et on leur demande de contribuer à nouveau à hauteur de 100 milliards d’euros comme contribuables. Le traitement de ce dossier apparaît comme un constituant central de l’avenir politique et économique de l’Europe. A suivre avec attention…

Christian Saint-Etienne

Christian Saint-Etienne est professeur titulaire de la Chaire Jean-Baptiste Say d’économie industrielle au Conservatoire national des Arts et Métiers, président de l’Institut France stratégie. Docteur d’Etat es Sciences économiques il a été économiste au FMI et à l’OCDE.

Ses principaux domaines d’expertise sont : Politique monétaire et financière ; finances publiques et fiscalité ; stratégie et compétitivité des Etats et des entreprises.

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .

28 commentaires

  • 10 février 19:30

    à hmathian : comme l'ont fait les grecs , virer les dirigeants responsables ; et puis ...juger les coupables comme l'ont fait les Français en 1789


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