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La Russie tente de s'emparer d'un carrefour ferroviaire, Sievierodonetsk assiégée
information fournie par Reuters 27/05/2022 à 19:49

* Les séparatistes soutenus par Moscou disent contrôler Lyman

* Le gouverneur déclare que les deux tiers de Sievierodonetsk sont encerclés

* Washington et Kiev discutent d'armes à plus longue portée

par Natalia Zinets et Conor Humphries

KYIV/POPASNA, UKRAINE, 27 mai (Reuters) - Les forces russes présentes dans l'est de l'Ukraine ont conquis vendredi la ville de Lyman, un noeud ferroviaire stratégique, et ont encerclé la majeure partie de la ville de Sievierodonetsk, ont déclaré vendredi des responsables ukrainiens.

L'Ukraine a assuré néanmoins toujours contrôler ses lignes de défense dans la région orientale de Donbass malgré l'accélération de l'offensive russe.

Les séparatistes pro-russes ont déclaré qu'ils contrôlaient totalement la région de Lyman, que la Russie a attaquée par le nord dans le cadre de cette nouvelle offensive.

"J'ai bien peur que (le président Vladimir) Poutine continue à gagner du terrain dans le Donbass, s'exposant ainsi à en payer le prix fort, tout comme l'armée russe", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson à Bloomberg UK.

Les responsables ukrainiens ont reconnu que Moscou s'était emparé de la majeure partie de la ville. Mais le ministère de la Défense ukrainien a indiqué que ses troupes empêchaient toujours les Russes de lancer une offensive vers Sloviansk, une grande ville située à une demi-heure de route au sud-ouest.

À l'est, les forces russes ont encerclé les deux tiers de Sievierodonetsk et détruit 90% de ses bâtiments, a déclaré le gouverneur régional Serhi Gaïdaï. Il s'agit de la plus grande ville tenue par l'Ukraine dans le Donbass. La Russie a tenté d'encercler les forces ukrainiennes dans cette ville et à Lysychansk, sur la rive opposée du fleuve.

Le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiy Arestovych a déclaré cette nuit que Lysychansk était tombée entre les mains de l'armée russe, qui semble ainsi améliorer son efficacité tactique et opérationnelle.

Après l'échec de ses assauts sur Kyiv, la capitale, et Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine près de la frontière russe, la Russie concentre ses efforts sur la prise des deux provinces du Donbass, Donetsk et Louhansk, dont une partie du territoire est aux mains de séparatistes prorusses depuis 2014.

Les forces russes ont enfoncé la semaine dernière les lignes ukrainiennes au sud de Sievierodonetsk, dans la ville de Popasna.

Popasna, où des journalistes de Reuters ont pu se rendre jeudi en zone contrôlée par les Russes, n'est plus que décombres et bâtiments incendiés. Des chars et des véhicules militaires russes patrouillaient dans les rues accompagnés d'hélicoptères d'attaque volant à basse altitude, alors que gisait non loin dans une cour le corps boursouflé d'un combattant.

Désertant la cave où elle s'était abritée, Natalia Kovalenko est retournée vivre dans son appartement dévasté, où son balcon s'est effondré et ses fenêtres ont été souflées par les explosions.

Sans pouvoir détacher son regard de la cour, elle raconte que deux personnes y ont été tuées et huit blessées par un obus alors qu'elles étaient sorties pour cuisiner.

"Nous sommes fatigués d'avoir si peur", dit-elle.

Selon le ministère britannique de la Défense, les forces russes sont parvenues à s'emparer également de plusieurs villages situés au nord-ouest de Popasna.

DISCUSSIONS SUR LA FOURNITURE D'ARMES À LONGUE PORTÉE

Jeudi, les forces russes ont bombardé certains quartiers de Kharkiv pour la première fois depuis plusieurs jours. Les autorités locales ont déclaré que neuf personnes avaient été tuées.

Le Kremlin nie avoir visé des civils.

Dans le sud, où Moscou s'est emparé d'une grande partie du territoire depuis l'invasion du 24 février, les responsables ukrainiens estiment que Vladimir Poutine cherche à y installer dans la durée un régime pro-russe.

Le commandement sud de l'armée ukrainienne a déclaré que la Russie expédiait des équipements militaires depuis la Crimée, construisait une troisième ligne de défense pour se préparer à une éventuelle contre-attaque ukrainienne et pompait les ressources d'un réservoir derrière un barrage situé sur le fleuve Dniepr qui sépare les deux adversaires.

"Tout cela indique que la Russie tentera de garder les territoires occupés sous son contrôle", a-t-il ajouté.

Sur le front diplomatique, des responsables de l'Union européenne ont déclaré qu'un accord pourrait être conclu d'ici dimanche pour interdire les livraisons de pétrole russe par mer, qui représentent environ 75% de l'approvisionnement de l'Union, mais pas par oléoduc, un compromis visant à convaincre la Hongrie et à débloquer les nouvelles sanctions.

Dans une allocution prononcée dans la nuit, Volodimir Zelensky a critiqué l'UE pour ses hésitations concernant l'embargo sur l'énergie russe, estimant que les Vingt-Sept finançaient de fait l'effort de guerre de Moscou à hauteur d'un milliard d'euros par jour.

"Chaque jour de tergiversation (...) signifie simplement que davantage d'Ukrainiens sont tués", a-t-il déclaré.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, ont fourni à l'Ukraine des armes à longue portée, notamment des obusiers M777. Kyiv dit vouloir des armes à plus longue portée, notamment des lance-roquettes, pour l'aider à remporter les duels d'artillerie.

Selon des responsables américains, l'administration Biden envisage de fournir à Kyiv le lance-roquettes multiple mobile M142 (HIMARS), qui a une portée de plusieurs centaines de kilomètres.

Jusqu'à présent, Washington s'était abstenu de fournir de telles armes, en partie pour éviter une escalade si l'Ukraine devait frapper des cibles situées au cœur de la Russie. Des responsables américains et diplomatiques ont toutefois déclaré à Reuters que Washington avait discuté de cette question avec Kyiv.

"Nous sommes préoccupés par l'escalade, mais nous ne voulons pas imposer de limites géographiques ou leur lier trop les mains avec ce que nous leur donnons", a déclaré un responsable américain sous couvert d'anonymat.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que toute fourniture d'armes susceptible d'atteindre le territoire russe constituerait "un pas sérieux vers une escalade inacceptable".

La Russie qualifie son invasion de l'Ukraine d'"opération militaire spéciale" visant à y vaincre des "nazis". L'Occident décrit la situation comme une agression sans aucun fondement.

(Reportage Natalia Zinets, Conor Humphries et Pavel Polityuk à Kyiv, Vitaliy Hnidyi à Kharkiv avec les journalistes de Reuters à Popasna; rédigé par Peter Graff et Catherine Evans; version française Jean-Michel Bélot, édité par Nicolas Delame)

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