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Regards croisés sur les marchés entre deux experts de la finance
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 12/02/2020 à 15:00

Les actions sont favorisées par Patrick Artus, notamment les titres value. Une thématique souvent reprise par les experts financiers qui envisagent un retournement après 10 ans de surperformance du style growth. Même avis pour Bruno Crastes qui précise ne pas aimer le "vrai value" mais "le croissance devenu value".(Crédits photo : Adobe Stock -  )

Les actions sont favorisées par Patrick Artus, notamment les titres value. Une thématique souvent reprise par les experts financiers qui envisagent un retournement après 10 ans de surperformance du style growth. Même avis pour Bruno Crastes qui précise ne pas aimer le "vrai value" mais "le croissance devenu value".(Crédits photo : Adobe Stock - )

Echange entre Bruno Crastes (Directeur Général de H2O AM) et Patrick Artus (économiste du Groupe Natixis).

Gare aux méduses !

Premier point abordé : la mauvaise santé économique des émergents. « Ils ne vont pas tirer la croissance mondiale », prévient Patrick Artus, qui table sur une mauvaise passe durable. La Chine en particulier est visée. Pour Bruno Crastes, l'empire du milieu est « une balle de ping-pong qui descend les escaliers ».

Autre source de risque, le fait qu'un évènement inattendu aura beaucoup plus de conséquences en 2020 qu'en 2019 car toute surprise viendra impacter le prix des actifs. Bruno Crastes compare cette situation à la piqûre d'une méduse, qui attaque lorsque l'on nage sereinement dans la mer.

En ligne de mire, la seconde partie de l'année qu'il anticipe «beaucoup plus complexe » avec les élections américaines et des prix qui seront plus élevés. Plus que jamais, le fondateur de H2O AM insiste sur l'importance d'une boussole : «On a besoin d'un bon économiste... et d'un bon psychologue».

La cible principale de sa critique ? Les investisseurs "naïfs" et "mécanisés" qui font des budgets de risque, notamment à horizon un an. Ils n'ont pas acheté en 2019 compte-tenu de la forte baisse fin 2018 et reviendront sur les marchés courant 2020. «Ce sont des robots qui regardent tous derrière plutôt que devant eux», pointe Bruno Crastes.

La mort de l'investissement sans risque

Sur le marché obligataire, il y a aujourd'hui un assèchement de l'investissement sans risque. «Les banques centrales l'ont détruit, c'est pour cela qu'il est si cher», note Bruno Crastes.

Problème, les investisseurs ont besoin d'acheter des actifs sans risque. On pense en France aux fonds euros des compagnies d'assurance. Lorsqu'il n'y a plus assez d'obligations comme le Bund et qu'il faut rééquilibrer son portefeuille avec des actifs sans risque, certains investisseurs se tournent vers les treasuries. Le danger viendra d'une remontée des taux longs plus rapide que celle des taux courts, une situation "toxique" qui fera « beaucoup de dégâts dans l'industrie».

Il n'y a donc aucun intérêt à être investi sur les marchés obligataires selon Bruno Crastes. «Nous ne finançons pas la naïveté des investisseurs internationaux à acheter des treasuries», assure-t-il.

Sachant que personne ne voudra être investi en obligations, Patrick Artus annonce une très importante logique de flux qui amènera de petits chocs sur les marchés. « Ils donneront une seconde vie à nombre d'actifs stupides comme l'or», indique l'économiste.

Sortir des taux négatifs... sans causer un krach

Concernant les banques centrales, les deux experts ne sont pas d'accord sur la chronologie des hausses de taux à venir.

Pour Patrick Artus, la Banque centrale européenne doit rapidement sortir de "l'aberration" des taux négatifs. Ce qui le choque le plus est que l'on ne sache plus calculer la valeur fondamentale d'un actif. Les valorisations sont devenues forfaitaires. «On a déjà une bulle immobilière dans la zone € et elle va continuer car en théorie, tous les actifs immobiliers valent + l'infini», souligne-t-il.

Il mise ainsi sur la capacité qu'aura Christine Lagarde à consulter le conseil de la BCE, en comparaison d'un Mario Draghi "totalement totalitaire". «Il pensait qu'il pouvait tout décider tout seul. Sa seule motivation n'était pas l'inflation, mais d'empêcher le retour de la crise des dettes publiques», estime l'économiste de Natixis.

D'après Bruno Crastes, il sera en revanche difficile pour la BCE de sortir du schéma actuel. «Le "QE infinity" est une bombe à retardement. Si vous décidez de changer cela seul, vous êtes sûr de créer un krach. Si la BCE monte ses taux, il faudra vendre avant car cela va faire énormément de dégâts», alerte le gérant. Celui-ci est donc certain que la BCE ne peut pas monter ses taux seule, mais seulement après la Réserve Fédérale américaine.

Et il faut également faire les choses dans l'ordre, à savoir créer plus de croissance grâce un choc fiscal pour permettre une politique monétaire en adéquation. La clé de la réussite d'une remontée des taux en Europe passera par l'épargne privée pour le dirigeant de H2O AM. «Les dettes publiques sont déjà mutualisées mais l'avenir de l'Europe passe par cette réorientation de l'épargne privée», estime-t-il.

Le moment de passer à l'action

Une fois le contexte posé et les obligations écartées, que reste-t-il ?

Sans surprise, les actions sont donc favorisées par Patrick Artus, notamment les titres value. Une thématique souvent reprise par les experts financiers qui envisagent un retournement après 10 ans de surperformance du style growth. Même avis pour Bruno Crastes qui précise ne pas aimer le "vrai value" mais "le croissance devenu value".

En termes de géographie, ce dernier met en garde contre le manque d'investisseurs domestiques en Europe, à l'origine d'actions européennes "pas chères" mais beaucoup plus volatiles et qui « perdent beaucoup dès qu'il y a un problème ». Elles coûtent donc plus cher en risque que les actions américaines dans un portefeuille.

Cependant, Bruno Crastes définit comme "secondaire" l'arbitrage entre régions et préfère jouer à l'intérieur de ces zones sur les mauvaises valorisations de certains secteurs ou de certains styles.

1 commentaire

  • 12 février 15:21

    Deux très grands professionnels qui comprennent mieux que les autres ce qui se passe. ça change de ces faux prophètes myopes soucieux de ne pas perdre la face. Excellent article; enfin.


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