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Malgré l'instabilité politique, la France échappe à une dégradation par S&P
information fournie par AFP 30/11/2024 à 04:12

Après les avertissements de Moody's et Fitch, l'agence de notation S&P dévoile vendredi sa nouvelle évaluation de la dette souveraine de la France ( AFP / Alastair Pike )

Après les avertissements de Moody's et Fitch, l'agence de notation S&P dévoile vendredi sa nouvelle évaluation de la dette souveraine de la France ( AFP / Alastair Pike )

L'agence de notation S&P a maintenu inchangées vendredi la note "AA-" de la France et sa perspective stable, soulignant les efforts du gouvernement pour redresser des finances publiques très dégradées, tout en pointant les risques liés à l'instabilité politique.

Très attendue, la décision de l'agence américaine intervient en pleine crise politique et budgétaire pour le gouvernement, qui joue sa survie au prix d'importantes concessions sur le budget pour 2025.

"Malgré l'incertitude politique, nous nous attendons à ce que la France se conforme - avec un délai - au cadre budgétaire européen et consolide progressivement ses finances publiques à moyen terme", a indiqué S&P dans un communiqué, soulignant le caractère "ouvert" et "diversifié" de l'économie française.

Si le maintien de la perspective stable signifie que la note ne devrait pas bouger dans un avenir proche, S&P souligne cependant ne pas exclure une dégradation "si le gouvernement ne se montre pas capable de réduire son important déficit public ou si la croissance économique tombe en deçà de nos projections pour une longue période".

Le ministre de l'Economie, Antoine Armand, a salué la décision de S&P, qui selon lui "témoigne du crédit accordé au gouvernement pour réduire le déficit et redresser nos finances publiques".

"L'agence souligne toutefois le risque associé à l'incertitude politique qui viendrait remettre en cause cette trajectoire", a-t-il ajouté dans une réaction écrite transmise à la presse.

Minoritaire, le gouvernement multiplie les compromis pour tenter d'échapper à une motion de censure, qui pourrait intervenir dès la semaine prochaine sur le budget de la Sécurité sociale s'il recourt au 49.3 pour le faire adopter sans vote.

- "Risque considérable" -

Après un recul sur les retraites ou les cotisations patronales, le gouvernement a accepté de ne pas augmenter une taxe sur l'électricité au-delà de son niveau d'avant-bouclier tarifaire afin de satisfaire le Rassemblement national qui menace de s'allier à la gauche pour le renverser.

Malgré tout, le risque demeure. La cheffe de file du RN, Marine Le Pen, ne semblait pas vendredi disposée à renoncer à une censure du gouvernement la semaine prochaine.

En mai, S&P avait abaissé d'un cran la note française, de "AA" à "AA-", soit l'équivalent d'un 17 sur une échelle de 20 niveaux de notation. Les deux autres grandes agences mondiales, Moody's et Fitch, avaient elles lancé un avertissement en octobre en abaissant la perspective à négative.

Malgré des concessions sur son projet de budget, qui prévoyait initialement 60 milliards d'euros d'économies en 2025, le Premier ministre Michel Barnier a assuré faire "tout pour rester autour de 5%" de déficit public par rapport au PIB, après un dérapage attendu à 6,1% en 2024. La France repasserait sous le plafond européen de 3% en 2029, une trajectoire validée mardi par Bruxelles.

La dette (112% du PIB à presque 3.230 milliards d'euros fin juin) n'amorcerait une lente décrue qu'à partir de 2028.

Dans son analyse, S&P relève "plusieurs améliorations structurelles" de l'économie française ces dernières années, notamment en faveur de la compétitivité et l'emploi, et estime que les mesures proposées par le gouvernement dans son projet de budget permettraient de réduire le déficit d'un peu moins d'un point de PIB.

Elle souligne toutefois qu'il existe "un risque considérable que ces propositions puissent être davantage édulcorées", et qu'"après 2025, la trajectoire budgétaire est incertaine".

- "Songeur" -

L'incertitude politique, qui se prolonge depuis la dissolution de l'Assemblée en juin, agite déjà les marchés. L'écart ("spread") entre les taux souverains français à 10 ans et ceux de l'Allemagne, considérée comme une valeur refuge en Europe, a atteint en début de semaine un pic depuis 2012.

Le taux d'emprunt de la France est supérieur à ceux de l'Espagne et du Portugal, et pour la première fois, il a dépassé brièvement celui de la Grèce.

"La décision de S&P laisse songeur car elle revient à maintenir la note attribuée aux titres d'Etat de la France quatre rangs au-dessus" de la notation de l'Espagne, a commenté Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, dans une réaction écrite à l'AFP.

"Les concessions faites aux différents camps ont de plus obscurci un peu plus une trajectoire déjà bien incertaine quand bien même elle avait obtenu un quitus de la part de la Commission européenne il y a quelques jours. Visiblement, S&P ne fait pas la même lecture que les opérateurs de marché", a-t-il ajouté.

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