STRASBOURG, 21 janvier (Reuters) - L’absence de délégation russe, lundi à Strasbourg, pour l’ouverture de la session de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a renforcé la perspective de voir la Russie quitter l’organisation dans l’année, conséquence d'une crise née avec l'annexion de la Crimée. Faute de s’être présentés lundi, les parlementaires russes ne pourront plus siéger avant l’an prochain. Et, faute d’être représentée à l’APCE, la Russie continuera à ne plus verser sa contribution au budget du Conseil de l’Europe et encourra des sanctions à compter du mois de juin, soit après deux ans de non-paiement. Moscou a fait savoir par avance que toute sanction serait jugée inacceptable. "S’il n’y a pas de solution en juin, il y a une grande possibilité que nous quittions le Conseil de l’Europe", a confirmé vendredi le représentant permanent de la Russie auprès du Conseil de l’Europe, Ivan Soltanovski, devant la presse. La présidente de l’Assemblée parlementaire, la sociale-démocrate Liliane Maury-Pasquier (Suisse), a regretté cette situation. "Le fait qu’un Etat membre, la Fédération de Russie, ne soit pas représenté au sein de l’Assemblée, mais participe aux travaux de autres instances de l’organisation, est contre-productif", a-t-elle dit à l’ouverture de la séance. "C’est l’avenir de l’organisation qui est en jeu et il nous appartient donc de trouver une solution", a-t-elle ajouté. La crise a débuté en avril 2014 quand l’APCE a privé de ses droits de vote la délégation russe pour sanctionner l’annexion de la Crimée par Moscou et l’approbation de cet état de fait par le parlement russe. Si les sanctions, qui avaient été reconduites sur un mode allégé en 2015, ne sont valables que pour un an, les parlementaires russes refusent de siéger à Strasbourg depuis lors, tant que le principe même des sanctions pour raisons politiques n’y est pas aboli. Grand contributeur au budget du Conseil de l’Europe, le gouvernement russe a attendu juin 2017 pour manifester son mécontentement en cessant de verser sa quote-part de 33 millions d’euros par an (11% du budget de l’organisation). Mise sous pression par le Comité des ministres - l’organe exécutif du Conseil dont une majorité des membres souhaite maintenir le dialogue avec la Russie -, l’APCE a tenté de trouver un compromis, le 10 décembre dernier, en modifiant les aspects juridiquement les plus litigieux de son règlement. La suspension des droits de vote d’une délégation ne s’applique plus, désormais, à l’élection du secrétaire général du Conseil de l’Europe, du commissaire aux droits de l’homme et des juges à la Cour européenne des droits de l’homme, les seuls votes par lesquels cette assemblée consultative dispose d’un pouvoir sur le fonctionnement de l’organisation. Les deux chambres du Parlement russe ont estimé, la semaine dernière, que le compte n’y était pas, en se prononçant contre le retour de leur délégation à Strasbourg. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)
La Russie se rapproche d'un départ du Conseil de l’Europe
information fournie par Reuters 21/01/2019 à 15:06
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