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« La défiance envers la Bourse repose sur des croyances erronées »
information fournie par Boursorama 24/10/2018 à 10:05

Manque de culture financière, a priori négatif sur les marchés, mauvaise perception du risque…  les freins qui bloquent les épargnants lorsqu’il s’agit d’investir en bourse ne manquent pas.

Manque de culture financière, a priori négatif sur les marchés, mauvaise perception du risque… les freins qui bloquent les épargnants lorsqu’il s’agit d’investir en bourse ne manquent pas.

Manque de culture financière, a priori négatif sur les marchés, mauvaise perception du risque… Voici les principaux freins qui bloquent les épargnants lorsqu'il s'agit d'investir en bourse, selon Sandy Campart, enseignant chercheur à Caen, et directeur de l'IUP Banque Finance Assurance. Fort de ce constat, le chercheur a donc pris la plume. Son livre «Et si on osait investir en Bourse ? » a pour but de former les conseillers en gestion de patrimoine, avec un objectif, celui de « démystifier les placements boursiers et d'offrir quelques pistes de réflexion à des épargnants soucieux de réaliser des choix patrimoniaux qui soient à la fois raisonnables et optimaux ».

Boursorama : Comment vous est venue l'idée d'écrire ce livre ?
Sandy Campart : La Bourse nous semble familière mais elle reste méconnue. Pourtant, tout le monde connait le CAC 40, l'indice phare de la place parisienne, mais les épargnants ne comprennent pas vraiment ce qu'il reflète. Idem pour le monde de la finance qui souffre d'une mauvaise image, en plus d'être considéré comme placement risqué et peu rémunérateur. Les Français se souviennent par exemple que le CAC40 tutoyait le seuil des 7.000 points au début des années 2000. Or, dix-huit ans plus tard, l'indice vaut 5.000 points ce qui laisse penser que le CAC40 a perdu de la valeur en l'espace de dix-huit ans. Or c'est une vision en partie erronée, car si l'on regarde, le CAC gross total return , un indice équivalent qui intègre les dividendes réinvestis, on s'aperçoit que l'indice a bondi de 69% sur la période… une performance à faire pâlir d'envie les autres placements.  Ce livre a pour objectif de démystifier la Bourse et de déconstruire ces idées reçues.

Boursorama : Pourquoi la Bourse est-elle associée au mieux à un casino au pire à une dérive du capitalisme?
Sandy Campart :  La bourse est un océan d'informations qui laisse à penser qu'aucune force pertinente ne guide les cours et que les vents sont créés pour allonger la liste des naufragés. Qui n'a jamais lu un article sur la finance folle, la Bourse casino, le miroir aux alouettes, l'hystérie des salles de marchés ? Pourtant la Bourse est utile socialement, dans son rôle de financement de l'économie et de couverture des risques notamment. Il y aussi toute cette filmographie boursière généralement inspirée d'évènements réels. Ces films développent souvent les mêmes thèmes autour de personnage rendus célèbres par leurs errements et leur excès, ce qui contribue à renforcer le fantasme d'une finance folle qui serait complètement décorrélée de la réalité.

Boursorama : Comment expliquez-vous la faible appétence des épargnants pour les placements boursiers ?
Sandy Campart : La faible appétence des épargnants pour les produits financiers s'explique en grande partie par des croyances erronées concernant le rôle de la Bourse, une appréciation du risque mal maitrisée, la difficulté à décrypter les évolutions de cours, et une insuffisante prise en compte des bienfaits de la diversification. Il y a donc des raisons psychologiques, et notamment une culture financière très faible.

Boursorama : Pensez-vous que les français sont mauvais en matière de gestion patrimoniale ou bien qu'ils n'osent pas prendre de risque ?
Sandy Campart : Un peu des deux. Toutes les enquêtes menées auprès des épargnants sont édifiantes : ceux-ci ont un très faible niveau de culture financière notamment parce qu'il n'est pas rare de traverser une scolarité complète sans avoir suivi un cours de finance. Il n'est donc pas étonnant que moins d'un Français sur trois considère qu'il a les connaissances suffisantes pour lire la presse financière. De plus, l'épargnant français appréhende très mal le risque. Pour lui, l'idée même de perdre du capital est inconcevable. A contrario, l'investissement immobilier semble jouir d'une totale immunité. Les épargnants sont nombreux à considérer que l'achat d'un bien locatif est sûr, liquide et plus rémunérateur que n'importe quel autre placement. La déconvenue d'un investissement boursier sera toujours jugée plus sévèrement qu'un investissement immobilier, notamment parce que contrairement à l'immobilier, une action est liquide et peut être vendue à tout moment. Les marchés sont transparents, les épargnants ont tendance à regarder le cours tous les jours, alors qu'on ne visualise pas l'évolution du prix immobilier car il ne « cote » pas tous les jours.

Boursorama : Quels sont les conseils que vous donneriez à un particulier qui veut tenter l'histoire de la Bourse mais n'ose pas se lancer ?
Sandy Campart : Il faut d'abord apprendre à gérer ses émotions, ce qui passe par la mise en place d'ordres « stop ».  Il faut être conscient qu'il y a une asymétrie dans l'appréhension du risque, ce qui pousse les épargnants à faire l'inverse de ce qu'il faudrait. Ils ont tendance à empocher leurs gains trop rapidement et à laisser courir les pertes, dans l'espoir que le cours de l'action remonte. Cette hyperactivité joue contre eux.  Il faut au contraire considérer l'investissement en action comme un placement de long terme et laisser les plus-values courir. En achetant une action, vous pouvez perdre l'intégralité de votre mise dans le pire des scénarios mais le potentiel de gain, lui, est infini.  Ainsi, contrairement aux idées reçues l'investissement boursier n'est pas risqué, à condition que ce soit un investissement de long terme et bien diversifié.

Boursorama : Vous consacrez un chapitre aux bienfaits de la diversification : quelle serait l'allocation d'actifs idéale pour un profil équilibré, qui disposerait d'un patrimoine de 100.000 euros ?
Sandy Campart : Pour un profil équilibré, qui détiendrait déjà sa résidence principale, je conseillerais d'ouvrir un PEA ou un compte-titres et d'investir de manière échelonnée (sur une période de trois ans) et de conserver ses positions au moins huit ans. La clé étant la diversification, il faut investir dans des sociétés aux profils différents, et garder en tête qu'il suffit de 15 lignes différentes pour éliminer 95% du risque spécifique.

Dans cette optique, je conseille d'allouer entre 30 et 40% de votre patrimoine en actions/ ETF, et entre 30 et 40% dans des obligations (souveraines, entreprises, high yield) qui ont la réputation de mieux se comporter dans les phases d'aversion au risque. On peut aussi consacrer une petite partie de son capital (5 à 10%) à l'immobilier locatif via des SCPI ou des OPCI. Et enfin, on peut affecter une partie de son capital (30 à 40%) aux placement dits «alternatifs» qui permettent d'investir sur des devises, matières premières et n'importe quel sous-jacent (zone géographiques, volatilité.)  Bien sur, cela suppose de consacrer du temps à la gestion de son épargne. Si le temps manque, le mieux est de confier les clés de la gestion de son patrimoine en actions à un gérant qui réalisera des arbitrages pour votre compte.  C'est possible grâce aux contrats d'assurance-vie, qui outre les fonds en euros, permettent de profiter des opportunités qu'offrent les marchés actions sans être contraints de suivre ses positions une par une et au jour le jour.

Propos recueillis par Florentine Loiseau (redaction@boursorama.fr)

17 commentaires

  • 24 octobre 12:26

    Étonnant de conseiller d'acheter des actions quand les cours sont au plus haut ...


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