L'assouplissement de la politique monétaire des banques centrales ne constitue plus un sujet de préoccupation. Le mouvement est enclenché et il va se poursuivre. En annonçant, ce jeudi, une baisse de 25 points de base de ses taux directeurs - la troisième depuis l'été - la présidente de la BCE a clairement balisé le terrain. L'institut d'émission européen se situe sur la même ligne que la Fed qui avait procédé à une baisse de 50 points le 18 septembre dernier. Ce nouveau geste de la BCE confirme le caractère désormais « pro-business » de la politique monétaire. Fort de ce soutien, les investisseurs vont pouvoir se concentrer sur l'essentiel, à savoir la sélection des meilleures valeurs du moment en fonction de leurs performances opérationnelles.
Les premières annonces de résultats trimestriels par les sociétés européennes n'ont, a priori, pas été extraordinaires. LVMH, la première capitalisation boursière du marché parisien, a déçu en raison du recul de la demande en Chine. Le géant suisse de l'agroalimentaire Nestlé a de son côté abaissé ses objectifs annuels. Même chose pour le leader mondial des équipements pour l'industrie des semi-conducteurs, le néerlandais ASML. Ces déceptions, en ouverture de rideaux des publications du troisième trimestre, auraient pu avoir un effet désastreux. Les investisseurs, rassurés par la baisse des taux d'intérêt, se sont montrés plus confiants et ont décidé de juger sur pièce en fonction des performances de chaque société. Les bons résultats de Publicis ont ainsi été chaleureusement salués, tout comme l'annonce du maintien des objectifs annuels de Pernod Ricard, en dépit d'un recul des ventes en Chine. Un bon accueil a également été réservé au géant des équipements énergétiques suédois ABB qui a relevé ses prévisions de bénéfices annuels. Même chose pour Addidas ayant revu ses prévisions annuelles pour la troisième fois de l'année.
Nous continuons de maintenir une stratégie de diversification de nos portefeuilles.
Ce traitement au cas par cas, selon les annonces de résultats, ne suffit cependant pas à imprimer une tendance forte sur le marché. Il y a sans doute de nombreuses bonnes nouvelles à venir de la part de nos entreprises, mais les signes de plus en plus visibles de ralentissement de l'activité dans la zone euro risquent de refroidir les ardeurs acheteuses. Le contraste avec les Etats-Unis, où les ventes au détail constituant le principal moteur de la croissance sont ressorties en septembre au-dessus des attentes, fait toute la différence. Outre Atlantique, la consommation est portée par l'absence de signes de récession, la bonne tenue des salaires et la baisse du coût du crédit. A l'image de Boeing, des accidents sur le front des publications trimestrielles sont également à déplorer à Wall Street, mais dans l'ensemble les nouvelles sont bonnes, notamment dans les secteurs de la technologie et de la finance qui pèsent lourds dans les indices.
C'est la raison pour laquelle nous continuons de maintenir une stratégie de diversification de nos portefeuilles, avec une forte ouverture sur la Bourse de New-York. Cette semaine, nous avons une nouvelle fois renforcé des positions sur ETF Amundi PEA S&P 500, avec l'achat de 100 parts supplémentaires. Au total, nous disposons aujourd'hui de 150 parts de ce tracker assis sur les 500 plus importantes valeurs américaines. En ajoutant les 500 parts de l'ETF Amundi PEA Nasdaq 100 concentré sur les cents plus grosses sociétés technologiques américaines, les positions prises sur Wall Street représentent aujourd'hui près du tiers de la totalité de l'actif. Ce choix d'allocation, très agressif pour un portefeuille PEA normalement dédié aux seules valeurs européennes, se révèle gagnant : comme le montre le graphique ci-dessus, il conduit sur douze mois glissants à une progression de plus de 10% supérieure à celle du CAC 40. Nos plus importantes positions françaises se concentrent autour d'Air Liquide, Safran et Axa qui n'ont pas démérité ces derniers mois. Nos trois valeurs allemandes (Allianz, MTU Engines et Zalando) représentent plus de 10% de l'actif.
Cette semaine, nous avons une nouvelle fois renforcé des positions sur ETF Amundi PEA S&P 500, avec l’achat de 100 parts supplémentaires
Avec une hausse de 4%, le portefeuille Défensif, géré de façon plus traditionnelle, ne fait pas aussi bien. La part des valeurs de luxe (Hermès International, LVMH et L'Oréal) a été considérablement réduite dès cet été, mais elle reste toujours importante. Par ailleurs, l'ouverture de l'actif vers les Etats-Unis est plus faible. Par prudence, nous avons privilégié l'ETF Amundi PEA S&P 500 au détriment de celui indexé sur le Nasdaq sous-représenté, alors que ce tracker a bien mieux performé. La part réservée aux valeurs cycliques qui se sont bien comportées au cours de ces derniers mois est réduite, alors que celle dédiée aux liquidités reste élevée à 22% de l'actif.
Quelle stratégie pour les mois à venir ? Nos choix d'allocations, orientés vers une grande diversification de nos actifs sur plusieurs marchés à la fois, constitue une solution bien adaptée au contexte de marché actuel. Depuis quelques jours, les valeurs françaises ont tendance à vouloir rattraper une partie du retard accumulé par rapport au reste de la cote européenne, mais le contexte politique actuel est peu favorable. Le budget français jugé trop déséquilibré, en raison de la timidité des économies envisagées au regard des importantes hausses d'impôts qui pèsent sur les grandes entreprises, a de fortes chances d'inciter les investisseurs à conserver une certaine distance vis-à-vis de nos champions du CAC 40. Depuis le début de l'année, notre indice CAC 40 affiche un retard d'un peu plus de 9% sur l'indice Eurostoxx 50. Cette situation est tout à fait inhabituelle, mais elle s'explique par les faiblesses structurelles du pays plus tourné vers la dépense publique que vers la création de valeur et la productivité des entreprises. De nombreux analystes font opportunément remarquer que la baisse actuelle des taux directeurs de la BCE constitue un puissant stimulus pour les valeurs moyennes françaises épargnées par la hausse des prélèvements fiscaux. Avec une baisse de 13% de l'indice CAC Mid & Small, comparée à une hausse du même ordre pour le CAC 40, ces dernières paraissent en effet très faiblement valorisées. Il n'est toutefois pas sûr que cet argument soit suffisant pour inciter les détenteurs de capitaux à massivement revenir sur ce compartiment de la cote. Nous préférons donc continuer de rester à l'écart de la plupart de nos valeurs moyennes.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine
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