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Heurts au Liban entre forces de l'ordre et manifestants
information fournie par Reuters 19/10/2019 à 01:34

    par Ellen Francis et Alaa Kanaan
    BEYROUTH, 19 octobre (Reuters) - Les forces de sécurité
libanaises ont fait usage de gaz lacrymogène et ont mené la
charge pour disperser des contestataires vendredi à Beyrouth,
alors que des dizaines de milliers de personnes à travers le
pays ont manifesté pour demander la fin de l'élitisme politique.
    Des journalistes de Reuters ont constaté que des véhicules
et des officiers de la police anti-émeute ont encerclé des
manifestants, dans le quartier commerçant de la capitale, tirant
des balles en caoutchouc et des cartouches de gaz lacrymogène
pour les disperser.
    Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées et
arrêtées.
    Le Premier ministre Saad Hariri, qui a accusé ses
partenaires de gouvernement de bloquer ses réformes, a déclaré
que le Liban traversait une "période difficile, sans précédent",
alors qu'économistes et investisseurs ont prévenu que l'économie
du pays était proche de l'effondrement.
    Les manifestants ont afflué dans de nombreux villages et
villes du pays, dont Beyrouth, pour une deuxième journée
consécutive pour exprimer leur colère à l'encontre d'une élite
politique qu'ils accusent d'avoir pillé l'économie du pays. 
    Ils ont bloqué des routes et érigé des barricades de pneus
en flammes, n'épargnant aucun camp de leurs critiques.
    Ces rassemblements, le plus important mouvement de
contestation depuis une décennie, ont mêlé des Libanais de
toutes confessions et classes sociales qui réclamaient à
l'unisson la démission du gouvernement du sunnite Saad Hariri,
du président chrétien Michel Aoun ou encore du président chiite
du Parlement Nabih Berri.
    Fait sans précédent, des manifestants chiites ont attaqué
les permanences de leurs députés du puissant Hezbollah et du
mouvement Amal dans le Sud-Liban.
    Des rassemblements se sont formés aux abords de la résidence
de Michel Aoun à Baabda, dans les faubourgs de Beyrouth, et près
du Grand Sérail, siège du gouvernement dans la capitale
libanaise.
    A la tombée de la nuit, les manifestants ont scandé en
choeur: "Nous n'avons qu'une seule demande, nous n'avons qu'un
seul objectif: le peuple veut la chute du régime".
    Certains manifestants se sont évanouis lorsque les forces de
sécurité ont fait usage de gaz lacrymogène. 
    La Croix-Rouge a dit que son personnel avait soigné 160
personnes depuis jeudi soir.
    D'après les autorités, 52 policiers ont été blessés vendredi
et 70 personnes ont été arrêtées.
    
    HARIRI FIXE UN ULTIMATUM
    "Nous sommes descendus dans la rue parce qu'on ne peut plus
supporter cette situation. Ce régime est totalement corrompu", a
dit Fadi Issa, un Libanais de 51 ans venu manifester avec son
fils. "Ce sont tous des voleurs, ils viennent au gouvernement
pour se remplir les poches, pas pour servir le pays."
    "Nous ne voulons pas seulement leur démission. Nous voulons
qu'ils rendent des comptes. Ils devraient rendre tout l'argent
qu'ils ont volé. Nous voulons le changement", a-t-il ajouté.
    Cette explosion de colère est le fruit d'un mécontentement
croissant face à l'inflation et à la hausse du coût de la vie,
aggravé par l'annonce de nouveaux impôts, notamment la création
d'une taxe sur les appels passés par l'application WhatsApp.
    Economistes, investisseurs et agences de notation ont
récemment multiplié les avertissements. A leurs yeux, le pays
n'a jamais été aussi proche d'un effondrement économique depuis
la fin de la guerre en 1990 en raison de son endettement et
d'une corruption endémique. 
    La France, qui a accueilli en avril 2018 une conférence sur
le sujet, a prôné vendredi "la mise en oeuvre effective des
décisions prises" à cette occasion.
    "Il s'agit de permettre, à travers la mise en place des
réformes attendues et le financement des projets identifiés, le
rétablissement de l'économie libanaise et la fourniture des
services publics par l'Etat, au bénéfice direct de tous les
Libanais", déclare le Quai d'Orsay dans un communiqué.
    Cette contestation, qui a débuté jeudi soir avec des
affrontements entre manifestants et forces de l'ordre dans le
centre de Beyrouth, a contraint Saad Hariri à annuler une
réunion ministérielle prévue vendredi sur le budget de 2020.
    Le gouvernement, au sein duquel sont représentées les
principales formations du pays, a déjà fait marche arrière sur
son projet de taxe sur les appels WhatsApp.
    Dans une allocution télévisée vendredi, Saad Hariri a accusé
ses "partenaires de gouvernement", qu'il n'a pas désignés, de
bloquer ses réformes. Il leur a donné 72 heures pour montrer
leur volonté de sortir du blocage actuel faute de quoi il
adoptera une approche différente, a-t-il menacé.

 (avec Samia Nakhoul, Imad Creidi, Yara Abi Nader, Tom Perry,
Suleiman al-Khalidi et Laïla Bassam; Bertrand Boucey et Jean
Terzian pour le service français)
 

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