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« Hausse des droits d'inscription dans l'enseignement supérieur : doit-on s'y opposer ? » par André Cartapanis du Cercle des économistes
information fournie par Boursorama 12/05/2014 à 13:00

En France, un étudiant doit débourser 183 euros en droits d'inscriptions pour une licence.

En France, un étudiant doit débourser 183 euros en droits d'inscriptions pour une licence.

Suivre des études coûte-t-il trop cher en France ? La question revient souvent dans l’actualité. Pour tenter d’y voir plus clair dans ce débat, André Cartapanis pèse le pour et le contre, arguments à l’appui.

En France, les droits d’inscription à l’université restent particulièrement bas : 183 euros en licence, 254 euros en master, 388 euros pour la préparation d’un doctorat. Certains Etablissements ont cependant augmenté significativement leurs droits : de 850 à 1.850 euros pour les ingénieurs de Mines-Télécom ; de l’ordre de 4.000 euros pour certains masters à l’université Paris-Dauphine… Ces hausses répondent aux besoins de financements croissants liés à l’intensification de la concurrence mondiale entre les universités, aux besoins en équipements de recherche, à l’exigence d’internationalisation des cursus. Or l’Etat n’a pas les moyens d’accroître significativement ses dotations. D’où l’impératif d’une diversification des ressources, du côté des entreprises mais aussi des étudiants sous la forme d’une hausse de leurs contributions.

Cela soulève de nombreuses oppositions. Pourquoi ? Le premier argument est celui de la sélection par l’argent . Mais on peut conditionner la hausse des droits d’inscription à la multiplication et à l’augmentation des bourses, sur critères sociaux et de mérite. Comme l’a fait Sciences Po Paris, on peut aussi moduler les droits en fonction des revenus des familles. Mais surtout, contrairement aux idées-reçues, le maintien des droits à des taux très bas n’a pas garanti l’égalité d’accès aux filières d’excellence. La pénurie de ressources financières hypothèque la qualité moyenne de l’enseignement supérieur au détriment, d’abord, des milieux défavorisés dont les enfants ne peuvent pas compléter leur formation, en France ou à l’étranger, dans des cursus d’excellence d’accès très onéreux, ce que font les étudiants issus de milieux plus favorisés.

Le second argument tient au changement de logique qu’impliquerait une libéralisation de la fixation des droits d’inscription et une hausse de leur niveau . A en croire certains, cela généraliserait la concurrence entre les Etablissements d’enseignement supérieur, certains fixant leurs droits à des niveaux élevés grâce leur réputation, à la qualité de leurs professeurs ou de leur recherche, tandis que d’autres seraient acculés à des droits beaucoup plus bas en offrant des formations moins prestigieuses, accueillant ainsi, par défaut, les étudiants les moins fortunés ou n’ayant pas accès aux bourses. D’où la fin des diplômes nationaux, la hiérarchisation des universités, l’enracinement des inégalités d’accès à l’enseignement supérieur…

On ne saurait se contenter du statu quo et de la paupérisation de l’enseignement supérieur français. Il appartient à l’Etat de maîtriser les effets pervers éventuels d’une hausse des droits en jouant un rôle de régulation et de péréquation de ces moyens financiers supplémentaires , en conservant la certification nationale des diplômes. En un mot : en fixant des règles de nature à éviter un enseignement supérieur à deux vitesses.

André Cartapanis

André Cartapanis est professeur à Sciences Po Aix. Membre du Cercle des économistes, il est chercheur au GREDEG (CNRS et Université de Nice-Sophia Antipolis) et au CHERPA (Sciences Po Aix). Il est également expert auprès de l’Agence Nationale de la Recherche et de l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur. Il a été Doyen de la Faculté des Sciences Economiques d’Aix-Marseille et Président de l’Association Française de Science Economique.

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .

11 commentaires

  • 14 mai 15:10

    cour des comptes, pardon!


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