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Grèce : « Je vois mal Syriza faire des erreurs très graves » (C. Constantinidis)
information fournie par Boursorama 26/01/2015 à 19:15

Le choix de la gauche radicale en Grèce est une première à l'échelle de l'Union européenne.

Le choix de la gauche radicale en Grèce est une première à l'échelle de l'Union européenne.

L’arrivée de la gauche radicale au pouvoir en Grèce suscite beaucoup de questions. Pour Constantin Constantinidis, entrepreneur et ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-hellénique, le bouleversement politique et économique devrait rester limité.

Quelle a été en Grèce la réaction suscitée par la victoire de Syriza aux élections ?

C.C. : Cette victoire n'est pas une surprise, même si 13% des électeurs se seraient décidés le jour-même du scrutin. En Grèce, l’annonce des résultats a déclenché des scènes de liesse populaire parfois comparables à celles de 1974 lorsque le pays avait connu la chute de la dictature des Colonels. Pour beaucoup, c’est la fin de l’austérité qui a été vécue comme une véritable humiliation infligée par l’Allemagne.

Syriza n’a pas obtenu la majorité absolue au Parlement. Avec quels partis une coalition est-elle envisageable ?

C.C. : Le parti le plus probable pour une coalition sera l’AN.EL., le parti des Grecs indépendants. C’est un parti qui provient d’une scission de la Nouvelle Démocratie. Ce sont les seuls dont le programme anti-austérité serait en accord avec celui de Syriza. Néanmoins c’est un parti de droite très conservateur qui, par exemple, ne veut pas de séparation de l’Eglise et de l’Etat et a une position très arrêtée sur la question de la « Macédoine » qui pose toujours des problèmes diplomatiques. Ils ont donc tout de même des positions très différentes de Syriza sur certains points clés. Autre possibilité, le parti « To Potami » [La Rivière] pourrait apporter son soutien tacite à Syriza. C’est une formation encore récente, qui se situe plutôt au centre gauche ».

On parle beaucoup du projet de rééchelonnement ou d’effacement partiel de la dette du pays. Cela semble-t-il envisageable ?

C.C. : Les discussions sont possibles. Un éventuel rééchelonnement ne devrait en tout cas pas concerner la dette contractée auprès du FMI. Une chose est sûre : la dette atteint 177% du PIB et ce n’est pas viable. Dans les accords de la Troïka, il est prévu que la dette retourne à 120% du PIB d’ici 2022, ce qui semble peu probable en l’état actuel. Si un rééchelonnement de la dette devait avoir lieu, cela concernerait surtout la dette possédée indirectement par les autres Etats européens et non la dette contractée auprès du FMI.

Que peut-on attendre du nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras ? Est-ce l’espoir d’un vrai changement politique en Grèce ou plutôt le risque d’une déception politique ?

C.C. : La situation est assez délicate. Au sein du parti, il y a des éléments contestataires radicaux peu enclins au dialogue. Néanmoins, l’équipe économique comporte des éléments assez sérieux et assez responsables. Par ailleurs, Syriza n’est pas un parti isolé. Les prises de contacts ont déjà été faites entre le parti et le monde des affaires. De manière générale, je vois mal Syriza faire des erreurs très graves. Mais en politique, tout est possible.

Il ne devrait pas y avoir de clash politique avec l’Allemagne même si Tsipras a dit que Merkel est seulement pour lui « l’un des vingt-huit dirigeants de l’UE ». Des contacts ont déjà été pris par Syriza avec des diplomates étrangers pour commencer à discuter. À titre d’exemple, Martin Schulz, le Président du Parlement européen, a envoyé ses félicitations à Tsipras. On dit que Schulz pourrait jouer un rôle d’intermédiaire entre le gouvernement grec et le gouvernement allemand, notamment pour discuter d’une éventuelle restructuration de la dette.

Concernant le SMIC, si une augmentation est décidée, elle devrait être graduelle pour revenir de 580 euros bruts à 750 euros. Cela risque toutefois d’être difficile à mettre en place car cela coûterait beaucoup à l’Etat.

La victoire de Syriza ne risque-t-elle pas d’être fragilisée par la nouvelle élection présidentielle qui pourrait conduire à une nouvelle dissolution du Parlement comme en décembre dernier ?

C.C. : Le scrutin présidentiel sera plus facile cette fois. Lors de l’élection de décembre, il fallait 200 voix sur 300 au premier tour, ce seuil étant abaissé à 180 voix aux deux tours suivants. Ces seuils n'avaient pas été atteints. Pour la seconde élection à venir, il faudra 180 voix au premier tour, ce qui pourrait ne pas être atteint, et seulement 151 au deuxième tour, correspondant à la majorité absolue. Si ça ne passe toujours pas, le Président sera élu au troisième tour à la majorité simple.

En tant qu’entrepreneur, l’élection de ce nouveau gouvernement change-t-elle quelque chose pour vous ?

C.C. : Ça ne change pas grand-chose à court terme. Il faudra voir à plus long terme si cela va créer plus ou moins de confiance en fonction des résultats économiques qui seront obtenus.

Propos recueillis par Xavier Bargue

Enthousiasme modéré chez certains étudiants

Chez les étudiants, l’enthousiasme autour de Syriza n’est pas partagé par tout le monde. Anestis Alexandridis, étudiant grec en France, nous confiait ainsi : « je ne suis pas fan de Syriza. Ils ont été élus grâce à des promesses qu’ils ne pourront pas forcément tenir ». Pour lui, l’Europe restera maître du jeu politique en Grèce : « On n’est pas indépendants économiquement et financièrement. Syriza va devoir suivre les instructions de l’UE ». L’étudiant souligne néanmoins que « la plupart des étudiants supportent Syriza car Tsipras est jeune. Ils veulent enlever du Parlement l’ancienne génération ».

« Je ne sais pas si Tsipras aura la carrure pour gouverner. Il a gaspillé de l’énergie pour gagner les élections plus que pour trouver des solutions. À la base, il parlait de l’origine des problèmes en Grèce : tout le monde les connaissait et tout le monde était d’accord. C’est comme ça que les gens ont commencé à voter pour lui, alors même qu’il ne présentait pas de solutions. En plus, Syriza est super hétéroclite. Ils n’ont pas une idéologie, c’est un mélange d’idéologies différentes ».

L’étudiant ajoute également : « Je suis vraiment, vraiment déçu d’Aube Dorée qui arrive en troisième place. C’est l’une des plus grandes défaillances du peuple grec. Ça restera le troisième parti au Parlement ».

Le parti Syriza devrait obtenir 149 des 300 sièges du Parlement. La majorité absolue se situe à 151 sièges.

Le parti Syriza devrait obtenir 149 des 300 sièges du Parlement. La majorité absolue se situe à 151 sièges.

12 commentaires

  • 27 janvier 15:54

    Je propose qu'on arrête de payer pour la Corse, qui nous coûte un bras, et qu'on paie pour les iles grecques qui nous coûteront seulement un doigt....


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